La Presse Bisontine 103 - Octobre 2009

La Presse Bisontine n° 103 - Octobre 2009

22 DOSSIER

TEST

Les banques jouent-elles le jeu ?

Les banques

prêtent à nouveau Incognito, La Presse Bisontine s’est rendue dans quatre banques de Besançon pour le financement d’un projet immobilier à hauteur de 200 000 euros. Les taux varient de 4 à 5 %. Un établissement nous refuse le prêt.

S acoche dans une main, stylo dans l’autre, direction quatre banques installées au centre-ville de Besançon afin d’obtenir un crédit immobi- lier. Objectif : savoir si oui ou non, les banques rouvrent à nouveau le robinet du crédit aux particuliers.À notre gran- de surprise, la prise de ren- dez-vous se fait rapidement. Début septembre, le plan- ning des conseillers ne semble pas surchargé comme il a pu l’être en 2006 ou 2007. Un appel téléphonique à la pla- te-forme du CIC, LCL (Cré- dit Lyonnais), Crédit Mutuel et un appel à l’agence du Cré- dit Agricole : voilà la journée calée. Comptez une heure d’entretien, entre la prise d’informations (identité, fonc- tion) et la simulation de finan- cement. À écouter les pro- fessionnels du monde bancaire, la baisse de la demande de crédit fut sévè- re au premier semestre de cette année. Depuis sep- tembre, le redémarrage se fait sentir. Les particuliers veulent à nouveau acheter. Reste à savoir si les prêteurs jouent le jeu. Concernant le dossier pré- senté, nous l’avons gonflé à juste titre. À savoir une demande de prêt sur une som- me importante (200 000 euros) et sur une durée longue (360 mois) avec un revenu du ménage situé dans la moyenne nationale (3 000 euros pour le couple).

Quant au prêt à taux 0, très avantageux pour les primo- accédants, il ne nous est pas accordé pour une raison simple : le revenu fiscal pré- senté sur l’avis d’imposition 2009 est trop élevé. Il faut que celui-ci ne dépasse par 31 588 (pour 2 personnes) pour une demande en zone B (agglomération de plus de 50 000 habitants et com- munes chères situées aux franges de l’agglomération parisienne, en zones littorales ou frontalières).Enfin,l’apport personnel est fixé à 10 000 euros. Selon l’Association française des usagers des banques, les banques sont récalcitrantes quant à l’idée de prêter sur de longues durées. Bizarre- ment, la réponse est autre sur le terrain. Ni le Crédit Lyonnais, ni le CIC, ni le Cré- dit Agricole et encore moins le Crédit Mutuel ne semblent frileux à l’idée de prêter sur ce genre de durée. En revanche, ils prennent des garanties. Une banque seu- lement demande un examen plus poussé de l’état de san- té de vous ou de votre com- pagne. Après un mois d’août quasi stable, les taux des cré- dits immobiliers sont repar- tis à la baisse en cette rentrée immobilière. À la mi-sep- tembre, les taux du marché affichent une baisse généra- le comprise entre -0.05 % et - 0.10 % selon les durées. Les écarts sont tout de même importants. À ce petit jeu, le

CIC est le mieux placé (4,4 % hors assurance) alors que LCL fait figure de moins bon élè- ve (5,2 % hors assurance). Le Crédit Agricole nous propose un taux à 4,80, le Crédit Mutuel à 4,7 %. Au LCL, notre demande est refusée.Banque lamoins tou- chéepar la crisedes subprimes , LCL considère que le taux d’endettement est trop élevé (proche des 40%). “Il y a deux ans, nous l’aurions accepté. Encore 37 %, ça passe mais pas 40%” convient la conseillè- re banquière.LeCréditMutuel refuse également notre offre avant un nouveau calcul. Par miracle : ça passe ! Réponse de la banque : “En sachant que vous n’êtes pas au SMIC, nous prêtons”. Le CréditAgri- cole joue le jeu et accepte de travailler avec nous,même si les frais de dossiers sont de 50 euros plus élevés qu’au LCL (650 euros).LeCICaccep- te le dossier et semble lemieux placé mais convient qu’il fau- dra l’appuyer avant de le trans- mettre au siège. Bref, les instituts bancaires semblent rouvrir le robinet même si chez les vendeurs d’appartements ou maisons, le constat semble différent. Ils estiment avoir des touches mais ne trouvent pas d’acheteurs crédibles au moment de signer l’acte de vente. Est-ce la faute aux banques ou à des propriétaires trop gourmands ? Sans dou- te un peu des deux. E.Ch.

Notre dossier de prêt - Un couple de moins de 30 ans, sans enfant, en C.D.I., souhaite acquérir un appartement dʼenviron 90 m 2 proche du centre-ville. - Revenu imposable 2009 : 45 000 euros. Le prêt à taux 0 nʼest pas accordé. - Revenu du couple : 3 000 euros par mois. Salariés dans le privé. - Montant de lʼopération : 200 000 euros. - Apport personnel : 10 000 euros. - Prêts en cours : prêt voiture (290 euros par mois, qui se termine en janvier 2010). - Non-fumeur (cʼest important pour lʼassurance). - Durée du crédit souhaitée : 30 ans. - Montant du prêt par mois souhaité : de 800 à 1 000 euros. Les mieux positionnés en taux fixe (durée de 30 ans).

Étude valable jusquʼau 16 octobre. 1. CIC : . . . . . . . . . . . . . . .4,4 %. 2. Crédit Mutuel : . . . . . . .4,7 % 3. Crédit Agricole : . . . . . .4,8 %. 4. LCL : . . . . . . . . . . . . . .5,2 %. Les frais de dossiers Crédit Agricole : . . . . . . . .650 euros. LCL : . . . . . . . . . . . . . . . .690 euros. Crédit Mutuel : . . . . . . . . .150 euros. CIC : . . . . . . . . . . . . . . . . .300 euros

N.D.L.R. : le choix de ces quatre banques s’est fait par tirage au sort.

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