La Presse Bisontine 105 - Décembre 2009

BESANÇON

La Presse Bisontine n° 105 - Décembre 2009

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BESANÇON

Architecte horloger optimiste

Le redressement judiciaire n’a pas anéanti les projets du créateur de montre bisontin, qui a dans l’idée de lancer une nouvelle collection “Chronomètre de Besançon”. Alain Silberstein s’accroche à ses projets

des donneurs d’ordres. “Nous sommes tous dans le même bateau. Le fait d’être fragile est une chose,mais il faut être trans- parent. Si vous n’êtes pas légi- time dans votre approche, vous êtes mort” constate Alain Sil- berstein. Si tel est le cas, alors l’architecte horloger qui reven- dique son indépendance devrait s’en sortir. Il ne cache rien sur la fabrication de ses produits, l’origine des mouvements qu’il utilise, le réseau de sous-trai- tants (français pour la plupart) sur lequel il s’appuie pour mettre en œuvre ses idées. Les distri- buteurs de la marque savent à qui ils ont affaire. Cette crédi- bilité lui permettra peut-être de préserver son réseau de dis-

L e 26 octobre, le Tribu- nal de Commerce de Besançon a renouvelé pour six mois la pério- de d’observation de l’entreprise Alain Silberstein Création qui fait l’objet d’une procédure de redressement judi- ciaire le 27 avril. L’architecte horloger, qui se définit lui-même ainsi, fait les frais, comme tou- te la profession, des tumultes de la conjoncture. En 2008, le distributeur principal de la

marque française de luxe en Russie a repoussé puis annulé toutes ses commandes. Cette décision a déstabilisé l’entreprise bisontine tournée à 98 % vers l’export et amputée d’un coup de 25 % de son chiffre d’affaires. Malgré les difficultés dumoment, Alain Silberstein n’est pas d’une nature défaitiste. Il n’a pas l’intention de tirer un trait sur 22 ans d’activité durant les- quelles il a vendu 30 000 montres. “Aujourd’hui, être entre-

preneur, c’est une prise de risque. Déposer le bilan fait partie des lois françaises qui protègent l’entreprise quand elle fait face à des difficultés conjoncturelles, ce qui est mon cas” dit-il. Les marchés horlogers sont atones. Toutes les marques de montres, aussi prestigieuses soient-elles, s’enlisent à des degrés divers. Par ricochet, les sous-traitants dévissent, eux qui ont investi massivement pour honorer les commandes

Alain Silberstein participera à deux salons importants en 2010 : celui de Bâle et le G.T.E. (Geneva Time Exhibition), un nouveau salon qui réunira une quarantaine d’horlogers indépendants.

tribution à travers le monde. La mauvaise passe que traver- se Alain Silberstein n’altère ni sa créativité ni son optimisme. “Le dépôt de bilan n’a pas anéan- ti mes projets” explique l’entrepreneur qui emploie ave- nue Cusenier à Besançon, une dizaine de personnes. En effet, il revient d’une tour- née de dix jours en Asie durant laquelle il a présenté la nou- velle H.M. N° 2.2 “Black Box”, une montre contemporaine hybride puisque ce modèle a été développé en association avec Maximilian Büsser de MB & F (une entreprise spécialisée dans la conception et fabrication de montres conceptuelles en petites séries). Ce produit a reçu un accueil favorable à Singapour, une des places fortes de l’horlogerie de luxe en Asie. Par ailleurs, Alain Silberstein est bien décidé à faire entrer la marque éponyme dans une nou- velle ère en élargissant sa gam- me de produits. “L’avenir de l’entreprise passe par le déve- loppement de mouvements méca- niques manufacturés que j’ai mis au point” explique-t-il, en précisant qu’il n’a pas l’intention, lui, de se lancer dans la créa- tion d’une manufacture d’horlogerie. “À chacun son

métier.” Il s’est adossé pour cela à la Fabrication deMontres Nor- mandes, unemanufacture située à Brionne (Eure) et dirigée par Karsten Frässdorf. Mais aujourd’hui, l’aboutissement du projet néces- site l’intervention d’investisseurs extérieurs que recherche l’architecte horloger. “Les pro- duits que je fabrique actuelle- ment se vendent entre 8 000 et 10 000 euros prix public. Le prix d’entrée des montres que je pré-

pare sera de l’ordre de 30 000 euros. Il faut savoir que déve- lopper un mouve- ment coûte trois plus cher qu’un autre” explique Alain Sil- berstein qui a dans l’idée de créer une collection baptisée “Chronomètre de Besançon”. L’attachement à sa région et en ses forces vives est aus- si un trait de carac- tère de cet indépen- dant qui se moque du swiss made , “la marque de ceux qui n’ont pas de marque.” T.C.

“Le dépôt de bilan n’a pas anéanti mes projets.”

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