La Presse Bisontine 110 - Mai 2010

BESANÇON

La Presse Bisontine n° 110 - Mai 2010

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RECHERCHE

Une publication scientifique

En collaboration avec des sommeliers, des chercheurs du C.H.U. de Besançon testent les réactions du cerveau Ils sondent les zones du plaisir

lors d’une dégustation de vins. Objectif : mieux connaître les mécanismes du plaisir.

L’ homme s’est mis sur son trente-et-un pour l’occasion. Un peu stres- sé, le sommelier s’allonge, la tête à l’entrée du tunnel de l’I.R.M. Nous sommes

au niveau - 1 de l’hôpital Jean- Minjoz, il est 18 heures, le test va commencer. Derrière la vitre, au micro, l’ingénieur de recherche Alexandre Comte scrute son écran. Micro enmain, il demande au “cobaye” de réagir à ses questions par un petit mouvement de la main. Le test peut commencer. Dans les petits tuyaux reliés à la bouche du “patient”, quelques millésimes scrupuleusement choisis par le sommelier franc- comtois Christophe Ménozzi, l’homme à l’origine de cette expé- rience inédite en France. Les travaux scientifiques sont cha- peautés par Lionel Pazart, direc- teur du centre d’investigation clinique en innovation et tech- nologie (unité I.N.S.E.R.M.) et Thierry Moulin, neurologue au C.H.U. de Besançon. “L’idée est de regarder ce qui se passe dans la tête des sommeliers au moment de la dégustation, voir quelles zones du cerveau sont sollicitées au moment de l’olfaction, de l’audition ou du goût” résume Lionel Pazart. Comme le sommelier Jean-Fran- çoisMichelin ce jour-là, ils auront été une quarantaine à se sou- mettre au passage dans l’I.R.M. depuis le début de l’expérience en septembre dernier. Aujour- d’hui, les scientifiques arrivent à la fin de leur expérience. Les résultats de cette étude à gran- de échelle seront dévoilés d’ici la fin de l’été. Pour Christophe Ménozzi, qui a assisté à toutes les séances, cette expérience doit servir à montrer que “le vin est synonyme de plaisir en trou- vant dans le cerveau les zones où sont activées les émotions. L’idée aussi est de rechercher où se situent le goût et la mémoire du goût, voir quelles sont les parties du cerveau qui sont acti- vées par le plaisir. Et si on pou- vait redonner une partie de ces

choses-là à des personnes malades, ce serait formi- dable” estime le sommelier. Les personnes qui se sont prêtées au test ont volontairement été choisies dans un éven- tail très large d’âge, entre 23 et 68 ans. Chaque patient présente donc une activité cérébrale diffé- rente en fonc- tion de son

Un “cobaye” amateur de vin s’installe sur l’I.R.M., sous le regard attentif du sommelier franc-comtois Christophe Ménozzi.

“La rééducation fonctionnelle du cerveau.”

expérience par rapport au vin. Les résultats seront ensuite comparés. Au-delà du côté inédit de cette expérimentation, c’est bien la science et la connaissance du cerveau qui sont censées avan- cer. “L’objectif est vraiment de mieux connaître les zones du cerveau reliées les unes aux autres, poursuit Lionel Pazart. On est dans le domaine de la recherche translationnelle, c’est- à-dire que l’on sort des connais- sances fondamentales pour des applications pratiques, notam- ment dans le domaine de la rééducation fonctionnelle du cer- veau pour certains patients.” La restitution complète des résultats de cette expérience inédite sera présentée à l’automne. Avant cela, un congrès auquel participeront des chercheurs du C.H.U. aura lieu à Barcelone fin juin où il sera question de cette initiati- ve bisontine qui doit également faire l’objet d’une publication dans les revues scientifiques internationales. Voilà où peut mener aussi l’amour du vin… J.-F.H.

ZAC CHATEAUFARINE - BESANÇON Horaires : lundi au vendredi 9h30 à 12h et 14h à 18h30 et le samedi 9h à 12h et 14h à 18h Ouverture aux professionnels dès 8h du lundi au vendredi 0 825 824 125

Les instructions sont données par Alexandre Comte, nieur de recherche au C.H.U.

CUISINE • SALLE DE BAIN • INTÉRIEUR • EXTÉRIEUR

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