La Presse Bisontine 110 - Mai 2010

BESANÇON

La Presse Bisontine n° 110 - Mai 2010

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SAINT-FERJEUX Un nouvel atelier Antoine Aranda n’est pas prophète en son pays Malgré une récente exposition à Besançon, le sculpteur bisontin s’estime victime de l’ignorance des pouvoirs publics au motif qu’il n’appartient à “aucun réseau.” Son travail est pourtant reconnu au plan international.

L a peinture au mur est encore fraîche, les carrelages au sol tout juste posés. Dans les car- tons, encore quelques sculp- tures en provenance de l’exposition qui s’est terminé le 4 avril au Gymnase, l’espace culturel du Fort Griffon à Besançon, où Antoine Aran- da présentait ses œuvres. Nous sommes au 37, rue de l’Oratoire à Saint-Fer- jeux, à quelques dizaines de mètres de la basilique, dans le nouvel atelier du sculpteur bisontin. Casquette vissée sur la tête, Antoine Aranda termine quelques finitions dans ses travaux d’aménagement. Son nouvel atelier de 200 m 2 est désormais digne des ambi- tions du Bisontin, sculpteur profes- sionnel en manque de reconnaissan- ce, dont la carrière a pourtant démarré en trombe il y a trente-deux ans.

Une première exposition au salon des sculpteurs de Luxeuil en 1980 et trois mois plus tard, il obtenait le premier prix de la ville de Belfort. En 1984, il reçoit le grand prix “révélation” dans

Les carrés de bronze, marque de fabrique du sculpteur bisontin, qu’il décline désormais avec d’autres matières plus “modernes.”

une galerie parisien- ne et devient l’année suivante le poulain du Figaro au Grand Palais. Grand spécia- liste du bronze, il est passé au fil de ses ins- pirations, d’une pré- dilection pour les formes arrondies et les courbes façon Brancusi, à la décli- naison de la forme car- rée. Au bronze, il y a adjoint récemment d’autres matières

telles que le plexiglas, l’inox ou la pâte de verre. Le résultat est harmonieux mais il étonne et interroge. Et voilà bientôt trente ans qu’Antoine Aranda parcourt les expositions fran- çaises ou à l’étranger, trente ans que les collectionneurs lui font confiance mais il est toujours en attente d’une vraie reconnaissance locale. “Je suis connu, reconnumais ignoré localement, déplore-t-il. Le problème, c’est que contrairement à d’autres sculpteurs beaucoup plus médiatisés, je n’appartiens à aucun réseau d’influence. Pour moi, il n’y a que le travail qui

Parce qu’il suffit d’observer un tant soit peu ses bronzes patinés pour s’apercevoir que ces sculptures nous interpellent. Bravant la discrétion d’Antoine Aranda, ce sont ses œuvres qui nous parlent à sa place. L’homme est peut-être insaisissable, ne vit que pour créer. Sans doute qu’un jour ses œuvres parviendront à capter l’attention de ceux qui se refusent pour l’instant à entendre le message lancé par leur créateur. Pousser la porte du 37, rue de l’Oratoire est un premier pas à faire. J.-F.H.

compte, j’ai peut-être ce tort-là…” Quelques institutions para-publiques ou entreprises privées le sollicitent régulièrement pour créer par exemple des trophées, il reçoit des commandes, mais jamais n’a l’occasion d’être solli- cité pour des marchés publics. “Pour les élus de gauche, je suis de droite, pour ceux de droite, je suis de gauche, alors que je n’ai jamais voulu afficher mes opinions. Mais je m’aperçois que la liberté et l’indépendance, ça coûte cher en France !” L’œuvre d’AntoineAranda mérite pour- tant largement que l’on s’y attarde.

Ses œuvres nous parlent à sa place.

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