La Presse Bisontine 110 - Mai 2010

LE PORTRAIT

La Presse Bisontine n° 110 - Mai 2010

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BESANÇON Un rôle social Fodé Ndao, le sage À 35 ans, ce karatéka de haut niveau aurait pu savourer ses victoires et en rester là. Il préfère partager et transmettre son savoir à des jeunes qui parfois manquent de repères. Fodé Ndao donne une leçon de vie, de tolérance et de respect. Il est comme ça : humain et fraternel.

La “recette Fodé” porte ses fruits. Les élèves de Fodé Ndao obtiennent des résultats spectaculaires en compétition.

S on palmarès est trompeur. Pour être aus- si titré, ceux qui n’ont jamais vu Fodéo Ndao l’imagineraient sans doute comme un grand black aux muscles saillants, indomptable dans son kimono. Une sorte de roi des tatamis, austère, passant des heures en sal- le de sports à travailler sa technique en solitai- re. Cette caricature ne correspond pas vraiment au personnage. À la maison des sports et de l’insertion de Pla- noise (M.S.I.), c’est pieds nus, vêtu d’un jean et d’un tee-shirt, que Fodé Ndao enseigne le kara- té à ses élèves du Club Sauvegarde de Besançon dont il est le fondateur. Il y a comme un paradoxe entre l’apparence décontractée de ce garçon de 35 ans avenant, et la discipline qui règne dans son cours. Quand le champion parle, tout le mon-

gé par le chômage. Fodé Ndao n’est pas un mar- chand de rêves mais il leur fait comprendre par des messages simples qu’il n’y a pas de fatalité dans le destin de chacun. “Il n’y a pas de victoire sans combat. Mais combattre ne veut pas dire gagner” enseigne le coach . Une issue est toujours possible à force de travail, de volonté et d’humilité. La détermination est une force dans tous les com- bats. “C’est la vie mec, c’est dur, mais il faut gérer” lâche-t-il à un de ses élèves en fin de séance. Fodé Ndao parle de tout cela avec d’autant plus de facilités qu’il doit tout au karaté. “Ce sport m’a permis de découvrir lemonde” dit-il d’un ton recon- naissant. Il y a des similitudes entre son histoi- re et celle de ses élèves. C’est sans doute le point de départ à une compréhension mutuelle. Mal- gré le succès dû à un travail acharné, ce garçon n’a pas oublié ses origines. C’est dans une banlieue dense de Dakar qu’il a appris le karaté quand il était gosse au club Sau- vegarde, avec son père qui lui a tout inculqué. “Là-bas, les moyens ne sont pas les mêmes qu’ici. J’ai appris sur de la terre battue. La discipline prime sur tout. Chacun respecte les règles, les grades, l’esprit martial. Le karaté est un art et c’est cet art que j’essaie d’enseigner àmon tour” explique Fodé Ndao. C’est aussi grâce à son vécu qu’il peut jeter un regard lucide sur les dérives de notre société. “Les jeunes ici ont des problèmes de res- pect des règles et de l’autorité. Ce qui manque aujourd’hui, c’est du civisme.” L’entraîneur agit donc à son niveau pour tenter de transmettre des valeurs qui se sont émous-

sées. “Franchement, mes élèves je les vois chan- ger. Ils se forgent unmental qui leur permet d’avoir confiance en eux. C’est essentiel. Il n’est pas de luxe véritable que celui des relations humaines. Rien ne peut remplacer le temps de vivre ensemble.” Son club est devenu une plateforme par l’intermédiaire de laquelle il tisse du lien social. Pas seulement à Besançon et à Planoise,mais au- delà. Depuis deux ans il a mis en place “avec les moyens du bord” , des échanges avec le club Sau- vegarde du Sénégal pour ouvrir l’horizon des jeunes de ces deux pays. Cet été, plusieurs kara- tékas bisontins doivent se rendre à Dakar pour deux semaines. “C’est très constructif. Il faut s’enrichir de la différence de l’autre. “Don’t jud- ge !” Mais apprendre et écouter.” Quand l’enfant du pays revient en terre africaine, il est accueilli comme un exemple à suivre. “Tout le monde veut ressembler à Fodé” sourit son ami Sala Ba, cham- pion d’Afrique, en résidence à Besançon actuel- lement. Fodé Ndao aurait pu rester les bras croisés et savourer ses victoires en compétition. Il fait tout le contraire. Ce garçon donne beaucoup, avec sim- plicité, comme si la chance qui lui a souri allait sourire à d’autre. Croire en sa bonne étoile impo- se aussi de devenir acteur de sa vie. “Quand je suis arrivé en France en hiver, le premier mot que j’ai appris c’est “Ça caille.” J’aurais pume lamen-

ter et repartir. J’ai préféré m’adapter au mode de vie, et tout faire pour m’intégrer. Aujourd’hui, je suis un enfant du Sénégal et un enfant de Besan- çon. J’aime ce pays.” En parallèle du club, c’est à Planoise que Fodé Ndao a créé son entreprise Zen Forme Center, un lieu où il ne s’agit pas de venir faire de la gon- flette. Dans cette salle de sport, on vient chercher une sérénité de corps et d’esprit. Une initiative pour laquelle le karatéka a été récompensé dans le cadre de Talents des Cités 2009. Il doit l’être à nouveau le 4mai à Paris lors de l’opération Entre- prendre, Villes et Quartiers. T.C. Palmarès de Fode Nadao Multiple champion du Sénégal pupille et senior Double champion dʼAfrique individuel 1997 et 1999 Double Champion dʼAfrique par équipe 2003 et 2005 Champion de France Universitaire 1999 Vice champion du monde universitaire 1998 Champion de Suisse élite 2000, 2001, 2003 Vice champion du monde 2000 Vice champion de France 2006 toutes catégories 3 ième à lʼOpen International de Paris 1998 et 2008 Vainqueur de lʼOpen Contact interdisciplines 2010

de l’écoute. Il hausse le ton lors- qu’un élève ne lui semble pas suf- fisamment combatif et félicite quand la leçon porte ses fruits. On comprend vite que Fodé Ndao n’enseigne pas seulement la tech- nique, mais une philosophie de vie. C’est le mélange des deux qui lui permet de captiver son auditoire. L’entraîneur ne cherche pas à fai- re à tout prix de ses élèves des champions,mais des citoyens bien dans leurs têtes et dans leur ville. Une ambition forte pour des gamins qui parfois perdent leurs repères dans un quartier de Planoise ron-

“Le premier mot : “Ça caille.”

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