Journal C'est à dire 318 - Juillet-Août 2025

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DOSS I ER

Villers-le-Lac

L’association franco-maghrébine continue d’avancer malgré des actes malveillants

virulent, on a fini par appeler les gendarmes. C’est un acte raciste, il l’a dit textuellement” , relève Mohamed. Ce dernier porte plainte en gendarmerie. Pour l’heure, l'enquête ne donne pas de résultats. “On ne sait pas, on ne saura peut-être jamais, soupire Dominique Mollier, maire de la commune, qui inter roge régulièrement la gendar merie. La commune entretient de bons rapports avec l’associa tion.” “Aujourd’hui, notre inquiétude, c’est que quelqu’un se balade avec une arme sur Villers-le-Lac” , reprend Mohamed, par ailleurs conseiller municipal d’opposition. En 15 ans d’existence de l’asso toujours habité le Val de Morteau, ils savent que le coin est calme avec peu de délinquance. Les autres sont venus de grandes villes pour travailler en Suisse. Ceux-là sont habitués à ces actes et étaient sur la défensive. La situation était compliquée, je leur ai dit qu’on devait laisser faire les services de l’État. Pendant le ramadan, des gens venaient la peur au ventre” , se souvient Mohamed qui a dû calmer cer tains esprits échauffés. “Nous sommes très conscients qu’il y a un voisinage à respecter, on orga nise nos événements les week ciation, c’est la première fois qu’elle est confrontée à de tels actes malveil lants. Mohamed El Asaass a dû tranquilliser et calmer ses adhérents. “Nous avons deux types d’adhérents. Ceux qui ont

ends” , reprend le président. Parce que l’association cultive avant tout la convivialité et l’ou verture aux autres, la fête de la fin du Ramadan a été l’occasion d’une journée de solidarité. Élus, associations du territoire, le sous préfet, mais aussi les voisins, ont été conviés. “L’idée était de rassurer tous les citoyens. Nous sommes une association de loi 1901 qui ne peut pas accueillir du public dans les locaux parce que nous n’avons pas la norme E.R.P. (établissement recevant du public). Mais nous faisons beaucoup d’activités, ouvertes à tout le monde, y compris à ceux non musulmans” , observe Moha med. Comme pour toute asso matin, déplore le président. Cer tains parents ont eu peur et ont stoppé les cours.” Deux fois par semaine, les femmes se réunis sent pour l’apprentissage de la langue française et des activités culinaires. Lors de la Coupe du monde de football, l’association diffusait les matches. Forte de 60 familles adhérentes sur le Val de Morteau, l’associa tion a été créée il y a 15 ans pour pallier un manque. Les Maghré bins se rendaient à la mosquée turque de Morteau. “Nous n’avons pas les mêmes pratiques, les gens ressentaient un manque” , ciation, sous réserve d’une adhésion, il est possible de suivre des cours d’arabe pour les enfants. “Ce sont d’ail leurs les professeurs bénévoles qui ont décou vert les tirs le dimanche

Depuis 15 ans, l’association franco-maghrébine du Val de Morteau promeut la convivialité et l’ouverture aux autres par le biais de manifestations et d’activités. En mars dernier, deux actes malveillants avaient profondément perturbé les adhérents et la quiétude de l’association.

P rès de cinq mois plus tard, Mohamed El Asaass, président de l’association franco maghrébine du Val de Morteau, est toujours en attente de réponses. Au printemps, “dans la nuit du 8 au 9 mars” , se sou vient précisément le Villérier, marqué comme les autres adhé rents par l’événement, des balles se fichent dans la façade des locaux de l'association, rue Bel levue. Cinq impacts sont relevés sur les murs. “À la suite de ça, et face à l’inquiétude de nos mem bres, le bureau a décidé d’assigner des personnes de l’association à la sécurité pendant les périodes

où l’on accueille le public, resitue Mohamed El Asaass. Le 12 mars, quelques jours après cet incident, quelqu’un est venu, en voiture, et ce n’était pas par hasard.” Ce jour-là, le président de l’associa tion est en charge justement de la sécurité aux abords des locaux. Il repère une voiture faire un tour, puis deux. “La troisième fois, il a visé des personnes à pied. Il a coincé trois femmes entre le grillage et des voitures.” Ayant réussi à poursuivre la voi ture avec d’autres membres, Mohamed confronte l’homme, habitant à plusieurs centaines de mètres des locaux. “On a parlé avec ce Monsieur, il était assez

En juin dernier, l’association a organisé une belle fête dédiée aux familles et ouverte à tous pour favoriser encore et toujours la convivialité.

explique Mohamed. Si l’associa tion fait aussi office de salle de prière, elle accueille aussi des non-pratiquants. “Nous sommes dans un pays laïc. La première règle, c’est de respecter les autres religions. Il est hors de question de mettre en avant la religion. L’association est là pour la convi vialité et dynamiser la commu nauté” , précise le président. Preuve de leur ouverture aux autres, l’association a organisé en juin, une grande fête familiale dans le parc à côté de la salle des fêtes. “On voulait que les enfants qui jouaient dans le parc profitent aussi des activités. Il y a eu 250 enfants, et on a vu une mixité” , se réjouit le conseiller municipal. Dans la même veine, certains adhérents donnent sou vent un coup de main aux Restos du cœur du Val de Morteau, confrontés à une certaine fatigue

de ces bénévoles âgés. Un bel exemple d’ouverture aux autres et de mixité que n’entament pas les actes malveillants. En 2021, les mosquées de Pon tarlier, Montlebon et Besançon ainsi que l’association des Turcs de Pontarlier avaient fait l'objet de tags, représentant la croix de Lorraine. À l’époque, un jeune homme de 23 ans, ancien can didat du Rassemblement natio nal aux élections départemen tales, avait reconnu les faits, motivé par une haine anti musulman. Reste que, sur le Val de Morteau, le climat reste globalement serein, selon Dominique Mollier, vigilante sur ces questions. L’élue était d’ailleurs présente aux assises territoriales de l’Islam, fin juin, (voir notre article en page suivante). n L.P.

“La première règle, c’est de respecter

les autres religions.”

Mohamed El Asaass, président de l’association franco-maghrébine du Val de Morteau.

La mosquée Philippe-Grenier toujours soucieuse d’harmonie et d’intégration Pontarlier

La vie au sein de l’association cultuelle “Mosquée Philippe Grenier” reflète aussi celle d’un territoire dynamique marqué par l’attractivité du travail frontalier et qui n’est globalement pas soumis à un climat d’insécurité permanent, ce qui n'empêche pas de rester vigilant.

sociation a engagé une réflexion sur un nouveau lieu de pratique qui correspond à l’évolution des besoins. “Il nous faudrait plus de place pour mieux accueillir les hommes et les femmes avec des salles où l’on puisse faire des activités.” L’association orga nise, par exemple, le samedi matin en période scolaire des séances “d’éveil à la foi” enca drées par des bénévoles. Rien n’est encore engagé concrè tement. “On essaie actuellement

La mosquée actuelle est maintenant sous-

C réée en 1983, la mos quée Philippe-Grenier est installée dans l’une des ailes des casernes Marguet. “Cet espace avait été mis à disposition de la commu nauté maghrébine. Elle est ouverte à tous les musulmans à la recherche d’un lieu de prière. On prône une pratique religieuse harmonieuse et sereine” , explique le président de l’association cul tuelle de la mosquée Philippe Grenier en précisant que les locaux à caractère cultuel font l’objet d’une location. Cette association compte aujourd’hui une centaine d’adhé rents et environ 250 sympathi

dimensionnée pour répondre aux besoins de l’association cultuelle qui cherche de nouveaux locaux plus adaptés.

sants. On y trouve aussi comme dans tous les groupes constitués du Haut-Doubs une part de nou veaux habitants venus travailler en Suisse et de religion musul mane. “On constate aussi ce phé

nomène de turn-over avec des départs, des arrivées mais globale ment l’effectif est assez stable, en tout cas depuis que je suis arrivé

de réunir le finance ment. Plusieurs projets sont à l’étude y compris celui de construire une nouvelle mosquée” , poursuit le président.

“On défend l’idée d’une

dans l’organisation du culte musulman.” Le souci d’intégra tion est permanent au sein de l’association. “On fait partie du comité départemental du culte musulman du Doubs. Cela per met de se rencontrer régulière ment pour échanger sur diffé rents sujets religieux. Le département est divisé en trois bassins à Besançon, Montbéliard

et Pontarlier.” La mosquée de Pontarlier a déjà été victime d’actes islamophobes. “Depuis 2004, on n’a jamais eu de souci interne. Les seules dif ficultés sont venues de l’extérieur. Tout ce que l’on entend actuel lement nous interpelle forcément. On fait preuve d’une certaine vigilance. Ce travail se fait avec les autorités locales dans le but

de sécuriser les citoyens français musulmans notamment lors des grands événements du calendrier religieux. Pour autant, je suis très confiant dans nos défis à relever avec ce projet de nouveaux locaux. On défend l’idée d’une mosquée ouverte, loin de l’isla mophobie ambiante. On reven dique juste notre liberté de culte.” n

mosquée ouverte.”

dans la région en 2004. Toutes les tranches d’âge sont représen tées. Il y a autant d’hommes que de femmes. Pour adhérer à l’as sociation, il faut être majeur et musulman.” Depuis quelques années, l’as

Avec la fin des imams détachés, la mosquée Philippe Grenier fonctionne sur la base du béné volat. “On œuvre pour pouvoir recruter un imam formé en France. On tient à être en phase avec les orientations nationales

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