La Presse Bisontine 107 - Février 2010

BESANÇON

La Presse Bisontine n° 107 - Février 2010

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TRANSPORTS L’accès de la clientèle Les commerçants du quai ne veulent pas du tramway

La F.N.A.U.T. continue à croire au passage par la Boucle La Fédération Nationale des Associations d’Usagers des Transports et l’association des usagers de la bicyclette désapprouvent totalement l’option “quais ”. L es responsables locaux de la F.N.A.U.T. et de lʼA.U.T.A.B., Fran- çois Jeannin et Patrick Noblet, sʼinsurgent contre la nouvelle mouture du projet. “Nous avons appris avec stupeur la décision du bureau de la C.A.G.B. de poursuite des études sur la variante par les quais. En toute logique, ce tracé devrait être soumis aux mêmes contraintes (absence d’alimentation par lignes aériennes) puisque le secteur de Bat- tant dispose d’un plan de sauvegarde et de mise en valeur opposable, alors que celui de la Boucle est en cours d’élaboration. Cet élément retire toute pertinence aux partisans du passage par les quais, auquel il faut ajouter un surcoût engendré par des études supplé- mentaires nécessaires, la faisabilité qui reste à démontrer, la recons- truction du pont Battant, un rallongement du tracé, l’abattage des arbres partie intégrante du patrimoine cher aux Bisontins et surtout une des- serte de la Boucle très partielle nécessitant le maintien de nombreux pas- sages de bus. Dans ce contexte, nous continuons à soutenir le tracé par la Boucle qui ne doit pas être abandonné et reste à nos yeux le plus per- tinent” disent les deux responsables associatifs.

“P our nous, c’est non” tranche Marie-Madeleine Roquelet, la gérante du tabac-presse situé quai Veil-Picard. “Les gens ne peuvent déjà plus se garer ni circuler, où va-t-on stationner, nous com- merçants et où vont stationner les rive- rains ?” se demande la commerçante très inquiète depuis que les élus de la C.A.G.B. ont confirmé, dans la séance houleuse du 21 décembre dernier, d’approfondir les études sur un éven- tuel passage du futur tramway le long du quai. La buraliste n’est pas la seule à exprimer son désaccord. “Pourvu que ça ne se fasse pas ! Ce tram ne nous passer le tram au centre-vil- le, les commerçants du sec- teur crient leur désapproba- tion. Le casse-tête continue. Alors que l’option “quais” est mise à l’étude suite au refus du préfet de voir

Les quais seront-ils assez larges pour que deux tramways se croisent ?

ne rassure pas du tout les commerçants du quai. “Ils ne vont pas nous indemni- ser sur nos bilans, on ne peut pas attendre plusieurs mois avant d’être indemnisés. Qu’est-ce qu'on va devenir pendant les travaux ?” s’inquiète M me Roquelet. La C.A.G.B. s’est donnée 6 mois pour étudier le passage par les quais. Dans cette hypothèse, le tracé est plus long de 350 m, et plus compliqué car quatre ponts devront être franchis : le pont Charles De Gaulle jusqu’à Chamars, puis le pont Canot jusqu’au quai Veil- Picard, le pont Battant pour entrer à nouveau dans la Boucle et le pont de la République pour en ressortir ! Un tra- cé alambiqué qui, pour l’instant, ne semble convaincre que le préfet. J.-F.H.

cette ville d’à peine 120 000 habitants, c’est de la folie” estime le commerçant. Tous se disent également outrés de la mollesse des Verts bisontins qui cau- tionnent l’abattage programmé des arbres du quai. Célestin Ferreira, responsable du maga- sin d’électroménager du quai Veil-Picard, déplore également le scénario par les quais. “Comment se fera l’accès de notre clientèle en voiture pour l’achat ou le dépôt de matériel pour réparation ? Et notre propre accès, nous qui faisons des allées et venues toute la journée pour notre service en clientèle ? Sans parler des difficultés pour les piétons de lon- ger le quai en sachant que sur la lar- geur du quai ils veulent faire se croiser deux trams ! C’est aberrant” relate cet autre commerçant. La commission d’indemnisation promi- se par le maire pour compenser les pertes de chiffre d’affaires liées aux travaux

apportera rien de plus. Besançon n’est pas une vil- le à supporter des dépenses aussi importantes. Avec un peu de cet argent, qu’ils fas- sent des parkings. Plus per- sonne ne vient en ville, la période d’avant Noël a été catastrophique” enchérit la tenancière d’un bar situé rue d’Arènes. Un peu plus loin, au maga- sin d’antiquités Gérard Merchat, on apporte les mêmes commentaires spon- tanés : “Besançon perd des habitants. 36 mois de tra- vaux pour un tramway dans

“Pourvu que ça ne se fasse pas !”

Les arbres qui bordent le quai doivent être sacrifiés.

TRAVAUX

Le pont Battant doit être détruit Si l’hypothèse du passage du tram par les quais est validée, le pont Battant devra entièrement être reconstruit.

La position “réservée” des Verts Les Verts de l’agglomération bisontine prennent acte de la décision de la C.A.G.B. d’engager des études pour le pas- sage par les quais. Mais sont plus mesurés qu’avant… L es Verts expriment dʼabord leur “désaccord total avec les méthodes utili- sées par l’autorité préfectorale. Son positionnement tardif (pas d’avis contrai- re dans les premières discussions autour du projet) et confus (l’argument sur les secteurs sauvegardés est pour le moins incohérent), pose la question de l’autonomie réelle des collectivités territoriales. Qu’une décision aussi lourde que la construction d’un tramway suscite des débats est une chose qui relève de la démocratie. Que la décision finale puisse être contrainte par un positionnement partial du représentant de l’État en est une autre, en l’occurrence inacceptable” disent les Verts. Sur le fond, les Verts de lʼagglomération bisontine rappellent quʼils sont “attachés depuis longtemps au développement d’une offre de transport capable d’enrayer l’augmentation régulière de l’utilisation de la voiture.” Mais ils sont aussi “conscients que la taille de l’agglomération bisontine la situe, en l’état actuel des choses, aux limites de la rentabilité d’un tramway” , ils voient toutefois dans cet équipement “une réponse volontariste, appropriée aux exi- gences futures qu’imposent les crises énergétique et climatique.” Concernant le tracé, ils rappellent que le passage par les quais leur apparaît “moins pertinent que le passage par la Boucle (mauvaise desserte du haut de la Boucle, maintien des lignes de bus traversant le centre historique…).” Ils sʼinquiètent également des coûts supplémentaires (allongement de la ligne, éventuelle, conso- lidation des quais, transformation anticipée du pont Battant) qui pourraient rendre le budget initial “difficile à tenir.” En revanche, plus un mot sur lʼabattage des arbres qui les avait pourtant émus lors des premières discussions autour du tramway.

L e pont Battant, reconstruit au milieu des années cinquante est un des deux derniers exemples en France d’ouvrage d’art construit selon la tech- nique dite du “béton pré-contraint”. Le béton, com- primé, permet des portées plus longues et d’éviter ainsi la construction de piles reposant au fond de l’eau. En France, cinq ponts seulement ont été édi- fiés selon cette technique qui a rapidement été rem- placée par d’autres. L’obligation du “pré-contraint” est de “retendre le pont tous les 15 ou 20 ans car le béton fatigue” résument les services techniques de la ville.

Si le tramway passe par les quais, la configuration du pont Battant ne sera pas adaptée au passage de ce nouveau mode de transport. La ville avait pré- vu, d’ici une dizaine d’années, de refaire le pont qui au bout de 50 ans, arrive à fin de vie. “Quoiqu’il arri- ve, le pont Battant aurait fait l’objet d’une recons- truction. Si les travaux du tram se confirment, la reconstruction du pont sera donc avancée de quelques années.” Un coût supplémentaire qui sera, pour le coup, cer- tainement supporté par la ville, en plus de la fac- ture “tramway” prise en charge par la C.A.G.B.

Le pont Battant sera démoli puis reconstruit.

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