Journal C'est à dire - Février 2024
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ÉCONOM I E
Notre région a perdu une centaine d’hôtels en 5 ans Tourisme
Dans le Haut-Doubs Horloger, on compte encore 14 hôtels. Mais l’hôtellerie est de plus en plus challengée par d’autres formes d’hé bergements. Elle doit s’adapter au changement.
plutôt que de choisir la formule chambre d’hôtes ou hôtels” poursuit la spécialiste. Illustration de cette tendance à la hausse : Doubs Tourisme a classé l’an dernier près de 130 meublés de tourisme (créations ou renouvellements). À l’échelle du département, ces meublés de tourisme représentent aujourd’hui un parc de 1 233 logements, soit plus de 6 000 lits. Une concurrence directe à l’hôtellerie traditionnelle. “On reçoit 80 à 100 porteurs de projets par an” ajoute Maryline Millot. La montée en gamme est également une tendance nette, que ce soit en hôtellerie ou dans toutes les autres formes d’hébergements. 68 % des classements le sont sur une gamme 3 étoiles et plus. “Rien que l’an dernier, nous avons accompagné une quinzaine de porteurs de projets qui visaient les 5 étoiles. Les montées en gamme concernant les meublés de tou risme et les hébergements de grande capacité, c’est 30 % des projets qu’on suit actuellement” complète Doubs Tourisme qui remarque en parallèle que les projets de nouvelles chambres d’hôtes repartent à la hausse. Les projets de nouveaux hôtels, eux, se font de plus en plus rares. Face à cette évolution, les élus des col lectivités territoriales cherchent à adap ter leurs actions. “Concernant les héber gements marchands, la politique régionale vise prioritairement à soutenir la modernisation et le développement de l’hôtellerie familiale située en milieu rural, confrontée aux enjeux de réinves tissement, de transition énergétique, et de renouvellement de produit pour répon dre aux attentes des clientèles” observe Patrick Ayache, vice-président de la
Les hébergements dans le Haut-Doubs Horloger
n 257 hébergements - 3 782 lits n 183 meublés - 996 lits n 26 chambres d’hôtes - 209 lits n 7 campings - 1 118 lits
n 14 hôtels - 400 lits n 20 gîtes de groupes - 499 lits n 7 hébergements collectifs - 560 lits
L e temps de l’hôtellerie familiale est-il révolu ? Sans doute pas, mais les modèles d’héberge ments touristiques sont en pleine évolution. Notre territoire du Haut-Doubs, entre le Saugeais et le pla teau de Maîche, en passant par Pontarlier et Frasne-Levier, ne compte plus que 14 hôtels. Il y a quelques décennies, chaque village avait au moins un hôtel sur son territoire. Si certains ont résisté, évolué et continué d’investir (les Mon tagnons ou la Guimbarde à Morteau, le France ou Les Cygnes à Villers-le-Lac, Les Perce-Neige à Bonnétage par exem ple), d’autres ont périclité ou n’ont pas
autres régions françaises.” Si le nombre d’hôtels décroît inexora blement, cela ne signifie pas que la région, et le Haut-Doubs d’autant plus, n’est plus une terre d’accueil touristique. Tant s’en faut. Notre territoire ne compte pas moins de 581 de meublés touris tiques, soit près de 3 000 lits. Dans cette catégorie, on trouve notamment les hébergements privés loués sur les pla teformes type Airbnb. À l’échelle du département, leur nombre a presque doublé en l’espace de cinq ans : on en comptait 1 132 en 2019, ils étaient 2 169 en 2023. “Les frontières sont de plus en plus floues entre les différents types d’hé
Évolution de l'hôtellerie l Nombre d'hôtels - au 1 er janvier de chaque année - Source I.N.S.E.E. 2019 2020 2021 2022 - 13 % l Nombre de chambres - au 1 er janvier de chaque année - Source I.N.S.E.E. 2019 2020 2021 2022 2023 Évol 2019/2023 B.F.C. 24 264 24 137 23 748 23 043 23 050 - 5 % Doubs 3 783 3 754 3 651 3 667 3 567 - 6 % l Évolution des meublés touristiques genre Airbnb - Source AirDNA Nombre de logements disponibles au moins un fois à la location dans le mois 2019 2020 2021 2022 2023 Évol 2019/2023 B.F.C. 10 200 12 563 12 206 13 883 16 783 65 % Doubs 1 132 1 426 1 414 1 693 2 169 92 % 2023 Évol 2019/2023 B.F.C. Doubs 879 128 862 125 842 122 811 118 791 111 - 10 %
bergements constate Maryline Millot, responsable du service ingénierie à Doubs Tourisme, l’agence départementale de promotion du tourisme. Et les demandes évoluent. Si on constate une baisse du nombre
trouvé de successeurs. La Cou ronne au Russey, le Panorama à Maîche, la ferme-Hôtel de La Vrine plus récemment, sont quelques exemples d’établis sements qui n’ont pas résisté à l’évolution de la demande.
“Des dispositifs d’aide sont en cours d’élaboration”.
d’hôtels à l’échelle du Doubs (N.D.L.R. - 13 % en cinq ans), d’autres formes d’hé bergements montent en puissance comme les gîtes de groupe de grandes capacités qui correspondent à une vraie envie de se retrouver pour des groupes constitués et qui permettent de pallier la carence en hôtels.” Même constat pour les logements mis à disposition par les propriétaires sur les plateformes de location. “Certaines familles ou groupes d’amis ont tendance à préférer louer des logements entiers
“Le parc hôtelier de Bourgogne-Franche Comté a bien régressé entre 2018 et 2023, confirme Yann Bellet, le directeur adjoint de Bourgogne-Franche-Comté Tourisme. Nous comptons 99 hôtels en moins et 1 361 chambres en moins, soit respecti vement - 11,1 % et - 5,6 % en à peine cinq ans. La B.F.C. est hélas la région fran çaise où la baisse en pourcentage est la plus forte. En volume, on subit la qua trième plus forte baisse du nombre d’hô tels et la troisième plus forte baisse du nombre de chambres par rapport aux
bition touristique de la région et son engagement vers un tourisme responsa ble. Fil rouge du schéma, ce nouvel enga gement entend développer un tourisme supportable à long terme sur le plan éco logique, viable sur le plan économique et équitable sur le plan éthique et social. Les hébergements touristiques sont par ticulièrement ciblés par ce schéma” ajoute l’élu régional. n J.-F.H.
Région Bourgogne-Franche-Comté chargé du tourisme. Il annonce d’ailleurs que “des dispositifs d’aide en cours d’élaboration seront sou mis au vote des élus régionaux lors d’une prochaine assemblée plénière au prin temps” dans le cadre du Schéma Régional de Développement du Tourisme et des Loisirs 2023-2028 voté lors de la dernière séance plénière de la Région mi-décem bre. “Ce schéma régional incarne l’am
“Le phénomène Airbnb a pris une proportion phénoménale” L’ambassadeur Airbnb du Doubs
Professionnel du tourisme installé dans le Nord Franche Comté, Paul Lamzouri est l’ambassadeur de la plateforme Airbnb pour le Doubs. Plus de 3 000 logements seraient concernés dans notre département.
et les offices de tourisme, qu’on ne peut pas faire sans elles. Les collectivités récupèrent une part de taxe de séjour non négligeable. L’an dernier, Airbnb a dû reverser environ 300 000 euros de taxes de séjour à l’échelle du Doubs. Les plateformes constituent l’avenir de la location meublée. Le Doubs est d’ailleurs ressorti dans la pla
C’ est à dire : Que repré sente le phénomène Airbnb dans notre département ? Paul Lamzouri : Plus largement qu’Airbnb qui est devenu un nom presque générique, on parle d’O.T.A., comme Online travel agencies, pour désigner toutes les plateformes de réservation en ligne. Ce phénomène a pris une proportion phénoménale, notam ment depuis le Covid. On estime le nombre de logements dans le Doubs concernés par les réserva tions en ligne entre 3 000 et 4 000. Ce chiffre a quasiment doublé en cinq ans. Càd : Cela concerne tout le ter ritoire ? P.L. : Notre département est à couper en deux. Il y a les princi pales villes comme Besançon et Montbéliard-Belfort où le tourisme d’affaire via les plateformes est très développé et représente aujourd’hui les deux tiers de la clientèle Airbnb. Et il y a le Haut
Doubs, où on distingue le tourisme classique, avec également de plus en plus de logements Airbnb. Et, en plein développement, les loge ments Airbnb loués à la semaine ou au mois par des travailleurs frontaliers qui arrivent sur le territoire et qui prennent cette solution en attendant de trouver un logement plus stable ou pendant leur période d’essai. Càd : Les plateformes type Airbnb ne concernent d’ail leurs pas que les meublés ? Les hôtels et les chambres d’hôtes ont intérêt également à y être présents ? P.L. : Ils se doivent d’y être aussi. Plus personne aujourd’hui ne peut se passer de la visibilité d’une pla teforme. Il y a quelques années, ces plateformes étaient perçues comme des “moutons noirs” par les professionnels du tourisme. Maintenant, tout le monde se rend compte, y compris les collectivités
teforme Airbnb l’été der nier et l’été précédent comme une destination phare pour Airbnb, grâce aux atouts de ce département qui sont de plus en plus visibles à travers les plate
“300 000 euros de taxes de séjour reversés à l’échelle du Doubs”.
formes.
Càd : Cet essor des plateformes devrait se poursuivre ? P.L. : Je pense qu’on est proche du niveau maximal. Désormais, il s’agit pour les meublés de se différencier, par d’autres atouts : une conciergerie, la décoration, le nouveau de confort du logement, etc. Un studio tout blanc sans aucune décoration, aujourd’hui, sur Airbnb, ça ne marche plus. La montée en gamme progressive concerne donc aussi les logements sur les plateformes. n Propos recueillis par J.-F.H.
Paul Lamzouri est l’ambassadeur de la communauté Airbnb pour le Doubs et le Territoire de-Belfort.
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