Journal C'est à dire 313 - Février 2025
POL I T I QUE
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État “Dans le Doubs, il n’y a pas de quartiers ou de secteurs à l’abandon” Tout juste un an après son arrivée à la tête de la
préfecture du Doubs, le préfet Rémi Bastille balaie les principaux dossiers que les services de l’État auront à aborder cette année dans le Doubs. Avec une actualité chaude parmi d’autres, la lutte contre la criminalité liée aux trafics de stupéfiants.
C’ est à dire La vio lence liée aux trafics de stupéfiants s’am plifie, et gangrène certains quartiers, et jusqu’au centre-ville de Besançon. Com ment réagissez-vous? Rémi Bastille : Ce qui s’est passé à Besançon avec des tirs à la kalachnikov est un fait aussi exceptionnel qu’intolérable. Ce sujet des tirs n’est pas complè tement nouveau, hélas, et c’est un sujet national qui justifie que le ministre de l’Intérieur et le garde des Sceaux en aient fait leur priorité numéro 1 de l’année. La montée en puissance des engagé ici depuis plusieurs années. De gros efforts ont été employés à Planoise notamment pour reprendre en main la situa tion et éradiquer de nombreux points de deal. Il en reste quelques-uns, trois ou quatre, mais bien sûr que l’objectif est de les éliminer tous. Tout en sachant que les modes de trafics ont beaucoup évolué et néces sitent des moyens d’enquête dif férents. À Planoise par exemple, il faut aussi voir le positif, cette lutte sans relâche contre ce fléau a permis une forme d’apaise ment depuis quelques mois. Les forces de l’ordre et la police ne relâchent pas leurs efforts contre un trafic qui est bien réel. L’an dernier dans notre département, le nombre de mis en cause pour trafic a augmenté de 40 % par rapport à l’année précédente. Càd : Les opérations dites “place nette” sont-elles vraiment effi caces ? R.B. : Elles sont efficaces quand elles sont adossées à des procé dures judiciaires. Il ne faut donc pas les faire n’importe quand, mais uniquement quand le tra vail des enquêteurs les rend per tinentes. Il y en a déjà eu deux à Planoise, une dans le secteur de Montbéliard, une à Battant qui nous a aussi permis de contrôler les commerçants dans un quartier qui a exprimé ses attentes en matière de présence des forces de l’ordre. Nous allons continuer à conduire de telles opérations. Dans le Doubs, il n’y a pas de quartiers ou de secteurs à l’abandon. réseaux criminels liés au trafic de stupé fiants nécessite ici dans le Doubs comme ailleurs un travail en profondeur, c’est ce que nous avons
cupation principale des habi tants. Quels sont les derniers chiffres de la criminalité à l’échelle du Doubs ? R.B. : En volume, on constate que les faits augmentent un peu chaque année. En 2024, on a enregistré une augmentation de + 5,7 % des faits de délin quance. Si on entre dans le détail, on constate que les atteintes aux biens (cambriolages et vols) sont stables, voire en légère régres sion, et d’un niveau très en deçà de ce qu’il était il y a encore dix ans. En revanche, on déplore une augmentation très forte des faits d’atteinte à l’intégrité phy de la société vis-à-vis de ces vio lences ou une réelle augmenta tion des faits ? C’est plus difficile de le savoir. Càd : En chiffres, que représen tent ces violences? R.B. : Les violences intrafami liales ont augmenté de + 8,2 % en 2024, avec plus de 4 000 faits constatés à l’échelle du dépar tement. Les violences sexuelles, elles, ont bondi de + 37,9 %, avec plus de 800 faits constatés. Cela dit sans doute aussi à quel point la société a été aveugle jusqu’ici par rapport à ces violences dont la lutte est une priorité toujours plus affirmée. Càd : Vous avez fait de l’emploi et de l’activité économique une autre grande priorité de cette année 2025. Que peut faire l’État à l’échelle du Doubs pour lutter contre une conjoncture écono mique qui s’annonce compli quée ? R.B. : Le rôle de l’État en matière économique est d’accompagner le mieux possible les entreprises. On constate dans le Doubs que plusieurs facteurs conjoncturels se conjuguent avec des secteurs comme l’automobile qui souffrent et une horlogerie, notamment côté suisse, qui traverse une période très compliquée. Cela se ressent immédiatement sur les chiffres du chômage. L’autre facteur, c’est que des entreprises arrivent au bout des aides aux quelles elles ont droit depuis 2020 dans l’activité partielle de longue durée. Certaines aussi remboursent leur P.G.E. et pré sentent des trésoreries fragiles, avec déjà des licenciements dans sique dans la sphère familiale ou la sphère des relations proches. Quelle part est liée à la libération de la parole des victimes, à la tolérance plus faible
“Nous allons continuer à conduire des opérations place nette.”
l Aide aux entreprises L’Agence régionale pour l’amélio ration des conditions de travail (Aract) de Bourgogne-Franche Comté lance un appel à projets à destination des entreprises fron talières installées en Bourgogne Franche-Comté destiné à les aider à attirer et fidéliser les travailleurs. Dans ce contexte proche du plein emploi, beaucoup d’entreprises françaises sont confrontées à des problématiques d’attractivité et de fidélisation de leurs salariés. La zone frontalière de Bourgogne Franche-Comté fait face à des enjeux spécifiques concernant l’at tractivité de ses entreprises. Une enveloppe financière a ainsi été dédiée à ce projet pour un montant total de 500 000 euros. Les entre prises bénéficiaires de l’appel à projet devront être dans le péri mètre des bassins d’emplois sui vants : Belfort, Montbéliard, Héri court, Morteau, Pontarlier, Saint-Claude et Lons-le-Saunier. Date limite de dépôt : 4 avril à minuit. L’Aract propose des ren dez-vous individuels pour tout ren seignement complémentaire ou accompagnement. Contacts : f.lapertot@anact.fr ou a.cnockaert@anact.fr En bref…
Rémi Bastille, né à Pontarlier, a grandi dans le secteur de Mignovillard, à la frontière du Jura et du Haut-Doubs. Âgé de 41 ans, il est préfet du Doubs depuis un an.
R.N. 57 dans la traversée du Haut-Doubs ? R.B. : Le même contrat de plan prévoit bien le financement des travaux de franchissement de Pontarlier à hauteur de 10 mil lions d’euros. Toutes les procé dures sont lancées sur ce dossier et les travaux se concrétiseront dans les années à venir. Ils devraient permettre de gagner 15 minutes de temps de par cours. Il y a d’autres projets comme certains créneaux de dépassements du côté de la Vrine. Ceux-ci devraient être calés dans le contrat de plan suivant, c’est-à-dire après 2027, et l’enjeu est que les études soient conduites avant. Càd : Que dites-vous aux collec tivités qui craignent des coupes sombres dans les dotations de l’État ? R.B. : Rien n’est encore arrêté pour les collectivités locales tant que le budget de l’État n’est pas voté, et nous savons que nous aurons besoin collectivement de faire des efforts. Mais faire des efforts, ce n’est pas tout arrêter. La grande majorité des actions de l’État seront confirmées et l’essentiel des dotations conti nueront à être délivrées. n Propos recueillis par J.-F.H.
nistratif, tout est en cours de traitement et la loi d’orientation agricole devrait être votée assez rapidement. De notre côté aussi, on continue à soutenir la Région pour le versement du F.E.A.D.E.R. Les prochains défis de notre agriculture, c’est notam ment l’adaptation à l’évolution du climat, également l’applica tion de la loi Égalim. Sur ce point, on a lancé un travail de fond sur la fourniture de produits issus de l’agriculture locale dans les cantines des collectivités locales. Il y a encore des marges
certains secteurs. Raison pour laquelle nous avons mis en place une cellule de suivi de l’activité économique notamment dans le Nord Franche-Comté, et nous continuons à soutenir les gros investissements productifs avec des dossiers d’importance comme Sycrilor à Charquemont par exemple. Le dispositif France 2030 de soutien aux projets se poursuivra, en dépit du petit stand-by lié à l’attente de vote du budget en France. Sur le plan économique, la majorité des pro grammes de soutien seront mière sortie au rond-point de l’Alliance à Étalans face aux agriculteurs en colère. Les choses se sont-elles apaisées pour l’agri culture locale ? R.B. : Le Doubs a la chance d’avoir une agriculture solide avec des filières porteuses, ce qui explique sans doute le peu de manifestations constatées. Les questions de simplification administrative touchent bien sûr les exploitants du Doubs aussi. Mais sur ce volet admi renouvelés. Mais il va en effet falloir de l’engage ment de tous les acteurs de l’économie. Càd : Vous êtes arrivés il y a un an avec une pre
de manœuvre. La question de l’épandage des boues dans le cadre de l’évolution du cahier des charges des A.O.P. fromagères sera également à traiter.
“Les violences sexuelles ont bondi de + 37,9 %.”
Càd : Qu’en est-il du loup dans le massif jurassien? R.B. : Le nouvel arrêté intermi nistériel est en cours de valida tion. Il permettra de sécuriser juridiquement les tirs de défense. Cela permettra aussi de confor ter ce que nous avons mis en place concernant la protection des élevages bovins, spécifiques à notre massif.
Càd: Quid des travaux sur la
Càd : La sécurité reste la préoc
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