La Presse Bisontine 104 - Novembre 2009

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La Presse Bisontine n° 104 - Novembre 2009

RÉACTIONS

Pas plus de 220 millions

“Je ne suis ni isolé,

ni menacé, ni contesté”

L a Presse Bisontine : Avec les difficultés qui s’accumulent sur le dossier et la crise écono- mique en plus, pourquoi ne laissez-vous pas tom- ber ce fastidieux projet de tramway ? Jean-Louis Fousseret : De ce dossier, j’en tire pour l’instant plutôt des “emmerdes” que des béné- fices. Mais je préfère être un maire qui est cri- tiqué et qui essaie de faire bouger la ville qu’un maire qui ne fait rien. Je veux faire avancer cet- te ville. L.P.B. : À n’importe quel prix ? J.-L.F. : Je n’ai aucune envie ni intention de plan- ter la ville ou l’agglomération. Mais c’est parce que je reste persuadé que la question des dépla- cements devient un problème majeur et que la mobilité dans une ville est primordiale pour son développement que je tiens à réaliser ce projet. Je veux que Besançon ait un avenir. Cela passe par l’amélioration de la mobilité. Mais cela ne se fera pas à n’importe quel prix. L.P.B. : L’enveloppe de 220 millions paraît intenable ! J.-L.F. : J’ai pris mes engagements et je le répè- te : l’enveloppe que nous nous sommes fixée, c’est 200millions plus oumoins 20millions. S’il advient que pour des raisons techniques, cette envelop- pe est impossible à tenir, je reviendrai devant l’assemblée de la C.A.G.B. Pour l’instant, ce chiffre est toujours validé par nos assistants de maî- trise d’ouvrage. Ce tramway, on va trouver des solutions pour le faire. Je le répète, sur ce dos- sier, je n’ai ni envie de me planter moi, ni envie de planter l’agglo. sujet. Et en profite pour balancer quelques tacles. On le dit parfois bousculé sur son grand projet de tramway, isolé ou en difficulté. Jean-Louis Fousseret réaffirme sa volonté sur le

J.-L.F. : En Allemagne, un tramway comme on veut en faire un, c’est 150 millions d’euros. Le cahier des charges en France n’est pas le même. Il faudrait mettre de la double voie partout. Ici, nous pouvons éviter de mettre de la double voie partout. L.P.B. : Vous avez balayé d’un revers de la main l’idée de Philippe Gonon d’organiser un référendum sur le sujet. Pourquoi ? J.-L.F. : Un référendum, ça s’organise éventuel- lement avant qu’un projet soit validé. L’engagement des élus de la C.A.G.B. sur le tram- way a été pris le 18 décembre 2008. Deuxième- ment, il faudrait pour que le référendum soit décisionnaire, que les maires des 59 communes l’organisent dans chaque commune. Et si on adopte systématiquement cette méthode-là, chaque projet de ligneT.G.V. en France, d’autoroute ou d’implantation d’entreprise serait bloqué, c’est évident. L’idée de Philippe Gonon corres- pond uniquement à son besoin de faire parler de lui pour satisfaire son ego. Et il faut être gon- flé de demander un référendum sur un sujet pour lequel il n’avait même pas pris part au vote ! L.P.B. : Comment pouvez-vous faire des simulations sur le versement transport alors que la situation économique est de plus en plus incertaine ? J.-L.F. : Il y a un moment où il faut bien avancer. On ne sait même pas si les communes vont enco- re exister dans quelques années alors comment peut-on être sûr des chiffres à l’euro près ? Je continue à être clair et transparent. Si les condi- tions ne sont pas réunies, je le dis à nouveau, on en rediscute. L.P.B. : Que répondez-vous aux chefs d’entreprise qui s’offusquent contre le versement transport, la taxe qui financera le tramway ? J.-L.F. : Je m’explique avec eux et je leur fais comprendre que si le gouvernement nous don- nait les moyens pour faire le tramway sans taxer les entreprises, il est évident que je serais le pre- mier à le faire. Les difficultés actuelles de cer- taines entreprises ne sont pas liées au verse- ment transport, c’est faux de dire cela. L.P.B. : Le tramway prend du retard, l’enquête publique est décalée de trois mois. Imaginez-vous que le tramway puisse ne pas être terminé avant la fin de ce mandat ? J.-L.F. : Je préférerais bien sûr qu’il soit fait avant 2014 ( sourire …). Mais ce qui est important, c’est qu’il soit lancé. L.P.B. : Ferez-vous travailler Alstom ? J.-L.F. : La meilleure solution pour que ce soit Alstom, c’est qu’Alstom soit le meilleur au niveau des prix. Mais venir demander à un élu de ne pas respecter les procédures européennes de mise en concurrence, c’est mal connaître le sys- tème. J’ai toujours respecté les lois. L.P.B. : Ce dossier vous empoisonne le mandat ? J.-L.F. : Ai-je l’impression d’être en train de tra- verser une mauvaise passe ou de ne pas être serein ? Tous les jours quand je viens à mon bureau, je sais que j’aurai plusieurs difficultés à régler. Je suis zen. Et je ne suis ni isolé, ni menacé, ni contesté dans mon camp. Sur ce dos- sier, je ne suis pas inquiet. J’ai tellement dit clai- rement ce que je voulais faire. L.P.B. : L’argent du tramway, ne peut-on pas le mettre dans la fin du contournement de Besançon ? J.-L.F. : Je comprends que des Bisontins puissent se poser cette question. Il faut savoir que l’argent qui sert à financer le tramway vient du verse- ment transport. Si demain, par malheur il ne devait pas y avoir de tram, ça ne changerait stric- tement rien : on ne pourrait pas utiliser cet argent pour le contournement. Ceux qui affirment le contraire ne connaissent pas la question ou sont de mauvaise foi.

L.P.B. : Vous êtes un maire… têtu ! J.-L.F. : Ce n’est pas de l’entêtement ni une obsession. Ce qui est une obsession pour moi, c’est que Besançon continue à avancer. L.P.B. : Ce n’est pas non plus le désir d’un maire qui veut avoir un tramway comme toutes les grandes villes ? J.-L.F. : Ce n’est pas pour faire com- me les autres, mais sans T.C.S.P., il est clair que Besançon perdra une part de ses attraits. Tous les maires, qu’ils soient de droite ou de gauche, ont fait la même ana- lyse que nous sur la mobilité dans les villes. À Clermont-Ferrand, le tramway devait transporter 35 000 personnes par jour, il en transporte 70 000. Un tramway, c’est plus qu’un moyen de trans- port, c’est aussi un moyen de redessiner la physionomie d’une agglomération. L.P.B. : Le recours de l’État contre la configuration prévue du tramway en centre-ville, avec des lignes aériennes, change une fois de plus la donne finan- cière ? J.-L.F. : Il y a un problème nou- veau, je m’attache à le résoudre. Nous tenterons de trouver des solutions sur ce point. Mais si l’État nous impose une alimen- tation par le sol à certains endroits, il faut assumer derrière et qu’il le paye ce surcoût ! L.P.B. : Comment encore une fois comp- tez-vous maîtriser les coûts ?

“Philippe Gonon veut

satisfaire son ego.”

Jean-Louis Fousseret ne reviendra pas sur son projet de tramway : “On trouvera une solution” affirme-t-il.

sants soient des opposants qui proposent des solutions pour avancer. À Besançon, il y a une opposition mais pas de propositions. L.P.B. : Ne tombez-vous pas un peu dans l’excès de confian- ce ? J.-L.F. : Pas du tout. J’ai juste la sérénité de quel- qu’un qui n’a pas d’intérêt personnel à défendre mais qui veut bouger pour sa ville. Ce boulot me passionne. L.P.B. : Cette sérénité vous redonne-t-elle envie de rac- crocher avec une vie parlementaire ? J.-L.F. : Pas pour l’instant.

L.P.B. : Autre question sur votre état d’esprit du moment : pourquoi n’êtes-vous pas favorable à ce que les conseils municipaux soient filmés et retransmis ? J.-L.F. : J’ai été député et j’ai vu que là où les débats étaient les plus faux, les plus politisés et qui n’apportaient rien, c’est quand ils sont retrans- mis le mardi et le mercredi après-midi à la télé- vision. Je suis réticent sur cette question car cela risquerait de transformer le conseil muni- cipal en une vaste salle de théâtre. L.P.B. : Le MoDem Philippe Gonon est votre nouvelle bête noire ? J.-L.F. : Je n’ai pas de bête noire, j’ai passé le temps d’en avoir. Je souhaite seulement que mes oppo-

Propos recueillis par J.-F.H.

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