Journal C'est à dire 321 - Novembre 2025

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DOSS I ER

“Bien sûr qu’il faut continuer à aider les entreprises !” Interview

Arnaud Marthey, par ailleurs maire de Baume-les-Dames, vient d’être nommé à la tête de l’Agence économique régionale (A.E.R.). Il en explique le rôle et les objectifs.

C’ est à dire : À quoi sert l’Agence économique régio nale ? Arnaud Marthey : Son rôle principal est de favoriser le développement éco nomique régional dans toutes ses dimen sions, en relation avec l’ensemble des communautés de communes ou d’ag glomérations de la région, les intercos ayant la compétence économique. Le deuxième volet des interventions de l’A.E.R., c’est directement auprès des à la région. Nous sommes aussi le relais de Business France quand une entre prise étrangère a un projet d’implan tation. L’A.E.R. a également une vision globale et d’analyse des zones d’activités sur l’ensemble du territoire régional. On en compte au total 700, sur 800 hec tares, mais 4 seulement proposent des parcelles de plus de 10 hectares. L’autre grande mission de l’A.E.R., c’est le finan cement de projets au bénéfice des entre prises, pour l’innovation, la robotisation, la cybersécurité, etc. Càd : Les aides aux entreprises sont en ce moment assez critiquées. Faut il les maintenir ? A.M. : Le contexte national est en effet entreprises de la région qui ont un besoin d’accompagne ment, de la maturation de leur projet, à l’acquisition d’un foncier en passant par l’accueil d’une entreprise extérieure

chahuté et cette question des aides directes aux entreprises fait débat, sur tout quand on est dans des secteurs d’activités compliqués comme l’hydro gène par exemple, ou longs comme les biothérapies. Mais il est évident qu’il faut que nos entreprises et nos filières soient aidées. Prenons le secteur auto mobile : il a été aidé à coups de milliards en Chine depuis plus de dix ans et c’est comme ça que l’industrie automobile chinoise a pris une telle avance. On ne

Arnaud Marthey (à droite), nouveau

président de l’A.E.R., aux côtés du président de la Région Jérôme Durain (photo Région B.F.C.).

peut pas sérieusement dire qu’il faudrait les arrêter ici ! Ma conviction personnelle est qu’on doit bien sûr continuer à aider le développement de nos entreprises.

“L’incertitude, c’est le pire des maux pour l’économie.”

Càd : Vous êtes souvent au contact des entrepreneurs de cette région en tant que président de l’A.E.R. Quel est leur moral actuellement ? A.M. : Il est bien sûr variable selon les secteurs d’activité et la taille des entre prises. Ce qui est extrêmement péna lisant pour elles en ce moment, c’est le contexte politique national qu’elles subissent toutes. L’incertitude, c’est le pire des maux pour l’économie. Ça freine les décisions, les investissements, les projets de croissance externe. Il faut impérativement qu’au niveau national on retrouve de la confiance et de la visi bilité. Malgré tout, si on regarde les chiffres du deuxième trimestre 2025,

leure balance commerciale, elle est excédentaire de + 2 milliards d’euros. Notre région ne compte que 2,8 millions d’habitants, mais elle a encore une industrie forte. D’où l’importance de continuer à accompagner nos entre prises pour qu’elle reste une région de production. En termes d’emploi, nous restons la première région industrielle de France, on est donc loin d’être une petite région. Càd : Avec tout de même des sym boles forts comme l’automobile qui sont en grande souffrance… A.M. : Dans ce contexte, soit on se désole,

soit on agit. Nous avons décidé de conti nuer d’agir. Après un premier plan d’aide de 24 millions d’euros au bénéfice de la filière et pour aider les entreprises qui étaient axées à 100 % dans l’auto mobile à réussir leur diversification dans d’autres branches, la Région remet dans les trois ans à venir 30 millions d’euros pour ces dispositifs d’accompa gnement et de diversification. Nous sommes sur un territoire où les entre prises ont de formidables compétences techniques et technologiques, il faut donc qu’on soit au rendez-vous en les accompagnant au mieux ! n Propos recueillis par J.-F.H.

ils ne sont pas si mauvais que cela. Mais cet équilibre est fragile, il faut rapidement retrouver la confiance. Nos entreprises commencent à être concur rencées par des pays qui se portent bien, comme l’Italie par exemple. Càd : Au niveau national, que pèse notre région Bourgogne-Franche Comté ? A.M. : Le P.I.B. de notre région a pro gressé de + 4 % entre 2023 et 2024, il a dépassé les 91 milliards d’euros. On a donc encore de la croissance dans notre région. La B.F.C. est par ailleurs la 3 ème région de France à avoir la meil

Charquemont

Les montres Eberjax

remontent le temps

Fabriquées à Charquemont de 1947 à 1983, les montres Eberjax signent leur grand retour sous l’impulsion de Christophe Hoppé. Les pre miers échantillons seront présentés au printemps 2026.

I l est Alsacien d’origine, a travaillé en Suisse pen dant des années avant de s’installer il y a 16 ans, à l’autre bout de la planète, à Syd ney en Australie. Christophe Hoppé est comme les aiguilles

d’une montre, il ne s’arrête jamais. Et pourtant, il a choisi Charquemont pour implanter un projet en France. Celui de relancer la marque horlogère Eberjax, créée en 1947 à Char quemont, par une femme, Angèle Courtet. Société fami liale, elle arrêtera son activité en 1983. “J’ai récupéré une mon tre de mon grand-père, et c’était une Eberjax” , raconte Chris tophe Hoppé. Il n’en faut pas plus pour que l’engrenage se mette en mouvement. Il prend attache avec Brigitte Courtet, la descendante et héritière de la marque qui participe à son renouveau. Dans un contexte économique incertain et loin d’être florissant, Christophe Hoppé n’hésite pas à investir. Directeur financier

Christophe Hoppé relance la marque de montres Eberjax.

mouvement spécifique. Guidé par l’Agence Économique Régio nale de Bourgogne Franche-Comté,

levée de fonds. Le designer Emmanuel Gueit prend en charge le design de la nouvelle montre Eberjax. “Il ne faut pas qu’on fasse une montre vintage, il faut quelque chose de différenciant pour séduire les collectionneurs américains ou encore asiatiques” , reprend Christophe Hoppé. Le prochain objectif est la sortie d’un pro totypage fin janvier afin de pro

poser des échantillons au prin temps. Si l’entreprise est basée à Charquemont, elle travaille pour l’heure à distance. Chris tophe Hoppé n’exclut pas l’ins tallation d’un atelier à l’avenir si les premiers modèles sédui sent. Il aimerait également un partenariat avec le lycée Edgar Faure de Morteau, reconnu pour son excellence horlogère. n L.P.

dans l’horlogerie en Suisse pendant des années, il a créé la pre mière marque d’hor logerie en Australie. À Charquemont, terre horlogère, il vise le haut de gamme

Il vise le haut de gamme avec des montres à 10 000 euros.

Christophe Hoppé noue un partenariat avec l’école d’ingé nieurs de Besançon, Sup’Microtech pour développer ce mouve

Les anciennes montres Eberjax ont été fabriquées à Charquemont de 1947 à 1983.

(10 000 euros) avec de belles montres Eberjax arborant un

ment bien particulier. L’A.E.R. B.F.C. a également permis une

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