La Presse Bisontine 113 - Septembre 2010

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Bisontine n° 113 - Septembre 2010

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Clivage Roms, gitans, bohémiens, gens du voya- ge…Ces sujets que tout lemondemélan- ge ont été le cocktail explosif de lʼété à plusieurséchelles. Localedʼabordpuisque, cʼest une habitude, le passage estival des communautés de gens du voyage a suscité auprès de plusieurs municipali- tés locales de vives réactions. Vives, mais justifiées. Car gens du voyage ou pas, il sʼest agi en lʼoccurrence dʼoccupation illégale de terrain (à la Malcombe début juillet), ou de graves dégradations de matériel. On le constate encore dans quelques aires dʼaccueil duGrandBesan- çon. La réaction des élus locaux est donc appropriée dans le sens où ce nʼest pas lʼorigine de ces non-sédentaires ou la communauté quʼils représentent, mais bien les infractions commises qui sont pointées du doigt. Bien sûr, lʼamalgame opéré aujourdʼhui entre la question récur- rente de lʼaccueil des gens du voyage, casse-tête de bien desmunicipalités par- tout en France (y compris les grandes métropoles comme Bordeaux) et celle, beaucoup plus grave des Roms aujour- dʼhui, puise ses racines au plus profond de lʼinconscient collectif. Car la méfian- ce au mieux, la persécution et même lʼextermination des Roms, ne date pas dʼhier. Au XV ème siècle déjà, les premiers décrets chassant cette communauté sans attaches véritables hors les murs des villes stigmatisaient déjà cette popula- tion. Si le sujet est si sensible aujourdʼhui, à tel point que le Saint-Siège lui-même sʼen est mêlé, cʼest quʼil renvoie aux plus sombres heures de lʼHistoire qui a trou- vésonsordideapogée lorsde lʼHolocauste. Les réactions sont excessives en tout point car il ne sʼagit pas comme on a pu lʼentendre dʼune dérive sécuritaire de la France, qui ne fait finalement quʼappliquer des règles nationales et même euro- péennes enmatière dʼimmigration. Mais si le sujet divise, cʼest que lʼon touche là aux fondements de la République fran- çaise qui se glorifie depuis plus de deux cents ans dʼêtre la lumière du monde en matière dʼhumanisme. Il nʼen a pas fallu plus à la gauche en panne dʼidées pour bondir sur cet opportun sujet de clivage. Au fait, “rom” signifie littéralement “être humain”. Qui sʼen souvient ? Peut-être pas M. Sarkozy qui se trompe lourde- ment en faisant de ce sujet, la sécurité, le socle dʼune future campagne électo- rale. Les Français ne sont plus dupes. Sait-il dʼailleurs que son patronyme serait dʼorigine typiquement rom… ? Jean-François Hauser Éditorial

SPORT

Le Directeur technique national de l’athlétisme Ghani Yalouz : “Que Besançon retrouve ses galons”

Ghani Yalouz (ici avec Nourredine Smail, coureur de 5 000 m) privilégie la proximité pour faire passer ses messages. Une méthode

qui semble fonctionner.

L a Presse Bisontine :Avec 18 médailles récoltées aux championnats d’Europe d’athlétisme, les sportifs fran- çais ont réalisé une moisson historique à Barcelone. De Marie-José Pérec en passant par les cadres tech- niques jusqu’aux sportifs, tous ont expliqué que votre rôle a été primordial. Quelle était votre recette ? Ghani Yalouz : Ce résultat historique, c’est surtout grâce au travail des athlètes. J’ai fait du sport de haut niveau (vice-champion olympique de lutte) et suis bien placé pour dire qu’il existe des hauts et des bas. Ce travail, je ne l’ai pas fait seul mais entou- ré d’une équipe composée de femmes et d’hommes. Avant de prendre ce poste de Directeur technique national (D.T.N.), je me suis donné cinq mois pour m’entourer de personnes capables. Je privilégie la proximité et je m’enrichis de mon contact avec les autres. L.P.B. : Un lutteur à la tête de l’athlétisme, cela n’a pas été du goût de tous. Lors de votre prise de poste il y a 19 mois, beau- coup pensaient que vous alliez droit dans le mur. Tenez-vous votre revanche ? G.Y. : Je n’ai aucun sentiment de revanche. Quand la fédération d’athlétisme m’a sollicité pour ce pos- te, j’ai rapidement dit oui. C’est vrai que je n’ai pas choisi la simplicité. Tout le monde me disait que j’allais au casse-pipe mais je pense qu’il faut évi- ter la consanguinité dans le sport. La seule chose médailles à Barcelone. Fort de son expérience, de son influence, le D.T.N. va aider sa ville natale en matière de politique sportive. Ghani Yalouz a permis à l’équipe de France d’athlétisme de récolter une moisson historique de

qui doit réunir est l’amour du maillot.

resté gravé dans ma mémoire.

L.P.B. : Les athlètes français avec les nageurs ont réussi à faire oublier en partie la débâcle de l’équipe de France de football lors de la Coupe du Monde. Doit-on en déduire que l’on est mieux élevé en athlétisme ? G.Y. : J’essaye de ne pas avoir la mémoire trop cour- te et n’oublie pas que l’équipe de France nous a fait rêver en 1998… L.P.B. : Avez-vous imposé des mesures de bonne conduite aux athlètes ? G.Y. : Non, ce sont des personnes intelligentes et je n’ai pas besoin de leur dire comment courir ou quand ils doivent se rendre aux toilettes (rires). Je dois juste leur dire que le moteur, c’est le plaisir. J’ai simplement imposé que chacun porte le survête- ment de l’équipe nationale car c’est un symbole d’appartenance.

L.P.B. : Vous revenez souvent dans la capitale comtoise ? G.Y. : Je viens voir mes amis, ma famille, j’ai enco- re mes parents, deux grands frères aînés (Abdel et Khalid) mais il est clair que les temps me permet- tant de revenir ici sont rares (il habite en région parisienne). Depuis mes prises de fonction en tant que D.T.N., je n’ai eu que trois week-ends de repos… Je ne me plains pas. L.P.B. : Vous avez gardé contact avec Jean-Louis Fousseret, le maire ? G.Y. : Oui, c’est quelqu’un que j’apprécie. J’aime l’homme pour ce qu’il est car la politique, je m’en fous. Le 30 juin 2001, c’est lui qui a célébré mon mariage. Normalement, on fait toujours la célé- bration chez la mariée mais en sachant que c’est quelqu’un j’apprécie, j’ai voulu que ça soit lui qui célèbre notre union, en mairie de Besançon. L.P.B. : Justement, quel regard portez-vous sur le sport bison- tin qui a connu de nombreux soubresauts l’an dernier avec les déroutes conjuguées du basket ou du football. Apporte- rez-vous votre aide ou votre influence ? G.Y. : Je devais justement rencontrer Jean-Louis Fousseret à la fin du mois d’août pour que l’on par- le du sport à Besançon. J’aimerais que Besançon retrouve ses galons, que l’on retrouve 4 000 à 5 000 personnes au Palais des sports où qu’il y ait de grandes manifestations. J’aime cette ville (N.D.L.R. : il a été fait citoyen d’honneur). Il ne faut pas oublier que nous sommes une ville de handball, de basket, de lutte. Le sport est un super-moyen pour fédérer les gens mais il faut une volonté politique derriè- re comme c’est le cas en Allemagne où le sport et la culture sont mêlés. L.P.B. : Quelles pistes allez-vous donner ? G.Y. : Je pense que le sport a une importance humai- ne qui occupe à la fois les jeunes et les retraités. Propos recueillis par E.Ch.

L.P.B. : Et concernant les écouteurs sur les oreilles des athlètes… G.Y. : Je n’ai rien demandé. Je deman- de simplement du bon sens. L.P.B. : L’objectif est tourné vers Londres 2012. Aura-t-on la chance de voir évoluer un athlète franc-comtois ? G.Y. : Je l’espère avec Linda Marguet (Doubs SudAthlétisme) ou Fadil Bel- laabouss (Montbéliard Belfort Ath- létisme). L.P.B. : Besançon est votre ville natale. Quel souvenir en gardez-vous ? G.Y. : Plein (rires). Je n’ai pas oublié tout ce que Besançon a fait pour moi, notamment après ma médaille d’argent obtenue aux J.O. d’Atlanta. À ma sortie du train, il y avait un comité d’accueil et une immense récep- tion en mon honneur. Tout ceci est

“Le seul moteur, c’est le plaisir.”

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