La Presse Bisontine 113 - Septembre 2010

ÉCONOMIE 36

La Presse Bisontine n° 113 - Septembre 2010

IMMOBILIER 14 programmes en cours Besançon pourrait être exclu du dispositif Scellier À la rentrée, le ministre du Logement pourrait annoncer que comme 172 autres villes en France, la capitale régionale soit sortie de ce dispositif destiné à encourager l’immobilier locatif.

Le dispositif Scellier a entraîné à Besançon une série de nouveaux pro- grammes immobiliers. Pas forcément bon à long terme…

I l y a un an et demi, pro- moteurs locaux et collecti- vités menaient main dans la main le combat pour que Besançon soit retenu par le gou- vernement dans la loi Scellier, ce dispositif fiscal qui donne de nombreux avantages financiers à celui qui investit dans du loge- ment locatif. Après plusieurs semaines d’incertitude, c’était le soulagement : la capitale régio- nale était intégrée dans la loi Scellier. Il se pourrait bien que les choses changent rapidement et que la ville soit tout bonnement sortie du dispositif à partir du début de l’année prochaine. Besançon, comme 172 autres communes retenues en France, ne serait plus considéré comme une vil- le “sinistrée”. Dans sa volonté de faire des économies, le gou- vernement n’a pas manqué de cibler la loi Scellier qui coûte à

l’État, sous forme de crédits d’impôt, plusieurs centaines de millions d’euros par an. Doré- navant, il faudrait inciter à construire uniquement dans les zones où il y a le plus de besoins, ce qui ne serait plus le cas de Besançon. La profession et les élus se mobi- liseront-ils à nouveau ? Pas sûr, à en juger par les premières réactions des professionnels de l’immobilier qui craignent qu’au final, Scellier ne contribue à déstabiliser le marché de l’immobilier local. Depuis son intégration dans le dispositif, les programmes immobiliers se sont multipliés : 14 sont en cours de réalisation et 20 autres sont en prévision, rien que sur la vil- le, soit 950 logements nouveaux, dont 80 % seront destinés à la location. Apparemment beau- coup trop pour le potentiel bison- tin où dans certains quartiers

déjà des logements se retrou- vent vides, faute de locataires. “Si on continuait sur cette lan- cée, on engorgerait vite le mar- ché. Besançon reste une ville sai- ne, il faut veiller à ne pas la rendre malsaine” juge un acteur local de l’immobilier. Autre effet pervers de Scellier : il a encouragé l’arrivée sur Besançon de promoteurs exté-

rieurs à la ville, souvent des grands groupes, qui ne se sou- cient guère de l’équilibre dumar- ché immobilier local, et ont par- fois un souci d’esthétisme relativement limité… Il ne faut

pas oublier que Scellier était un dispositif de crise destiné à relan- cer le marché de l’immobilier, moribond en 2008. Comme tout dispositif de crise, il paraît logique de ne pas le pérenniser.

Au même titre que Besançon, Mulhouse ou encore Dijon pour- raient être également sortis du dispositif Scellier prochaine- ment. J.-F.H.

SALAISONS

+ 40 % en tonnage

La Morteau enfin protégée Le dossier d’Indication Géographique Protégée vient d’aboutir après 15 ans de procédure. Une bonne nouvelle pour la Morteau, une filière qui doit continuer à se structurer.

“Ç a y est, enfin, elle est là” lâche soula- gé Michel Delacroix, le président de l’association A2M (association Mor- teau-Montbéliard), ce 20 août. Il en aura fal- lu des dossiers, des commissions, des polé- miques, des scissions, des retournements de situation, des réunions, des allers et retours à Bruxelles devant la Commission Européenne, pour obtenir, après 15 années de procédure, cette fameuse I.G.P., trois lettres en forme de protection pour la saucisse de Morteau. L’Indication géographique protégée, sorte d’A.O.C. européenne, fait entrer la Morteau dans le cercle des produits de terroir reconnus et protégés comme tels. C’est sous l’impulsion de Jean-Louis Amiotte, salaisonnier à Avou- drey, que la première demande avait été faite en 1995. Depuis 1977 et la mobilisation de quelques producteurs du Haut-Doubs, il exis- tait bien un label régional qui authentifiait le produit et réglementait les points essentiels de sa fabrication mais, revers de la médaille, le succès aidant, la réputation de ce produit fabriqué depuis cinq siècles dans le Haut- Doubs, a vite dépassé les frontières régionales. La Morteau commence alors à être fabriquée partout en France, jusqu’en Bretagne, risquant de perdre définitivement son âme. Quand les labels régionaux ont disparu en 1992, il a fallu envisager une autre façon de protéger le produit et c’est à l’échelle euro- péenne que la saucisse jouait désormais son avenir. Après les premiers dossiers, la profes- sion se divise avec d’un côté les “industriels” de la Morteau et de l’autre, les garants du savoir-faire ancestral. En novembre 1999, coup de massue : la première demande d’I.G.P. est rejetée par l’Europe qui refuse de limiter la zone au Haut-Doubs et au Haut-Jura. La création en 2004 de l’association de défen- se et de promotion des charcuteries et salai- sons I.G.P. de Franche-Comté en 2004 (abré- viation A2M) a permis de réunir à nouveau tous les acteurs de la filière autour de lamême table et en septembre 2006, le dossier I.G.P. est validé par l’institut national des appella- tions d’origine. Une protection nationale tran- sitoire est accordée à laMorteau en attendant l’I.G.P. Depuis cette date, on ne peut plus fabri- quer de Morteau si on est installé en dehors des frontières régionales. Le 23 juin dernier, l’inscription I.G.P. saucis- se de Morteau est acquise puisqu’aucun État- membre de l’Europe ne s’oppose plus au dos- sier. Le 21 août, la parution au journal officiel européen scelle définitivement le dossier I.G.P. “Depuis la protection en 2006, le tonnage de saucisses fabriquées en Franche-Comté a aug- menté de 40 %” ajoute Michel Delacroix. La

production de Morteau atteint 4 500 tonnes, dont 400 tonnes de Morteau label rouge fabri- quée avec du porc label rouge. Si l’heure est aux réjouissances pour la belle de Morteau, l’obtention de l’I.G.P. ne doit pas faire oublier le sort des producteurs de porc, “le maillon faible de la filière” selon Michel Delacroix, qui souffre d’un manque de recon- naissance avec des prix beaucoup trop bas. “Dans les grandes surfaces, on trouve la sau- cisse à 10 euros le kilo alors que le porc nous est payé 1,20 euro le kilo. Entre 2000 et 2007, le nombre de producteurs a baissé de 48 %dans la filière Morteau” note André Delavelle, pro- ducteur de porcs à Charquemont dans le Haut- Doubs.Malgré l’I.G.P., tout n’est donc pas enco- re rose dans la filière porc. J.-F.H.

BESANÇON Du 28 septembre au 1 er octobre Adieu “micro”, bonjour “nano” La miniaturisation se poursuit dans les microtechniques. On ne raisonne plus au 10-6 mais au 10-9. L’ère des nanotechnologies a sonné à Micronora. Le salon est inauguré par Christian Estrosi le 28 septembre.

Micronora attire 15 000 visiteurs.

L a crise est passée par là : avec 562 expo- sants cette année, c’est une légère baisse de 3 % qu’enregistrent les organisateurs du salon par rapport à la précédente édition en 2008. Rien de grave pour Michèle Blondeau, la directrice du salon qui compare avec les 50 % de baisse enregistrés cette année par le salon de lamachine-outil à Paris ou celui de La Roche- sur-Foron qui a subi le même sort. Cette légè- re baisse est par conséquent “une bonne sur- prise” pour la directrice qui accueillera donc 562 exposants, dont 33 % de Français, 36 % d’étrangers (avec pour la première fois un Indien) et 31 % d’exposants francs-comtois. Sur l’ensemble, 38 % des exposants viennent à Micronora pour la première fois cette année. Même si le salon bisontin est consacré aux microtechniques, “on est bien obligés de s’intéresser aux nanotechnologies qui concer- nent maintenant, comme les microtechniques, tous les secteurs d’activité et tous les métiers.” On entre donc dans l’ère du 1 000 fois petit. Exemple d’application des “nanos” : l’industrie

des loisirs utilise des nanotubes de carbone pour alléger les raquettes de tennis, l’industrie cosmétique intègre des nanoparticules de tita- ne dans les crèmes solaires pour filtrer les rayons U.V. Autre application : des nanoparti- cules métalliques améliorent l’efficacité des catalyses en accélérant les réactions chimiques, sans ajout de solvants. Dans l’automobile, grâ- ce aux “nanos”, les véhicules sont allégés pour consommer moins, tout en étant davantage sécurisés grâce à des carrosseries renforcées ou des pneumatiques plus résistants… Mais le secteur le plus prometteur est certai- nement celui de la santé avec l’amélioration des diagnostics in vitro ou le suivi thérapeu- tique. Même si la surface dévolue aux “nanos” à Micronora est encore très marginale, un pavillon spécifique leur est consacré. J.-F.H.

Renseignements : www.micronora.com

Le “ouf” du président Delacroix.

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