La Presse Bisontine 117 - Janvier 2011

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Bisontine n° 117 - Janvier 2011

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CULTURE

Corinne Lapp-Dahoui “J’ai depuis longtemps fermé mes oreilles aux critiques”

La question que je pose est : est-ce que l’on veut oui ou non un centre d’art contemporain à Besançon ? Si c’est non, je saurai en tirer les conséquences. L.P.B. : L’avenir du Pavé est menacé ? C.L.-D. : Oui, nous sommes menacés ! Le Pavé est un des 46 centres d’art contemporain français. Ce que l’on demande, ce sont surtout des prises de conscience de la part des collecti- vités dans une période économique instable. Un centre d’art doit être sou- tenu. Il y a de gros efforts à faire à Besançon. En 16 ans, nous avons prou- vé qu’on savait faire les choses et qu’on les fait bien. Je souhaite que l’on ouvre une discussion sur la place de l’art contemporain en Franche-Comté. Nantes a bâti son image sur la créa- tion contemporaine. La biennale de l’Estuaire draine des milliers de per- sonnes. On peut légitimement se poser la question de savoir si l’art ne peut pas être un élément attractif pour un territoire. L.P.B. : La Ville de Besançon ne serait pas suf- fisamment attentive au Pavé qui pourtant par- ticipe à sa promotion à l’étranger. Néanmoins, la municipalité a augmenté le montant de la subvention qui vous est destinée. N’est-ce pas suffisant ? C.L.-D. : Il y a un retard à combler. Nous disposons de 90 m 2 d’exposition. On aurait besoin d’une vraie implanta- tion, d’un lieu pour identifier le Centre d’art contemporain. Nous travaillons beaucoup à l’étranger et en particu- lier en Chine cette année, un pays avec lequel nous avons mis en place des échanges d’artistes. Nous avons fait des résidences aux États-Unis en Uru- guay, au Canada. Notre action contri- bue aussi au rayonnement de Besan- çon et de la Région à l’extérieur. L.P.B. : Comment réagissez-vous aux critiques de ceux qui estiment que le fait que votre mari Yves-Michel Dahoui soit adjoint à la culture à la ville de Besançon, est source d’ambiguïté avec le Pavé ? C.L.-D. : J’ai depuis longtemps fermé mes oreilles à ce genre de critiques. Je comprends qu’il y ait une polémique. Mais je demande aux gens qui l’entretiennent de venir voir comment nous fonctionnons. Qu’ils viennent se rendre compte de la manière dont on travaille, qu’ils puissent juger sur pièces. Propos recueillis par T.C.

L a Presse Bisontine : Le Pavé dans la Mare a depuis longtemps développé un mécénat original avec des entreprises locales. Quel est-il ? Corinne Lapp-Dahoui : Nous sommes un centre d’art contemporain. Notre rôle est de promouvoir des artistes mais aussi de les aider dans une démarche de production d’œuvres. Ce que le public voit du Pavé dans la Mare, ce sont les expositions, mais il y a tout un travail de mécénat que l’on développe avec des entreprises locales. Mon rôle est de mettre l’artiste en relation avec une entreprise qui va pouvoir l’aider dans la fabrication de son œuvre. Il faut trouver le bon artiste qui s’accorde avec la bonne entreprise. Sur deux ans, une quinzaine d’artistes ont travaillé dans des entreprises. L.P.B. : Tout un travail a été réalisé avec l’entreprise bisontine Mantion en particulier qui a accueilli Nicolas Floc’h. Au-delà de la démarche de mécénat, le fait que l’artiste s’installe en résidence dans une entreprise modifie-t-il le comportement des salariés ? C.L.-D. : Il est venu avec un projet exi- geant. Il a été présent de façon régu- lière dans l’entreprise. Le résultat, c’est que cette coopération a révélé des personnalités et une forme de cohé- sion dans l’entreprise. L.P.B. : La France est très en retard sur le prin- cipe de mécénat, contrairement à des pays comme la Suisse. Quel est le problème ? C.L.-D. : En Suisse, c’est le privé qui finance l’art. Il y a des fondations par exemple. Dans les pays du nord, les entreprises sont aussi très présentes. En France, elles ont encore une de La directrice du centre d’art contemporain le Pavé dans la Mare revient sur les difficultés auxquelles est confrontée cette structure. Les attentes sont fortes pour que les collectivités s’intéressent de plus près à la valorisation de l’art contemporain.

Corinne Lapp-Dahoui est fière qu’une œuvre du Pavé dans la Mare signée Nicolas Floc’h soit exposée au Pavillon de la France à Shanghai.

une entreprise avec un budget. Nous ne sommes pas des artistes, mais des professionnels de l’art, des managers . Nous sommes intégrés dans la réali- té économique. Mais notre rôle est d’apporter une touche de rêve dans l’univers qui nous entoure. L.P.B. : Cela ne doit pas être forcément facile d’entrer dans une entreprise quand on se pré- sente en tant que centre d’art contemporain à la recherche de mécènes. Comment réagis- sent vos interlocuteurs ? C.L.-D. : L’argument le plus fréquent c’est “je n’ai pas le temps.” J’ai rare- ment essuyé un “non” ferme et défi- nitif. J’ai eu assez peu d’échecs. Ce qu’il faut, c’est que le chef d’entreprise soit convaincu par le projet qui va deman- der un investissement de sa part. L.P.B. : L’entreprise ne met pas seulement son outil de production à disposition de l’artiste mais elle vous verse également une contri- bution financière. Quelle est la part du mécé- nat dans votre budget ? C.L.-D. : Un tiers du budget provient du mécénat, un tiers des subventions publiques (État, Ville de Besançon (6

crainte vis-à-vis de l’art contemporain. Je ne parle pas des grands groupes qui ont compris ce que l’art pouvait leur rapporter. Les choses ont tendance à changer depuis 2004, date de la loi de défiscalisation sur le mécénat. Cepen- dant, c’est moins une question de défis- calisation que de sensibilité qui pous- se les entrepreneurs à s’engager. Depuis trois ans, je les trouve de plus en plus sensibles. Cela est peut-être lié à la crise. Nous sommes sortis du sponso-

à 7 % du budget), Conseil général et Conseil régional) et un tiers de pres- tations de service telles que la vente d’œuvres. Je rappelle qu’en 2001-2002, nous vivions à 90 % sur les subven- tions. Nous sommes assez en avance car nous avons pris conscience depuis longtemps que nous devions aller à la recherche de fonds privés. L.P.B. : Dans un contexte de réduction bud- gétaire, comment appréhendez-vous l’année 2011 ? C.L.-D. : Aujourd’hui, le Pavé, c’est 600 000 euros de budget dont 250 000 pour la production d’œuvres. Pour 2011, il va nous manquer de l’argent. L’enjeu est de continuer le mécénat et de struc- ture la vente d’œuvres pour dégager de la trésorerie. L.P.B. : Vous espérez un soutien supplémen- taire des collectivités ? C.L.-D. : Le Pavé a aussi un rôle péda- gogique. On fait un travail d’intérêt général quand on fait connaître l’art dans les écoles. La structure emploie cinq personnes, dont deux emplois aidés qui ne le seront plus en février 2011.

ring sportif, et les entreprises cherchent à se démarquer par des voies différentes. L’art en est une. L.P.B. : Ne passez-vous pas pour de doux rêveurs par- fois aux yeux des indus- triels que vous contactez ? C.L.-D. : Ce qui est incroyable en France, c’est qu’il faille se battre encore pour fai- re admettre que l’art est un vrai métier. Le Pavé dans la Mare est

“600 000 euros de budget.”

A

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