La Presse Bisontine 107 - Février 2010

BESANÇON

La Presse Bisontine n° 107 - Février 2010

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VIE PROFESSIONNELLE Éducation Profs au volant… Ils habitent Besançon et enseignent à Mouthe, soit 4 heures de voiture au quotidien pour se rendre dans leur collège. Est-ce le prix à payer pour éviter un établissement en zone sensible ?

L evés à 5 heures dumatin, au volant à 6 h 30, en poste à 8 heures et un retour à la maison pas avant 18 heures. Ce timing res- semble plus à un horaire de frontalier suisse qu’à celui d’un fonctionnaire… Et pourtant, c’est bien celui de deux profes- seurs bisontins qui se rendent quatre voire cinq jours par semaine au collège de la Sour- ce à Mouthe pour enseigner.Au total : 200 kilomètres aller-retour

la porte de leur salle de classe. “Lorsqu’il y a beaucoup de nei- ge, nous avons parfois quelques minutes de retardmais les élèves comprennent et nous deman- dent toujours si nous avons fait bonne route” raconte Julien Lagalice, 29 ans, professeur d’Histoire et Géographie. En tant que titulaire de zone de remplacement (T.Z.R.), Julien n’a pas eu le choix du lieu d’affectation à l’autre bout du département : “Le 28 août, j’ai appris que j’étais affecté à Mouthe… Le 1 er septembre, j’enseignais là-bas” confie le jeu- ne homme. Professeur d’anglais, sa collègue Lucie Tonnaire enseigne depuis deux ans dans le village le plus froid de Fran- ce et n’a pas eu le choix, même si elle aurait pu demander un établissement sensible à Besan- çon. Elle ne l’a pas fait. D’où cette question posée : “Préférez- vous parcourir 200 km pour enseigner à Mouthe que vous rendre dans un collège bisontin difficile ou classé en Zone d’éducation prioritaire (Z.E.P.) ?” Julie Tonnaire répond sans détour : “Disons que c’est une consolation… On fait des kilo- mètres pour une meilleure qua- lité de travail.” De son côté, Julien avoue que les conditions d’enseignement dans un collège “plus rural” sont nettement différentes que celles rencontrées dans des secteurs sensibles : “Pour l’anecdote, j’ai reçu des petits cadeaux, des confi-

tures, du choco- lat, des des- s i n s … ” D e s attentions que l’on ne verrait pas ailleurs selon lui. Des petits lots de consolation pour profs fatigués qui ont des parades comme par exemple de corriger une der- nière copie dans la voiture ou de terminer sa nuit le visage appuyé contre la vitre. Comme sa col- lègue avec laquelle il co-voi- ture, Julien Lagalice confir- me qu’il préfère passer des heures au volant pour obtenir ce

Julien Lagalice et Lucie Tonnaire : deux enseignants

qui n’ont pas froid aux yeux…

tous les jours. Bref, quand le réveil de Julien Lagalice et celui de sa collègue Lucie Tonnaire sonne, leurs élèves ont enco- re plusieurs heures de som- meil à égrener. Le point de départ est fixé à 6 h 30 parking Rivotte à Besan- çon. Direction Mouthe via la côte de Morre et Pontarlier pour une arrivée au collège deux plus tard. C’est ici avec plusieurs degrés en moins et 600 mètres d’altitude en plus que les deux jeunes pro- fesseurs ouvrent

“Une sorte de consolation.”

confort qui lui permet d’exercer plus facilement son métier. Une “tranquillité” qui a un prix : la fatigue et un coût économique puisque l’Éducation Nationale ne prend pas en charge les frais de déplacement. “Heureusement, le principal a été assez conci- liant avec nous en regroupant nos heures afin de pouvoir uti- liser lamême voiture.” C’est dans l’adversité que la solidarité naît…Un bon sujet d’éducation civique. E.Ch.

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