La Presse Bisontine 106 - Janvier 2010
BESANÇON
La Presse Bisontine n° 106 - Janvier 2010
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INTERVIEW Finie la politique Paulette Guinchard : “Je regarde la vie différemment” Plus de deux ans après son retrait définitif de la vie politique, l’ancienne députée bisontine et secrétaire d’État aux Personnes Âgées répond aux questions de La Presse Bisontine. Avec la maladie, la fragi- lité et une pudeur naturelle en toile de fond de ses propos.
L a Presse Bisontine : Comment allez-vous Paulette Guinchard ? Paulette Guinchard : Pour le moment, je me remets dou- cement de la maladie. J’ai repris une vie normale, je vis surtout dans le Haut-Doubs maintenant. J’ai recommencé à faire les choses essen- tielles de la vie :marcher, voir des amis, ma famille, lire…Autant de choses que je faisais plus. La maladie fait bouger tellement de choses que l’on aspire maintenant à retrouver les choses simples. L.P.B. : À quoi ressemble votre nouvelle vie ? P.G. : Je retrouve beaucoup de choses que j’avais apprises quand j’étais peti- te, comme la broderie par exemple, et que je n’avais plus du tout le temps de faire. Et surtout la lecture. Je lis beau- coup alors que je ne le faisais plus du tout quand j’étais députée. Je découvre ou redécouvre les romans et j’ai décou- vert les polars américains, très bien écrits, que je prends beaucoup de plai- sir à lire. L.P.B. : La page de la politique est définitive- ment tournée pour vous ? P.G. : Définitivement. Je recommence seulement à regarder la vie politique nationale et locale, mais avec un peu plus de recul qu’avant. L.P.B. : C’est la maladie qui vous avait fait prendre cette décision de mettre un terme à votre engagement politique il y a deux ans ? P.G. : Pas la maladie, parce que je l’ai su un peu plus tard. Mais c’est la fatigue, une grande fatigue que j’avais en moi. Physiquement, je n’aurais pas pu tenir, je n’aurais pas été à la hau- teur. Par honnêteté vis-à-vis des gens, ce n’aurait pas été possible. Pendant toutes ces années, je n’avais sans dou- te pas fait assez attention à moi, je ne m’étais pas assez protégée alors qu’en fait, j’étais beaucoup plus “abîmée” que je ne le pensais. Mais à aucun moment, je ne regrette cette décision d’avoir arrêté. Si j’avais
continué, je me serais certainement mise en danger. L.P.B. : Vous auriez été réélue pourtant… P.G. : Peut-être. Ça aurait changé un peu la donne sur le plan local, ça n’aurait pas bouleversé le paysage politique national… L.P.B. : Vous venez de passer le cap de la soixantaine. Avez-vous le sentiment d’avoir franchi une étape et être passée du côté des “vieux” pour lesquels vous avez tant travaillé ? P.G. : Certainement, et j’aborde cette période de ma vie de façon plutôt serei- ne. Ce temps-là me permet de retrou- ver les choses que l’on ne faisait plus, et avec du temps. Tant que je n’ai pas de difficultés liées au grand âge, tout va bien. Je vis un peu au ralenti. Mais aujourd’hui, je regarde la vie diffé- remment. L.P.B. : Avec quel regard ? P.G. : Je regarde le monde qui nous entoure, je regarde la nature, l’organisation du monde, les oiseaux, je découvre tous les gens qui sont autour de moi, je privilégie les relations
humaines…Toutes les choses essentielles à côté desquelles on pas- se trop souvent. L.P.B. : Ressentez-vous une vraie fierté d’avoir contri- bué à faire évoluer la façon dont on aborde la question des personnes âgées dans notre pays ? P.G. : J’estime juste avoir eu de la chance de pou- voir participer à lamise en place d’une politique. J’avais certainement cela en moi, c’est pour cela que je parle de chance qui m’a été don- née de pouvoir me retrouver au plus niveau, de pouvoir déci- der des choses et d’avoir
“Je ne m’étais pas assez protégée.”
Paulette Guinchard a fait une réapparition publique le 5 décembre pour l’inauguration de la Maison des seniors dont elle est la présidente d’honneur.
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