La Presse Bisontine 117 - Janvier 2011

ÉCONOMIE

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La Presse Bisontine n° 117 - Janvier 2011

B.T.P.

Une baisse d’activité de 2,1%

Le secteur du bâtiment est sous pression

Le coup de l’élastique Les résultats définitifs de lʼenquête F.F.B. indiquent quʼau global, entre 2009 et 2010, les délais clients augmentent de 2,3 jours de chiffre dʼaffaires et les délais fournisseurs se contractent de 2,2 jours de chiffre. Par consé- quent, le besoin en fonds de rou- lement des entreprises de bâti- ment généré par les évolutions de délais de paiement atteindrait 4,5 jours de chiffre dʼaffaires en 2010, après 1,2 jour en 2009… Cette dégradation est due en grande partie à la loi L.M.E. et au fameux délai maximal de paie- ment introduit dans le code de commerce.

Serge Faivre-Pierret, le président de la Fédération Régionale du Bâtiment, dresse un bilan de l’année 2010 plutôt morose. Interview.

L a Presse Bisontine : Quelle ana- lyse peut-on tirer de l’année écoulée ? Serge Faivre-Pierret : Le volume d’activité représente une enve- loppe de 2 milliards d’euros. Soit une baisse de 2,1 % par rapport à l’année 2009. On a donc per- du 10 % depuis 2008. Objecti- vement, le bâtiment galère. On est sous pression même si les pouvoirs publics tentent d’inverser cette tendance bais- sière avec par exemple les prêts à taux zéro. Il ne faut pas oublier que derrière le secteur du bâti- ment comtois se joue l’avenir de 19 000 personnes. L.P.B. : Comment expliquer ces diffi- cultés récurrentes ? S F.-P. : On subit encore les réper- cussions indirectes de la crise.

Les entreprises et les commer- çants ont préféré reporter d’éventuels projets d’extension. Chacun peut constater cette contraction des investissements à tous les niveaux. Les entre- prises du bâtiment sont confron- tées à des problèmes de tréso- rerie très tendus. La concurrence

preneurs et les artisans à régler les fournisseurs de plus en plus vite. En deux ans, on a perdu pratiquement 5 jours de délai de paiement en intégrant le fait que les clients mettent eux de plus en plus de temps à nous régler. C’est terrible et assez injuste car il n’y a pas de loi pour nous aider à faire rentrer plus rapidement l’argent que nous doivent les clients. On a reçu un vrai coup de couteau dans le dos. Jusqu’à présent, on arrivait toujours à jongler avec nos fournisseurs. Maintenant, c’est terminé. L.P.B. : Vous bénéficiez toujours de la T.V.A à 5,5 % ! S F.-P. : Heureusement car si elle repassait à 19,6 %, on pourrait craindre une perte d’activité de

s’amplifie et devient de plus en plus exacer- bée. L’autre fac- teur aggravant est lié à la loi L.M.E. (Loi de Modernisation de l’Économie). L.P.B. : Pouvez-vous nous en dire plus ? S F.-P. : Cette loi oblige les entre-

“Le secteur du bâtiment est parvenu à maintenir la tête hors de l’eau en 2010”, indique Serge Faivre-Pierret, le président de la Fédération Régionale du Bâtiment.

“On craint une année 2011 très difficile.”

l’ordre de 25 à 30 %. On assis- te depuis quelques mois à un léger redressement des com- mandes. L.P.B. : Avec 180 millions d’euros d’investissements soutenus grâce au plan de relance professionnel, le bilan semble plutôt encourageant, non ? S F.-P. : On est dans un secteur convalescent. Ce plan de relan- ce a permis au bâtiment demain- tenir la tête hors de l’eau. On craint une année 2011 très dif- ficile. Aujourd’hui, on est sur des plans de charge à 3, 4 voi- re 5 mois. C’est inquiétant. En temps normal, on a plutôt 6 à 7 mois de travaux programmés sur les carnets de commandes. L.P.B. : Que suggérez-vous pour inver- ser la tendance ? S F.-P. : La meilleure chose qui puisse nous arriver, c’est de retrouver un climat de confian- ce. L’action des pouvoirs publics permet juste de limiter la cas- se. Il faut que l’État continue à

trouver des solutions. On cour- be le dos avec l’espoir d’une repri- se en 2012. L.P.B. : Quelles actions menez-vous ? S F.-P. : Avec la C.A.P.E.B., on fait toujours pression auprès de l’État. Je ne veux pas dresser un schéma qui tombe dans la sinistrose mais l’inquiétude pré- domine. Au niveau de la Fédé- ration, on considère que les pro- fessionnels du bâtiment subissent toujours une concur- rence déloyale vis-à-vis des auto- entrepreneurs. Ce dispositif offi- cialise une partie du travail clandestin. Il n’est régi par aucun contrôle. Ces gens ne sont pas du tout soumis aux mêmes contraintes que nous. C’est une concurrence qui arrive au plus mauvais moment. À mon sens, les pouvoirs publics se sont trom- pés. Ils n’ont pas mesuré la por- tée de ce statut. C’est un miroir aux alouettes, une anomalie dans le contexte actuel. Propos receuillis F.C.

TRANSPORT L’aérodrome des patrons La Vèze rime avec affaires Destiné au tourisme d’affaires, l’aérodrome de La Vèze a connu une baisse d’activité de 7 % en raison de la crise en 2009. Le site géré par la C.C.I. du Doubs n’a pas vocation à se développer dans le tourisme, contrairement à Dole. J amais un Airbus transportant des touristes ne se posera sur le tarmac ou décollera de l’aérodrome de La

Laurent Couret,

Vèze, le seul doté d’une piste goudronnée longue de 1 400 mètres dans la périphérie bisontine. Sa vocation est d’offrir aux grands chefs d’entreprise bisontins la possibilité de se déplacer rapidement en France ou à l’étranger, pas de développer des liaisons vers le soleil comme le fait Dole (lire par ailleurs). Seuls des avions dont la capaci- té n’excède pas les 50 passagers sont auto- risés à décoller ou atterrir. “La Vèze ne peut se développer que dans le tourisme d’affaires. L’aérodrome a été construit pour cela” rap- pelle son directeur Laurent Couret. En 2009, les vols commerciaux ont connu une baisse sensible. Une raison à cela : “La crise économique” , dit le directeur, préci- sant que 10 500 mouvements (décollages ou atterrissages) ont été enregistrés en 2009 contre 12 000 en 2008.Même l’aviation de loisirs a enregistré une baisse avec 8 500 mouvements à l’année. Géré par la Chambre de commerce et d’industrie du Doubs (C.C.I.), l’aérodrome accueille régulièrement les responsables de l’entreprise horlogère Breitling (basée

directeur de l’aérodrome de La Vèze explique que cet aérodro- me n’a pas la même voca- tion que celui de Dole Jura.

Tourisme Lʼaéroport de Dole face à Dijon Nice et Munich depuis Dole Après Nice, l’aéroport Dole Jura lance une ligne régulière vers Munich à partir du 9 janvier. Trois vols hebdomadaires permettront de rejoindre la Bavière en 40 minutes. Depuis le 24 novembre dernier, les Francs-Comtois peuvent rejoindre Nice depuis lʼaéroport de Dole grâce à deux vols heb- domadaires - les jeudis et dimanches - à partir de 89 euros lʼaller simple. Pour les Jurassiens et les Bisontins, la fameuse prome- nade des Anglais nʼa jamais été aussi proche… tout comme la Bavière puisque dʼici le 9 janvier, trois vols hebdomadaires vers Munich - en 40 minutes - seront lancés les lundis, mercredis et vendredis, sur un créneau horaire compatible avec les connexions aériennes de Munich. “Cette liaison vers Munich est une ouver- ture sur le marché allemand mais c’est aussi une connexion direc- te avec l’international, car Munich est le siège européen du Team Lufthansa permettant de rejoindre des lignes internationales” explique lʼaéroport de Dole Jura géré par Kéolis et la C.C.I. du Jura dans le cadre dʼune délégation de service public attribuée pour 10 ans par le Conseil général du Jura. Dole tente de sʼimposer face à Dijon-Bourgogne… qui propose des offres quasi similaires. À moins de 100 km, la concurrence sʼannonce rude. Ces liaisons complètent lʼoffre de vols vacances - Monténégro, Crète, Sénégal en 2010 - et vers Djerba lancés chaque vendre- di, dʼavril à novembre 2010, et qui seront renouvelés en 2011 avec le Tour-opérateur Mondoterra et la compagnie Sevenair. Les Bisontins profitent donc dʼun aéroport ouvert au national à moins dʼune heure. Renseignements : www.aeroportfranchecomte.com

à Besançon) ou encore Antonio Martinez, le directeur France de la firme Festina - également installée à Besançon - qui mul- tiplie les allers-retours. En mars 2010, lors de sa visite à Morteau et Pontarlier, le Falcon 50 floqué du dra- peau bleu-blanc-rouge de la République avait déposé le président Nicolas Sarkozy sur les hauteurs de Besançon. Plus sou- vent, un chef d’entreprise d’Ornans utili-

se la piste ouverte tous les jours, même le week-end, ou encore Louis Nicollin, le diri- geant du groupe du même nom spécialisé dans le ramassage des déchets ménagers. Quatre personnes gèrent et permettent au site de fonctionner. Depuis la tour de contrô- le, un agent A.F.I.S. (Aerodrome Flight Information Service) assure le service d’information et d’alerte dans sa zone de compétence du contrôle, allant de la piste d’atterrissage à l’espace aérien immédia- tement adjacent à la piste, en étant en lien avec le pilote de l’appareil. À l’inverse de son cousin l’aérodrome de Courcelles-lès-Montbéliard qui accueille plusieurs fois par mois les avions des équipes de football venant affronter le F.C. Sochaux- Montbéliard ou des avions livrant des pièces pour les usines Peugeot, La Vèze n’a que très peu de voyages liés aux événements sportifs depuis la disparition du Besançon Basket Comté Doubs (B.B.C.D.). Ponc- tuellement, il arrive qu’une équipe de foot- ball demande l’autorisation de se poser : ce fut le cas en 2009 pour l’Olympique de Marseille venu affronter le Besançon Racing Club (B.R.C.) lors d’un match des 32 èmes de finale de la Coupe de France. Un service public à destination des grandes entreprises, telle est la raison d’être de La Vèze. E.Ch.

L’agent informe les pilotes depuis

la tour de contrôle.

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