Journal C'est à dire 321 - Novembre 2025
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L’INDUSTRIE DU HAUT-DOUBS Y CROIT TOUJOURS
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Dans un contexte économique très tendu, avec une crois sance atone et une incertitude politique qui pèse sur leur moral, les industriels du Haut-Doubs tiennent malgré tout le cap. L’innovation et la diversification sont une des clés de leur salut alors que certains secteurs d’activité donnent des signes de faiblesse. Pour les aider, différentes instances interviennent à leur côté. Alors tâtons le pouls de l’industrie locale qui conserve, et heureusement, des capacités de résilience et de rebond insoupçonnées. Dossier.
Trop de nuages dans le ciel des industriels locaux Au regard de l’instabilité politique et de la conjoncture économique, le moral des entreprises industrielles n’est pas toujours au beau fixe. L’U.I.M.M. du Doubs s’inquiète et pressent des mauvaises nouvelles à venir du budget 2026. Pour autant, dans la région, l’Agence Économique Régionale B.F.C. apporte son aide à ces entreprises pour développer ou installer leur activité. Économie
en C.D.I. ou intérimaires ont été remer ciées. “Ça ne se voit pas forcément mais c’est impactant. Ce sont des compétences qu’on ne remplace pas, déplore Damien Tournier. On reporte des décisions ou on ne les prend pas. La partie défense et aéronautique va un peu mieux, mais ce sont des programmes anciens qui tournent… Il y a un vrai sujet de com pétitivité. La Chine est en train de qua lifier le premier avion de ligne. On a 7-8 ans d’avance dans l’aéronautique mais si on ne se protège pas, ça fera comme l’automobile. Dans le secteur de la Défense, qui est un peu plus sou verain, on arrive à se protéger avec de vraies filières.” Conscient de la période sombre et pes simiste que traversent les entreprises, Jérôme Durain, président de la Région
mique régional, prioritairement en faveur de l’industrie, des services à l’industrie et des start-up. “Nous appor tons un appui tant aux entreprises endogènes (déjà présentes sur le terri toire) qu’auprès de celles exogènes, non présentes sur le territoire et issues de la prospection” , explique Anne-Gaëlle Arbez, directrice adjointe de l’A.E.R. B.F.C. et responsable du pôle dévelop pement économique. Société publique locale, l’A.E.R. B.F.C. regroupe 86 Éta blissements publics de coopération intercommunale, soit 75 % des E.P.C.I. de la région. Ses piliers sont l’accom pagnement, l’innovation et la transition énergétique. “L’A.E.R. B.F.C. est au cœur de l’accompagnement des projets d’entreprises via la mobilisation des dispositifs d’accompagnement techniques ou financiers publics ou même privés, reprend la directrice adjointe. Nous mettons un point d’honneur à agréger les compétences présentes en région, et travaillons avec l’ensemble des parte
naires du développement économique. Cette connaissance et proximité, au profit des projets des entreprises, est une des forces de notre région.” Face à la crise politique et économique, l’accompagnement de l’A.E.R. B.F.C. est plus centré en ce moment sur la mobilisation de financements pour que les entreprises continuent de se déve lopper ou passent un cap. L’A.E.R. B.F.C. intervient sur une dizaine de filières, allant du luxe, aux mobilités, à l’hydro gène, aux biothérapies, à l’alimentation, l’énergie, l’aéronautique, la logistique, etc. Entre 500 et 600 projets tous confon dus sont en cours, portant sur l’inno vation, le développement, le finance ment, l’implantation. Un nombre en baisse, estime Anne-Gaëlle Arbez, car il y a moins de dispositifs en face. Reste qu’en France, l’investissement industriel se monte à 660 millions d’eu ros pour 42 000 entreprises industrielles, dont 1 200 en Franche-Comté. n L.P.
L e baromètre industriel de l’État est tombé pour le mois de novembre. Cet outil piloté par la direction générale des entreprises doit permettre de mesurer l’évolution de la réindustrialisation en France. Au national, à peine 9 ouver tures ou agrandissements d’usines ont été relevées. En Bourgogne-Franche Comté, ce chiffre s‘établit à 1 avec une ouverture nette d’usine. En détail, sur le premier semestre, 5 sites industriels ont ouvert ou connu une extension significative, tandis que 4 usines ont fermé ou connu une réduction signi ficative. Parmi les secteurs qui ont connu une activité significative, on compte “deux extensions significatives dans le luxe, une ouverture de site dans l’industrie verte et une extension signi ficative dans le recyclage.” Doit-on se réjouir de ce chiffre positif ? Damien Tournier, dirigeant de Schrader S.A.S. à Pontarlier et président de l’U.I.M.M. du Doubs (le premier syn dicat des entreprises de métallurgie) apporte nuances et un peu d’ombre au tableau. “Après le Covid, on parlait de souveraineté industrielle et technique, on a tout oublié.” Trop de taxes, trop
de contraintes réglementaires… “Nos entreprises ne gagnent pas d’argent. On perd un temps fou et de l’argent pour essayer de faire la même chose. On travaille plus sur la réglementation que sur l’innovation. Il faut trouver un juste milieu. On est inquiets, c’est anxio gène. On essaie d’alerter nos représen tants politiques qui prennent des déci sions funestes et mortifères pour les entreprises. Dans le budget 2026, com
bien de mauvaises nouvelles on va devoir compenser ?” En premier lieu, le secteur automobile souffre. “Nous n’avons pas de visibilité. Cer tains investisseurs se posi tionnent ailleurs plutôt qu’en Europe” , reprend Damien
a réaffirmé le développement économique du territoire comme “au cœur du cœur des préoccupations” , alors qu’il visitait l’usine Cryla à Besan çon, spécialisée dans l’usi nage, le décolletage, la découpe ou encore l’injection.
“Une situation anxiogène” dénonce le
patron de l’U.I.M.M.
Le chômage en hausse dans le Haut-Doubs Bassin de Morteau Bassin de Pontarlier Demandeurs d’emploi 2 534 en 2 457 en en fin de mois: catégorie A catégorie A Évolution en 1 an : +13,6% + 4,2% Taux de chômage au 2 ème trimestre 2025: 5,5% 5,5% (source: France Travail, septembre 2025)
Tournier. Pour le dirigeant, les auto mobiles françaises sont trop chères par rapport à la concurrence asiatique et américaine. Dans le Doubs, 45 % des emplois industriels sont en lien avec l’automobile. “Qu’est-ce qu’on fait d’autre ? s’interroge le président de l’U.I.M.M. Il n’y a pas d’équivalence à l’automobile à l’échelle des volumes.” Chez Schrader, les employés ne tra vaillent plus le week-end. 30 personnes
“Il faut trouver notre place sur la carte de France et de l’Europe, nous avons une culture industrielle, on ne mange pas que du comté et on ne boit pas que du vin” dit-il. Pour déployer la stratégie économique de la région, la collectivité s’appuie sur son bras armé : l’Agence Écono mique Régionale de Bourgogne Franche-Comté dont la mission vise à favoriser le développement écono
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