La Presse Bisontine 117 - Janvier 2011
LE GRAND BESANÇON
La Presse Bisontine n° 117 - Janvier 2011
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SAÔNE
Automobiliste agressée Car-jacking sur la Départementale Peu avant l’aire d’accueil des gens du voyage, une habitante de Mamirolle est stoppée par un jeune homme qui frappe sa voiture avec un bâton. Il l’extirpe, démarre puis s’arrête. Le phénomène “car-jacking” à Besançon.
L e samedi 6 novembre vers 13 heures, Monique (1), âgée de 38 ans, circulait sur la route dépar- tementale reliant Mamirolle à Saône. Elle est victime d’un “car-jacking”, la piraterie routière. Un mois après les faits et après avoir déposé plainte contre X auprès du procureur de la République de Besançon, l’automobiliste a bien voulu revenir sur ce fait divers qui a laissé des traces physiques et psychologiques, tout en gardant son anonymat. Entretien. La Presse Bisontine : Racontez-nous où l’agression a eu lieu et son déroulement ? Monique : C’était vers le campement des gens du voyage, avant le village de Saône. Un jeune a surgi juste avant le sommet de la côte, et a violemment frappé mon véhicule avec un bâton à mon passage. Je me suis arrêtée un peu plus loin, face à l’entrée du camp des gens du voyage pour connaître son nom et tâcher de trouver ses parents. Je suis sortie de mon véhicule pour attendre le jeune, en laissant le moteur tourner. Le garçon - environ 15 ans - m’a alors empoignée et jetée à terre, ce qui m’a provoqué une entorse du genou. Il est monté dans ma voiture, a passé une vitesse et roulé 5 mètres en avant, finissant dans le fossé. Puis
tie. Je suis allée à la gendarmerie de Bouclans où j’ai porté plainte, puis chez le médecin. Celui-ci a constaté une entorse du genou et a rédigé un certificat médical avec un jour d’interruption temporaire de travail. L.P.B. : Voilà un mois que vous avez victime de cette agression. Comment allez-vous ? Quelles sont les suites ? M. : J’ai été choquée, blessée, et mon véhicule est endommagé. J’ai signalé à la gendarmerie que je pourrais recon- naître mon agresseur, mais je n’ai eu aucun contact pour ce faire depuis (N.D.L.R. : au 6 décembre). L.P.B. :Vous avez donc décidé d’aller plus loin ? M. : Compte tenu de la gravité de ces faits, j’ai sollicité le procureur de la République en portant plainte contre X. L.P.B. : N’avez-vous pourtant pas donné de descriptions précises de votre agresseur pour que celui-ci soit interpellé ? M. : Je ne comprends pas pourquoi il n’y a pas eu d’intervention de la gendarmerie (2). J’ai signalé que j’étais prête à aller avec eux pour iden-
il a reculé vers moi alors que j’étais par terre. La voiture s’est finalement immobilisée un mètre devant moi, je ne sais pas pourquoi. L.P.B. : Que s’est-il passé ensuite ? M. : Il a pu caler ou décider de s’arrêter car d’autres jeunes sont sortis du camp et lui ont demandé de s’arrêter. Il est alors descendu de ma voiture puis est retourné dans le camp tout enmemena- çant et en jetant des cailloux contre ma voiture. L.P.B. : Vous auriez pu remonter dans votre véhicule et partir… M. : J’ai demandé à parler à un adul- te responsable mais personne ne s’est manifesté. Seul un jeune d’environ 20 ans qui a déclaré n’être pas du camp
C’est sur cette route que l’habitante de Mamirolle a été agressée.
tifier le jeune agresseur. Il y avait ses empreintes sur mon volant, mon levier de vitesse et l’autoradio. Le jeune aurait pu être accusé d’agression sur la voie publique, coup et blessures sans inten- tion d’en donner, et tentative de vol de véhicule sans permis de conduire. J’en viens à me demander s’il n’y a pas des instructions gouvernementales pour ne pas instruire les agressions contre les petites gens pour laisser monter un sentiment d’insécurité et d’impunité, afin d’en faire en enjeu de campagne
électorale. Je suis également en colè- re, pas contre les gens du voyage en général, mais contre la communauté précise de Saône, où aucun adulte n’assume la responsabilité des actes délictueux de leurs enfants.
Propos recueillis par E.Ch.
1 - Le prénom a été changé. 2 - À l’heure où nous bouclions ces lignes, la gendarmerie n’avait pas donné sui- te à nos questions.
a voulu me parler, pour me dire d’excuser le jeu- ne car il s’était fait “engueuler par son père.” Un autre adulte qui a vu les faits - une fem- me d’environ 30 ans - n’a fait que répéter “par- tez.” L.P.B. : C’est donc ce que vous avez fait. M. : Oui, je suis repar-
“En colère contre la communauté de Saône.”
SÉCURITÉ
Vidéoprotection, le débat est lancé
Saône réfléchit à
la vidéoprotection
R assurez-vous, personne ne vous épie lorsque vous achetez votre pain dans l’une des deux boulan- geries du centre de Saône, et aucune caméra ne vous filme en sortant de la crèche avec votre petit dernier à la main. Pour l’heure, Saône n’a pas de caméras de vidéoprotec- tion devant la place de lamai- rie ou à proximité de la crèche ou encore vers le plateau spor- tif regroupant terrains de foot- ball et de tennis. Si elle n’est pas dotée de ce genre de service “high-tech”, la municipalité a toutefois reçu - le mercredi 8 décembre un gendarme de la brigade de Besançon spécialement recru- surveiller les rues ou les lieux publics serait utile ou non. Plusieurs enjeux : le prix, l’efficacité, la liberté. La municipalité écoute la gendarmerie pour savoir si installer des caméras pour
té pour informer et équiper les communes de Franche- Comté en caméras. Ce der- nier se nomme le référent sécurité. “C’est la gendarme- rie qui nous a envoyé un cour- rier faisant savoir qu’elle met- tait une personne à disposition des communes pour répondre aux questions liées aux camé- ras. Nous avons répondu posi- tivement mais cela ne veut pas dire que nous placerons des caméras de vidéoprotection. Nous prenons simplement des informations” précise Alain Viennet, maire de Saône. L’édile sait le sujet sensible. À Besançon par exemple, le débat sur l’installation de caméras fait rage depuis plu- sieurs mois au point qu’un comité d’éthique a étémis pla- ce pour répondre aux inter- rogations. D’un côté : les “pro caméras” pensant fermement qu’elles réduisent les incivi- lités. De l’autre, des citoyens croyant dur comme fer que l’appareil ne fait que dépla- cer les problèmes, qu’il est une atteinte à la liberté. La fleuriste du centre du vil-
lage ne sent pas plus que cela le besoin d’être rassurée par des caméras : “Entre midi et deux heures, je recouvre sim- plement mes fleurs sans les rentrer. Pour l’instant, per- sonne ne me les a volées” dit- elle. Constat légèrement dif- férent chez certaines mamans : “À la crèche, il y a souvent des canettes cassées dans la cour. Il y a même par- fois des préservatifs, obligeant le personnel à nettoyer avant que les enfants arrivent. Là, ça pourrait être utile” estime cettemaman, Saônoise depuis plus de vingt ans. Une autre qui va chercher son petit bout à la maternelle fait remar- quer que les caméras “ne peu- vent pas faire de mal.” Une dernière la coupe : “T’as pen- sé à nos impôts !” Après avoir entendu le gen- darme référent sécurité, les élus auront-ils une idée plus précise du prix (l’installation est subventionnée en moitié par l’État) et de l’efficacité d’un tel dispositif, qui pour l’heure, reste dans les car- tons ?
Ces mamans venant chercher leurs enfants à l’école mater- nelle de Saône sont divisées quant à l’idée d’installer des caméras pour faire diminuer les incivilités.
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