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24 Le dossier
La Presse Bisontine n°269 - Novembre 2024
l Architectes La rénovation énergétique La rénovation énergétique a encore la cote La baisse du marché de la construction neuve impacte également le métier d’architecte, profession déjà ébranlée en 2022 par la crise du prix des matériaux. Pour autant, certains, à l’image de Baty Architectes, se tournent vers la rénovation énergétique, un secteur encore épargné.
En 2012, Marcel Baty présentait dans nos colonnes sa maison de verre, une habitation économe en
À Besançon et alentours, il est un architecte bien connu. Notam ment grâce à sa mai son de verre, sur les hauteurs de la Malate. Depuis plus de dix ans, Marcel Baty, de Baty Archi tectes D.P.L.G., a orienté son travail d’architecte vers la réno vation énergétique. Un axe qui le sauve aujourd’hui face à l’écroulement des constructions neuves. “Le neuf n’est pas notre principal secteur d’activité. La construction neuve s’est calmée sérieusement, on n’en a plus en ce moment, c’est clair et net” , souligne Marcel Baty. Pour autant, la situation de l’en treprise reste bonne grâce
également une évolution dans le métier. “Les jeunes architectes qui sortent d’école sont très orien tés sur les anciens bâtiments, plus que nous l’étions. Il y a beau coup à faire sur les bâtiments existants.” Dans la même veine de la réno vation énergétique, Soliha, asso ciation de l’économie sociale et solidaire propose des aides aux travaux. Dans le Doubs, 1 700 dossiers par an sont déposés. Selon les revenus, la prise en charge financière peut aller jusqu’à 90 % du montant total. De manière générale, l’ancien a la part belle. “Le besoin de loge ments étant une réalité incon testée, l’ancien a la part belle,
notamment aux aides à la réno vation accordées par l’État, via l’A.N.A.H. “Pour des gros projets, type copropriétés, on a des aides énergétiques qui n’ont jamais été aussi élevées, commente Mar cel Baty. On espère que le coup de rabot financier du gouverne ment ne passera pas par là.”
énergie (photo archive L.P.B.).
nette des sols, contribue à pri vilégier l’achat dans l’ancien plutôt que dans le neuf, car le foncier disponible se raréfie. n L.P.
en dépit de contraintes énergé tiques, que les banques parvien nent à financer à des conditions avantageuses” , a ainsi noté la Chambre interdépartementale
des notaires de Franche-Comté dans son bilan annuel des prix de l’immobilier. En outre, la loi Climat et résilience instaurant la Z.A.N., zéro artificialisation
Reste que beau coup de particu liers avec des plus petits projets et donc des aides moins impor tantes, ont renoncé. Marcel Baty, qui a déjà de la bouteille dans le métier, constate
Des aides élevées pour la rénovation énergétique.
l Location
Le président du réseau F.N.A.I.M.
“Nous sommes dans le brouillard, pas d’éclaircie avant 18 mois” Le marché de la location subit par ricochets les conséquences de la crise immobilière. Les transactions locatives auraient chuté d’au moins 50 %. L’éclairage du Bisontin Laurent Reynaud.
l Étalans Vieille Matériaux Une situation très inquiétante L’entreprise Vieille Matériaux basée à Étalans ne cache pas son inquiétude face à la baisse du marché dans le neuf. Malgré cette situation qu’il juge inquiétante, Sébastien Vieille compte bien se tourner vers d’autres marchés.
L a situation n’est pas nouvelle, elle dure depuis l’année der nière. Mais en 2024, Vieille Matériaux se retrouve dans le dur. Face à la baisse du nombre de permis de construire pour des logements neufs, des rénovations d’habi tations qui “représentent peu de volume en marchandises” pour Sébastien Vieille, diri geant de l’entreprise, le négo ciant en matériaux de construc tion, “des fondations aux finitions” , est confronté à une situation inquiétante. “On était déjà impacté depuis l’année dernière, ça continue. On jouait sur les carnets de commandes bien remplis, aujourd’hui ce
L a Presse Bisontine : Qu’en est il du secteur de la location localement ? Laurent Reynaud : Le marché est tendu, c’est le moins qu’on puisse dire… Depuis deux ans, le nombre de nouveaux contrats de location a chuté de 50 à 60 %. Les locataires ne bougent pas de leur logement de peur de ne pas pouvoir en retrouver un autre ou parce qu’ils ne peuvent pas acheter. Et s’ils prennent le risque de quitter leur loge ment pour en retrouver un autre, le loyer sera forcément plus élevé vu la pénurie. L.P.B. : Quelles sont les raisons de ce blocage ? L.R. : La question du D.P.E. d’abord qui a refroidi beaucoup de propriétaires à louer leurs logements. Ensuite, pour Besançon, le permis de louer mis en place dans certains sec teurs du centre et de Battant (même si on sait que certains s’en affranchissent mais les contrôles risquent de se ren forcer). Et bien sûr la baisse du nombre de permis de construire qui a chuté d’au moins 50 % ces trois dernières années. Un autre paramètre existe, ici aussi : un certain nombre de propriétaires, pour avoir des revenus complémen taires plus élevés, préfèrent
Montrond. On va aller sur des marchés où on n’est pas actuel lement.” Grâce à ces projets, Sébastien Vieille convient qu’il reste un peu d’espoir. “C’est super motivant, on aura une offre globale, on essaie de com pléter nos services.” Notamment le marché du chanvre. Vieille Matériaux est en train de certifier le bloc de chanvre à maçonner pour des isolations à l’intérieur. “On attend la certification pour ven dre ces blocs sur des grosses plateformes pour des petites quantités, reprend Sébastien Vieille. Ce produit multi-chan vre nous permet de rentrer sur le marché de la rénovation, c’est un produit complètement adapté.” Côté fabrication d’agglomérés, Vieille Matériaux travaille à commercialiser des agglomérés isolants pour de la construction neuve ou du petit collectif. Enfin, le site d’Étalans va être amené à s’agrandir avec une zone de libre-service pour de l’isolation extérieure. n L.P. Vieille Matériaux fabrique des agglomérés et blocs de chanvre sur leur site de Mérey-sous-Montrond.
n’est plus le cas” , souligne Sébastien Vieille pour qui l’an née 2025 s’annonce alarmante. “C’est hyper violent, on ne voit pas le bout du tunnel, soupire le dirigeant. On ne peut pas jouer sur notre personnel qui est en C.D.I., nous n’avons pas d’intérim. Les grands groupes, eux, licencient à tour de bras. Pour l’instant, on tient le coup.” Malgré ce contexte pessimiste et peu flamboyant, le dirigeant de Vieille Matériaux ne baisse pas les bras. Au contraire, il tente de rebondir en se lançant dans de nouveaux projets. “Depuis longtemps, on a décidé d’innover grâce notamment à notre usine d’agglomérés et de chanvre située à Mérey-sous
Laurent Reynaud est le président de la chambre syndical F.N.A.I.M. de Franche Comté.
louer en AirBnb. Au lieu de tou cher un loyer de 800 euros par mois par exemple, en 8 nuits à 100 euros, ils touchent déjà le même revenu, et pour l’ins tant ils y gagnent fiscalement. Ajoutons à cela la hausse des taux ces deux dernières années : moins de personnes devenues propriétaires, cela signifie moins de logements remis en location. Résultat : on n’a jamais eu un taux de vacances aussi faible depuis bien longtemps, il est bien infé rieur à 4 %.
L.R. : Avec l’inertie et dans ce contexte, il n’y aura aucune éclaircie avant au moins 18 mois. Les agences restent pour l’instant dans le brouillard. Leur chiffre d’affaires lié aux frais d’agence payé au moment d’un changement de locataire a chuté de 50 % ces deux der nières années. À l’échelle natio nale, 700 agences ont disparu en 2023, le chiffre 2024 devrait encore être supérieur. Et dans le contexte politique actuel, on ne voit pas comment il pourrait y avoir une politique du loge ment assez ambitieuse pour relancer la machine. n Propos recueillis par J.-F.H.
L.P.B. : Les agences commencent elles à voir une éclaircie ?
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