Journal C'est à dire 285 - Août 2022

V A L D E M O R T E A U

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La grêle a laissé de profondes cicatrices Intempéries Il faudra plusieurs mois pour que tous les dégâts de l’historique épisode de grêle du 20 juillet dernier soient effacés. Des garagistes aux assureurs en passant par les fournisseurs de matériaux, ils sont tous sur le pont.

U n déluge de glace, c’est ce qu’ont constaté impuissants des centaines d’habi tants du Haut-Doubs au soir du 20 juillet dernier. Le déchaîne ment des éléments s’est surtout concentré sur les quatre com munes de Noël-Cerneux, La Chenalotte, Le Bizot et Le Bélieu, mais le haut de Villers le-Lac, une partie des Fins et d’autres communes du plateau du Russey ont également été touchés.

terminé les réparations des véhi cules touchés par un précédent épisode de grêle survenu en 2021. Du côté des assureurs, l’été a également été compliqué. Jean Pierre Sauge, assureur à Mor teau, a dû annuler ses vacances pour gérer des dizaines de sinis tres à cette époque de l’année synonyme de vacances pour de nombreux clients, et en partie pour les experts. “On a assisté à des comportements presque irrationnels de clients qui nous ont appelés avant même d’ap peler les pompiers. Nous avons tout fait pour les rassurer mais on constate que de plus en plus les gens veulent tout et tout de suite. Nous sommes dans l’ère du “tout assurances” et les réseaux sociaux n’arrangent rien” constate le professionnel qui n’a pas ménagé sa peine pour traiter en urgence unmaxi mumde dossiers. Certains assu rés n’ont pas hésité à demander de se faire rembourser des tuiles qu’ils avaient pourtant en stock chez eux depuis des années. “Évi demment, face à l’ampleur du phénomène, nous avons dû prio riser les dossiers. Mais tous les assurés seront indemnisés comme il se doit” complète le profession Fin 2020, face à la remontée de nombreuses difficultés chez les abonnées, la structure publique a décidé de bloquer le paiement des prestations aux F.A.I., d’un montant de 6 millions d’euros. Au terme de négociations, le paiement a été débloqué sous réserve de lamise enœuvre d’un plan de contrôle exhaustif et de remise en état du réseau. Ce plan s’applique pour 80 000 lignes (sur 130 000), 20 000 boî tiers et 35 000 accès et raccor dements sur plus de trois ans. Le coût est entièrement supporté par l’exploitant Altitude Infra. Quid des F.A.I. ? “Ils ne sont pas impactés, regrette Jean-Louis Chauvin. Nous n’arrivons pas à réformer ce système, à imposer qu’ils ne passent pas par des sous-traitants,malgré la pression des collectivités et de l’État. Le réseau est prévu pour durer 40 50 ans. Mais si un boîtier est endommagé, il ne marchera plus dans quelque temps.” Par ailleurs, si des particuliers sont confrontés à des anomalies, ils peuvent se signaler afin que l’exploitant du réseau puisse venir vérifier les installations. Attention, il ne peut pas inter

tuiles la semaine dernière “alors qu’il en faudrait au moins une cinquantaine. Du coup, pour le moment, on n’a toujours pas de délais annoncés de la part de notre fournisseur” déplore la Serac qui a reçu ce mois-ci cer tains modèles de tuiles qu’elle avait commandées… en mars dernier. “Tous les fournisseurs sont à la ramasse” illustre Xavier Billod qui estime que certains sinistrés vont devoir, hélas, pas ser l’hiver sans tuiles. Les garagistes sont également à rude épreuve depuis ce funeste 20 juillet. À l’image de Patrick Sanseigne aux Fins, le principal dépanneur agréé du Haut Doubs. Sur son parking gisent encore des dizaines de véhicules ravagés par les grêlons. “On n’a jamais connu pareille situation dit le professionnel. La plupart des véhicules que nous avons dépannés (pas loin de 200, N.D.L.R.) ont été déclarés épaves tellement les dégâts étaient énormes. Seules quelques voi tures sont réparables, surtout les voitures grêlées à Villers et aux Fins, à la frange de l’orage. Les voitures des autres com munes touchées sont irrécupé rables” note le garagiste dont les équipes n’avaient pas encore sommes dépendants d’un acteur national qui pèse sur l’image de qualité du réseau” , déplore Jean Louis Chauvin. À ce problème s’ajoute celui du raccordement chez les habitants. “Au début, le raccordement était fait par notre exploitant. Mais les F.A.I. nationaux ont obtenu la possibilité de se voir confier la réalisation du raccordement chez les habitants” , explique le directeur. Ce système est né d’une crainte des opérateurs pri vés dans les zones privées, qu’Orange, qui détient 80 % des équipements en France, ait trop mixte voit l’arrivée des F.A.I..nationaux demanière posi tive, permettant une offre sup plémentaire aux abonnés ainsi qu’un retour sur investissement, les F.A.I. payant un droit d’accès au réseau, il a vite déchanté. “Cette organisation de raccor dement clients a très vite occa sionné des atteintes et des dom mages au réseau” , se souvient Jean-Louis Chauvin. la mainmise dans la course effrénée à la conquête client que se livrent les F.A.I. Si, au départ, le syndicat

Au total, plusieurs centaines de toitures ont été endommagées ou ravagées, et autant de véhi cules. Pour certains sinistrés, il va devoir faire preuve de patience. “Les usines n’avaient déjà plus de stocks de tuiles depuis le Covid, là, c’est encore pire. Nous ne pouvons toujours pas donner de délais de livraison à nos clients artisans ou parti culiers” constate Xavier Billod, le directeur du magasin Serac Tout Faire à Morteau qui a tout de même reçu trois camions de

nel qui a même anticipé l’accord des experts dans les cas les plus urgents. De mémoire d’assu reurs, il faut remonter à la tem pête de décembre 1999 pour avoir à faire à de tels dégâts. “Tout s’était très bien réglé en 1999 note Jean-Pierre Sauge. À cette époque, les réseaux sociaux et

leurs lots de désinformation n’existaient pas…” sourit-il. Les phénomènes météorolo giques extrêmes devenant de plus en plus fréquents, le tarif des assureurs devrait logique ment subir une hausse dans les prochaines années. n J.-F.H.

Pas une maison n’a échappé à la grêle dans les villages de Noël-Cerneux, La Chenalotte (notre photo), Le Bizot et Le Bélieu.

Dégradé, le réseau fibre doit être contrôlé Villers-le-Lac En juillet, le réseau de la fibre à Villers-le-Lac a fait l’objet de vérifications. Le Syndicat mixte Doubs Très haut débit a lancé un grand programme de contrôle et de remise en état de la totalité du réseau. En cause, de nombreuses dégradations constatées sur le réseau à la suite de raccordements mal réalisés.

D ire que Jean-Louis Chauvin, directeur du Syndicat mixte Doubs Très haut débit est remonté contre les fournisseurs d’accès à internet (F.A.I.) s’ap parente à un euphémisme. Furieux et impuissant face à l’opacité du fonctionnement des F.A.I., qui font appel à des sous traitants, serait plus exact. “Il y a une atteinte physique du réseau par unmésusage des gens qui n’y comprennent rien” , assène-t-il. Pour comprendre le problème auquel est confronté le syndicat mixte, il faut remon ter aux racines de la construction du réseau de fibre optique. Sur le territoire du Doubs exis tent deux zones de déploiement : les zones urbaines (Besançon, Montbéliard, Pontarlier) gérées par des opérateurs privés, et les zones rurales, gérées par une entité publique, le syndicat mixte DoubsTrès haut débit. La raison de cette scission ? Financière. “Il faut compter en moyenne 1 500 euros par foyer pour le déploiement du réseau sur le ter ritoire du syndicat, contre 500 euros en ville” , résume Jean Louis Chauvin.

Si le déploiement sera terminé d’ici début 2023 sur le territoire du syndicat mixte, le problème se situe en aval de la construc tion. “Il y a 220 millions d’euros (H.T.) d’investissement initial, porté par l’argent public, avec une volonté de maîtrise publique de conception et de construction du réseau, poursuit Jean-Louis Chauvin. Avant d’être mis en service, tout le réseau est vérifié deux fois. Par le maître d’œuvre et l’exploitant du réseau,Altitude Infra. Quand on livre le réseau, il est parfaitement en état” , assure le directeur du syndicat mixte. ros par an pour le droit d’usage de leurs poteaux et des conduits souterrains. Mais quand il y a un incident sur le réseau, nous dépendons de la volonté d’Orange pour la réparation du poteau cassé par exemple. Nous avons déjà réparé la continuité des signaux sur le réseau mais cela ne sert à rien de rebrancher la ligne sur un poteau qui reste cassé pendant des mois. Nous Seulement, le réseau s’appuie sur des équi pements déjà existants appartenant à Orange. “On paie 1million d’eu

Des binômes de techniciens sont chargés de vérifier les installations sur le domaine public (photo S.D.T.H.D.)

80 000 lignes doivent être contrôlées.

reçoit des coups de téléphone d’abonnés privés de fibre. Il est contraint de les renvoyer à leur F.A.I. pour régler le problème. C’est le serpent qui se mord la queue. n L.P.

venir pour des coupures de réseau car cela est du ressort du F.A.I. qui doit ensuite remon ter les problèmes au syndicat mixte. “Ils ne le font pas, mal ou tardivement” , soupire Jean-Louis Chauvin, qui, régulièrement,

Pour signaler des anomalies sur un raccordement privé : https://declaration-malfacon raccordement.altitudeinfra.fr/?DSP=Dioptic Pour des dommages visibles sur les infrastructures publiques : https://dommages reseaux.altitudeinfra.fr/?DSP=Doubs

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