La Presse Bisontine 101 - Juillet-Août 2009

ÉCONOMIE

La Presse Bisontine n° 101 - Juillet-août 2009

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AVANNE

Restructuration “Nous vivons dans une société où le jeu est partout” Selon Christian Godet, la crise est une des explications à la baisse d’activité du casino de Besançon. Mais ce n’est pas la seule. La légalisation des paris sur Internet s’annonce comme un concurrent tenace.

L a Presse Bisontine : Dans le contexte économique actuel, comment se com- porte l’activité des casinos ? Christian Godet : Mal, très mal. C’est vrai pour les casinos du monde entier. Chaque mois je suis les résultats de l’activité.Unemajorité d’établissements font face à une baisse de leur chiffre d’affaires. En France, le marché a recu- lé de 8 % l’année dernière. Mais il y a toujours des exceptions dans le cas par exemple de la création d’un nouveau casino. L.P.B. : La crise économique est-elle la raison principale à ce recul ? C.D. : Non. La crise est venue s’ajouter à d’autres éléments comme le contrô- le d’identité obligatoire à l’entrée des casinos et l’interdiction de fumée qui a eu un impact. Environ 70 % des joueurs fumaient dans le casino à des degrés divers. Fumer et jouer vont de pair. La fumée fait partie de l’adrénaline et du jeu. Certes, il y a maintenant des cabines qui sont d’ailleurs beaucoup utilisées mais nous avons perdu la “fumée plaisir”. L.P.B. : Y a-t-il une exception bisontine ? C.D. : En Franche-Comté, le chômage

et la crainte que certaines personnes ont de perdre leur emploi ont une inci- dence. Cet ensemble de problèmes est accentué à Besançon car ce n’est pas une ville de destination comme peu- vent l’être des villes situées en bord de mer. Je n’ai pas une clientèle tou- ristique comme d’autres casinos peu- vent en avoir, ce qui leur permet d’enregistrer des pics d’activité. Dans les villes de destination, les visi- teurs se cherchent des occupations et le casino fait partie des sorties. L.P.B. : Pourtant en apparence, l’économie du jeu semble en croissance. Ce n’est qu’une apparence ? C.D. : Le jeu en effet n’est pas en bais- se. Il y a d’ailleurs une montée en puis- sance du P.M.U., des jeux de la Fran- çaise des Jeux, et maintenant des jeux en ligne. Ces secteurs concurrencent les casinos traditionnels. Nous vivons dans une société où le jeu est partout. Elle s’est approprié le jeu qui était jusque-là notre domaine. L.P.B. :Début 2010,la France légalisera les paris en ligne. Redoutez-vous que cette décision accentue un plus les difficultés des casinos ? C.D. : Cette légalisation va donner un

coup de projeteur sur ce créneau dans lequel une foulti- tude de sociétés s’apprêtent à

s’engouffrer. Les moyens de promo- tion du jeu sur Internet seront de fait démultipliés. Au milieu de cette cacophonie, les casi- notiers classiques existeront toujours. Mais ce sera diffi- cile de se faire entendre si ce n’est en marquant notre différence.

Christian Godet explique que les jeux de tables ont le vent en poupe.

no aux alentours de 3 millions d’euros par an, une somme qui comprend la redevance culturelle. L.P.B. : Combien de personnes travaillent ici ? C.D. : Entre 90 et 95 personnes. L.P.B. : Vous dites que votre établissement peut difficilement compter sur une clientèle touristique. Cependant, que pouvez-vous attendre de l’effet Vauban si tant est qu’il y en ait un ? C.D. : La reconnaissance des fortifica- tions par l’U.N.E.S.C.O. est importan- te pour Besançon. Ça montre qu’il y a quelque chose de remarquable à voir. Mais ces fortifications restent des ouvrages militaires. C’est une spécifi- cité qui intéresse d’abord les spécia- listes. Quelqu’un qui vient visiter la Citadelle n’est pas forcément celui qui vient jouer au casino. Je ne suis pas positionné pour profiter des retombées Vauban. Propos recueillis par T.C.

fixée par la municipalité. La Ville de Besan- çon peut-t-elle vous aider alors que vous venez de renégocier le cahier des charges qui vous lie à elle ? C.D. : Le casino Barrière de Besançon affiche, depuis le début de l’exercice, une baisse de chiffre d’affaires de 14 %. Il aurait été souhaitable que la fisca-

L.P.B. : Les casinotiers traditionnels ne vont- ils pas, eux aussi, se placer sur Internet ? C.D. : Le groupe Barrière, dont fait par- tie le casino de Besançon, sera présent sur Internet. Une société a été créée pour cela. À mon sens, le risque d’Internet, est que la population des joueurs de casino se renouvelle mal, parce que les jeunes générations ne vivent que par Internet. L.P.B. : Vous dites marquer votre différence, mais en jouant quelles cartes ? C.D. : Il y a des éléments positifs. L’activité jeux de tables continue à pro- gresser dans notre établissement. L’arrivée du poker permet de drainer une clientèle qui ne venait pas avant pour d’autres jeux. Cette activité a pro- gressé de 50 % en un an. L.P.B. : Les casinos sont soumis à une fisca- lité propre et importante dont une partie est

lité locale tienne comp- te de cette réalité éco- nomique. Une baisse même temporaire de cet- te fiscalité aurait été opportune comme elle l’est aujourd’hui pour d’autres casinos fran- çais. L.P.B. : Quelle est cette fis- calité ? C.D. : 15 % du produit des jeux sont reversés à la Ville. C’est le maxi- mum prévu par la loi. Besançon perçoit du casi-

“Une baisse de chiffre d’affaires de 14 %.”

Renseignements au 03 81 47 49 00 À partir du 1 er juillet, en répercutant la baisse de la T.V.A. à 5,5 % dans la restauration, tous les hôtels et casinos du groupe Barrière dont le Grand Café à Besançon, proposent le menu “anti-crise” à 12 euros ! Le casino Barrière à Besançon, c’est aussi des soirées musicales tous

les jeudis, vendredis et samedis de l’été. Demandez le programme des concerts !

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