La Presse Bisontine 117 - Janvier 2011

BESANÇON 16

La Presse Bisontine n° 117 - Janvier 2011

VIE MUNICIPALE

Le patron de l’opposition Jean Rosselot, infatigable plaideur Leader charismatique de la droite locale,

Q uand tombe le verdict des urnes, il y a un vainqueur et un vain- cu. C’est le principe immuable d’un vote démocratique qui le temps d’un mandat investit le premier du pouvoir et le second du droit de le cri- tiquer ou de se taire. La victoire est puissante pour le gagnant et la défai- te est amère pour le perdant qui com- mence une longue et inconfortable vie d’opposant. L’U.M.P. Jean Rosselot qui a tenté à deux reprises de ravir Besan- çon à la gauche, sait combien cette pla- ce est ingrate, mais elle ne se refuse pas. Elle s’assume au contraire lors- qu’on est un leader politique qui accep- te la règle du jeu démocratique et qui compte malgré tout peser sur la vie municipale avec pour seules armes, des idées et une infatigable volonté. Privé de pouvoir, son arsenal se résu- me à cela. Il doit avoir la foi pour sans cesse oser défier la majorité en place dont les élus se chargent de lui rappeler son rang par un regard fustigeant ou par des rictus qui semblent lui dire “cause tou- jours, tu m’intéresses.” “C’est vrai, per- sonne ne nous écoute quand on est dans l’opposition. Je lutte contre cela” pes- te Jean Rosselot. Maître de conférences en droit public à l’Université de Franche-Comté, il occupe pourtant tous ses loisirs à potas- ser les grands dossiers municipaux. Le rapport de force lui est défavorable. Mais ce serait pire encore de faire aveu d’ignorance face à ses détracteurs sur les sujets importants défendus par la majorité, surtout lorsque comme lui, on est le patron du groupe d’opposition qui lui donne parfois du fil à retordre. “Les gens attendent que nous soyons aussi bons que l’équipe en place. Or, contrairement à elle, nous n’avons pas de moyens. Je suis toujours sur le pont pour comprendre ce qui se passe. Il faut lire tout ce qu’il faut lire et je dois me hisser au niveau de celui capable de bisontin. Pas facile lors- qu’on est un conseiller municipal d’opposition qui a pour seules armes des idées et une bonne volonté. il se démène pour tenter d’ouvrir des brèches dans le bastion socialiste

Jean Rosselot est maître de conférences en droit public à l’Université de Franche-Comté.

té serment il y a 15 ans, mais il avait mis cette activité entre parenthèses après avoir été élu député du Terri- toire-de-Belfort), l’arène municipale paraît plus hostile qu’une salle d’audience au tribunal. Au moins lors- qu’il plaide, Jean Rosselot sait qu’il peut obtenir gain de cause grâce à un argumentaire construit et étayé. Mais devant le conseil, aussi perti- nente soit son intervention, il se fait retoquer à tous les coups ou presque stopper dans son élan par une remarque-couperet lâché par le pre- mier magistrat de la capitale régio- nale. “Monsieur Rosselot, vous faites de la politique politicienne.” Le pou- voir ne se partage pas. Rien n’oblige la majorité qui a l’initiative à modi- fier sa stratégie pour le sourire bon- homme de Jean Rosselot. “ C’est frus- trant. Mais plus c’est frustrant et plus ça me motive. Tout est fait pour nous étouffer. Jean-Louis Fousseret y par- vient très bien. Quand il dit “il y a une opposition mais pas de propositions” , c’est dur à entendre” déclare l’intéressé qui n’abdique pas, glissant au passa- ge que s’il était aux affaires, il ferait preuve de plus d’ouverture envers l’opposition. À force d’obstination et de coups de bélier, certaines des idées que le lea- der U.M.P. porte depuis longtemps finissent par cheminer. Pour faire de Besançon une métropole qui compte, Jean Rosselot prône notamment un rapprochement de l’Agglo avec la Hau- te-Saône au sein d’un Pays. Comble du comble, cette idée est relayée par Yves Krattinger, président socialiste de Conseil général de la Haute-Saô- ne. “J’ai déposé une question à la C.A.G.B. en septembre 2009 pour deman- der la création d’une commission de prospective à ce sujet. Il n’y a jamais eu de suite. Aujourd’hui, Jean-Louis Fousseret se fait remonter les bretelles par Yves Krattinger et le préfet. J’aurais honte à sa place” déplore-t-il. D’après l’élu, cet exemple révélerait à

lui seul le manque de vision à long ter- me du maire de Besançon. “C’est un drame pour cette ville” soupire Jean Rosselot, déversant d’un coup un flot de critiques à l’encontre de son adversaire Jean- Louis Fousseret. “Il a perdu une décen- nie durant laquel- le il fallait antici- per. Il ne fait pas

bable que l’animal se retire sur la poin- te des pieds pour s’enfermer dans sa tanière sans plus jamais en sortir. “Pour- vu que je reparte au service de ville. Si seulement je pouvais faire prendre conscience de la nécessité de faire bas- culer Besançon et le Grand Besançon dans le XXI me siècle…” Pour cela, il lui faudrait un coup de pouce du destin.

des conseillers délégués des maires.” À 65 ans, cet élu a encore de l’énergie et des idées à revendre. Mais il le sait déjà : il ne conduira pas la liste de droi- te aux prochaines élections munici- pales qui pourrait être emmenée par Jacques Grosperrin. En revanche, il entend bien jouer un rôle dans la pro- chaine campagne. Et la retraite ? Uni- versitaire “oui” , l’année prochaine. Pour ce qui est de la politique, il est peu pro- Édouard Sassard, opposition municipale “Je crois qu’il faut encore compter sur lui” “La première tête de liste que j’ai connue, c’est Jean Rosselot. Il m’a fait confian- ce. Je ne peux lui être que reconnais- sant. Reconnaissance aussi pour son parcours politique. Il a été député de la première circonscription de Belfort, conseiller général, conseiller régional et maire. Il connaît très bien les rouages de la politique. C’est sa passion. Jean Rosselot est quelqu’un qui apporte beau- coup à notre groupe, et je pense que nous lui apportons beaucoup également. Nous ne sommes pas d’accord sur tout mais chacun peut exprimer son opinion. Un homme comme lui, qui a un talent d’orateur, qui pendant dix ans s’est enga- gé à Besançon, assumant ses mandats dans l’opposition, c’est normal qu’il ait encore envie d’influer sur la vie publique. Je crois qu’il faut encore compter sur lui et c’est très bien comme cela.”

“Il ne fait pas mieux que ses prédécesseurs.”

T.C.

Ce qu’il pnsent de lui…

Jean-Louis Fousseret, maire de Besançon “Il s’enferre dans une sorte d’opposition systématique” “Avec Jean Rosselot, nos désaccords politiques sont profonds, comme cha- cun le sait. Nous avons de réelles diver- gences de vues et d’opinions récur- rentes sur des sujets de fond. Il m’arrive souvent de regretter, et je le lui ai dit, qu’il s’enferre dans une sorte d’opposition systématique et parfois un peu aveugle qui ne fait pas avan- cer le débat démocratique. Cela étant, Jean Rosselot est un adver- saire politique que je respecte car il représente au sein de l’opposition muni- cipale une partie de l’opinion qu’en tant que maire je me dois d’écouter et d’entendre. S’il est parfois un peu exces- sif, il n’est - lui - jamais insultant ou irrespectueux. Cela mérite d’être sou- ligné.”

mieux que ses prédécesseurs JeanMin- joz et Robert Schwint. Il habille sa réus- site en distribuant des subventions à ceux qui en demandent. À Besançon, on subventionne tout, des voyages à Europapark, des cueillettes de cham- pignons, des visites à l’Assemblée Natio- nale, récemment une association pour le contrôle des naissances des chats… a aide pour les élections.” Un réqui- sitoire sévère. Jean Rosselot n’a pas le pouvoir mais il excelle dans les joutes verbales dont il use parfois à l’excès. Quand il s’agit de fustiger la politique de la majorité, il monte au front sans retenue. Il est plus agacé encore quand cette même majorité fait sa “com” sur le dos de chantiers d’aménagement urbain lar- gement financés par l’État. “Personne ne le sait !” C’est par exemple le cas de l’allée piétonne qui relie la place Cas- sin à l’esplanade Mandela. Le 18 sep- tembre, lors de l’inauguration, Jean Rosselot s’énervait de voir les leaders de la gauche locale prendre tour à tour la parole au nom de leur collectivité. C’est le préfet qui a parlé au nom de l’État et pas Françoise Branget, la dépu- tée U.M.P. “L’État étant aux mains de l’U.M.P., il me semblerait normal qu’un député, représentant de l’exécutif puis- se parler en son nom. Je propose que soit créé le statut de parlementaire délé- gué du gouvernement comme il existe

donner des leçons. C’est beaucoup de temps en plus de mon travail. J’ai face à moi Jean- Louis Fousseret qui entre laVille et l’Agglo a entre les mains 400 millions d’euros de budget, 50 adjoints pour l’épauler et 3 000 fonctionnaires. Ce n’est pas un peu déséquili- bré par rapport au pauvre Rosselot qui n’a que ses idées ?” Vu sous cet angle, c’est un peu maigre en effet pour ouvrir une brèche dans les murs du bas- tion socialiste. À entendre cet avocat qui a repris la robe il y a six mois (il a prê-

“Tout est fait pour nous étouffer.”

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