Journal C'est à dire 321 - Novembre 2025

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PLATEAU DE MAÎCHE

S.F.M.I., un groupe industriel au service des industries du luxe Charquemont

La récente inauguration du site spécialisé dans la fabrication de pièces métalliques haut de gamme pour la maroquinerie et les accessoires de luxe était l’occasion d’une visite avec le dirigeant Frédéric Maître pour parler du groupe, de ses métiers et de sa stratégie.

Il avoue que la conjoncture actuelle est tendue dans le domaine des composants pour articles de luxe qui est son cœur de métier, mais reste confiant quant à la capacité du groupe à résister. “Nous avons eu la chance à Charquemont de profiter de toute l’expérience accu mulée ces dernières années pour créer un outil de travail fluide et polyvalent” , ajoute-t-il. De vastes ateliers inondés de lumière naturelle, très hauts de plafonds sous une charpente spec taculaire, créent des conditions de travail optimales. Le groupe intègre verticalement tous les métiers traditionnels: usinage décolletage, étampage, traitement de surface, gravage et brasage

L’ origine du groupe international S.F.M.I. remonte à 1960 avec la création de Vercelor à Vercel. Ses 800 sala riés se répartissent aujourd’hui sur 5 sites, à Charquemont et à Rioz, au Noirmont en Suisse ainsi qu’au Maroc et au Portugal. L’en semble est codirigé par Emiliano Carozza et Frédéric Maître. Ce dernier que nous avons ren

contré à Charquemont a rejoint la société en l’an 2000 au Noir mont. Il y a occupé différentes fonctions avant de racheter l’en treprise en 2020 avec Emiliano Carozza. “Notre usine de 10 000 m² s’étend sur un terrain de 4 hectares et sa configuration pourra nous permettre dans l’avenir de faire travailler jusqu’à 400 (200 à ce jour) salariés et d’intégrer de nou velles technologies” , explique-t-il.

Frédéric Maître, co-dirigeant du groupe S.F.M.I., dans la réception de la nouvelle usine de Charquemont.

en œuvre pour assurer un envi ronnement de travail idéal et les salariés disposent d’une aile de l’usine regroupant la salle de res tauration, les vestiaires et l’infir merie. “Notre cheval de bataille, c’est la formation. Nous accompa gnons nos collaborateurs sur tous nos métiers avec des moyens modernes : parcours fléchés, créa tion de postes internes de forma teurs, réalisation de tutos vidéos, journées d’immersion libres dans l’entreprise pour les nouveaux sala riés…” , ajoute-t-il. “Nous prévoyons un exercice 2026 équivalent à 2025 et j’ai une bonne confiance dans l’avenir à moyen terme grâce à nos savoir-faire existants et aux nou veaux process que nous mettons en œuvre” , conclut Frédéric Maî tre. n Ph.D.

avec à chaque stade des processus de contrôles exigeants. L’usine dis pose d’un laboratoire qui teste pour le compte de ses clients la résistance à l’usure des produits. “L’atelier prototypage revêt une importance considérable dans une industrie liée aux phé nomènes de mode. Nos donneurs d’ordres nous sollicitent beaucoup et nous sommes en capa cité de réagir dans un délai de 5 jours” , note M. Maître. Pour continuer d’assurer la crois sance, l’entreprise se doit d’investir dans de nouveaux process indus triels tels que l’injection de métal qui ouvre la voie à l’utilisation de l’inox ou le traitement de surface par pulvérisation sous vide. “Nous avons aussi une réelle reconnais sance professionnelle dans le

domaine du laquage sur instru ments d’écriture. C’est une activité extrêmement minutieuse qui pour certains produits peur nécessiter jusqu’à 29 passages pour créer un visuel” , confie-t-il. Le groupe souhaitait inscrire son

site de Charquemont dans une démarche avancée de responsabi lité sociétale et environ nementale. L’usine dis

“Un outil de travail fluide et polyvalent.”

pose d’une station de traitement des eaux qui peut traiter 100 % des effluents. Dès 2026, les eaux de pluies seront récupérées et fil trées afin d’atteindre une auto nomie complète en termes de consommation. “Dès sa conception, notre bâtiment intégrait toutes les technologies possibles pour réduire au maximum son impact écolo gique” , poursuit-il. Tout est mis

Des conditions de travail optimales dans un des vastes ateliers.

grandes de voir la C.C.P.M. reprendre cette nouvelle compé tence” , poursuit-il. La limitation de l’utilisation fon cière dans le cadre de la loi Z.A.N. (Zéro Artificialisation Nette) à horizon 2050 a fait grincer les dents des élus. Un travail péda gogique a été réalisé prouvant les avantages que le P.L.U.I. apportait. “Si un exploitant vend du terrain agricole à un inves tisseur privé, le maire peut se pré pourquoi on interdirait à un gamin natif d’un village de 40 habitants de construire ou rénover un logement, là où il a toujours vécu” , complète-t-il. “Il faut voir le P.L.U.I. comme un document d’aménagement cohérent du ter ritoire pour les 15 à 20 ans à venir ou l’on retrouve de manière harmonieuse de l’habitat, de l’in dustrie, du commerce et du tou risme” , conclut Franck Ville main. n Qu’apporte l’adoption du Plan Local d’Urbanisme Intercommunal ? Urbanisme Voté à une large majorité, il s’impose désormais à tous. Il concrétise la volonté de l’État de raisonner à plus grande échelle sur l’utilisation du foncier dans la communauté de communes du Pays de Maîche. valoir d’un droit de préemption et garde ainsi la maîtrise sur le développement de sa commune. Nous avons tous également dans nos collectivités des friches agri coles et industrielles ou des bâti ments à réhabiliter qui permettent de limiter cette emprise foncière” , poursuit Franck Villemain. Il cite l’exemple d’une vieille ferme rachetée par Frambouhans qui va permettre la création de 14 logements. “Il faut s’enlever de la tête que le développement d’une commune passe forcément par la réalisation de nouveaux lotis sements” , plaide-t-il. Les centres-bourgs concentrent aujourd’hui nombre de com merces et services. Le législateur privilégie leur développement dans un souci de réduction des déplacements. Mais les petites communes doivent également avoir le droit de s’étendre rai sonnablement. “Je ne vois pas

L e document maître s’ap pelle le Schéma de Cohé rence Territoriale (S.C.O.T.) du Pays Hor loger. C’est un dossier d’urba nisme à l’échelle du Parc Naturel Régional (94 villages répartis sur 6 communautés de com munes) déterminant l’organisa tion des espaces et les grandes orientations de développement du territoire. Au 1 er janvier 2021, les communautés de communes se sont vues doter de la compétence P.L.U.I. (Plan Local d’Urbanisme Inter communal), dont celle du Pays de Maîche avec ses 42 bourgades. Ce protocole réglementaire des sine le pays à l’horizon 2040. Il permet une mutualisation des moyens et des compétences sur un ensemble élargi, cohérent et équilibré, tout en respectant la diversité et les spécificités des villages. “Toutes les communes

ont l’obligation de réaliser un plan local d’urbanisme ou une carte communale (version sim plifiée du P.L.U.). Une révision de ce document est exigible tous les trois ans et coûte entre 20 000 et 50 000 euros selon la taille du bourg” , précise Franck Villemain, président de la C.C.P.M. La collectivité a donc proposé l’intégration de tous les docu ments d’urbanisme dans un plus grands d’éviter une révision triennale individuelle. “39 com munes sur 42 y étaient favorables et le P.L.U.I. a été adopté à la majorité qualifiée s’imposant de fait à tous” , se félicite l’élu. “Nous informons les maires et discutons avec eux depuis la validation du S.C.O.T. il y a trois ans. C’est vrai qu’au début les craintes étaient P.L.U.I. C’est l’oppor tunité pour les plus petits villages qui n’en ont pas encore d’en obtenir un et pour les

39 communes sur 42 favorables au P.L.U.I.

Photo aérienne de la ville de Maîche permettant une vision parfaite de l’utilisation des espaces et du développement récent (photo Ville de Maîche).

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