Journal C'est à dire 311 - Décembre 2024
LA PAGE DU FRONTALIER
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Pas de réduction d’indemnité chômage pour les travailleurs frontaliers Emploi
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L es allocataires frontaliers sont très souvent mieux indemnisés que l’ensemble des allocataires français. Les allocataires frontaliers ayant travaillé en Suisse sont indemnisés en moyenne 2 670 euros par mois en 2023 contre 1 265 euros pour l’ensemble des allocataires indemnisés par le régime d’assurance chômage français. Une nouvelle formule de calcul devait permettre à l’Unedic d’économiser 250 millions d’euros chaque année. Sitôt annon cée, cette mesure n’a pas tardé à soulever de vives protes tations de travailleurs frontaliers, d’associations et même d’élus. Tous considéraient que ne ce n’est pas aux travailleurs frontaliers de porter le chapeau. “Pour nous, ce n’était pas une bonne mesure. C’est un problème politique. Ce n’est pas juste que la Suisse ne paie pas sa quote-part. Pas question de stigmatiser le frontalier qui cotise à hauteur de ses revenus” , estime Éric Liégeon, le député de la V ème circonscription qui a remplacé Annie Genevard quand celle-ci a été nommée à l’Agriculture sous le gouvernement Barnier. Point de vue partagé par Thierry, ancien frontalier qui La ministre du Travail démissionnaire, Astrid Panoysan-Bouvet a annoncé le 3 décembre l’abandon de la proposition du patronat et des syndicats de réduire de façon drastique l’allocation versée aux travailleurs frontaliers. de faire le job. On peut critiquer les travailleurs frontaliers. Sans eux, des pans entiers de l’économie locale s’écrouleraient dans le bâtiment, l’artisanat, le commerce…” Georges qui a lui aussi quitté la Suisse pour ouvrir un cabinet de psychopraticien dans le Val de Morteau a craint le pire surtout au moment où l’horlogerie suisse n’est pas au mieux. “Avec cette crise horlogère structurelle, beaucoup de travailleurs frontaliers risquent de se retrouver au chômage dans les mois à venir et je ne pense pas que l’on verra le bout du tunnel avant l’été. À 1 260 euros d’indemnités chômage, c’est sauve qui peut. On allait au-devant d’une grave crise sociale et économique.” n F.C. “C’est un problème politique.” exerçait dans la mécanique de précision. “C’est inadmissible de vouloir diviser par deux ces indemnités chômage. Nos dirigeants vont devoir s’entendre avec leurs homologues suisses pour trouver une solution. C’est à eux
Réaction “Le système actuel n’est pas logique” L’Amicale des frontaliers se mobilisait depuis ce printemps pour dénoncer le caractère anticonstitutionnel de cette mesure. Entretien avec Michel Rivière, président de l’Amicale des frontaliers.
C’ est à dire : Dans quelles circonstances avez-vous réagi ? Michel Rivière : Aussitôt alertée, l’Amicale a proposé à l’ensemble des associations de frontaliers du Luxembourg, d’Allemagne, de Suisse de se regrouper sous une bannière commune. Seuls
On continuera à faire preuve de vigilance et de réactivité si besoin. Début décembre, on a rencontré à Belfort le député européen Christophe Grudler. Il fait partie de la commission des affaires étrangères avec délé gation sur les pays : Suisse, Nor vège et Islande. Cette commis sion doit se réunir d’ici la fin de l’année pour renégocier les accords entre la France et l’Eu rope. Ces accords seront bien sûr validés par la Suisse en 2025. Christophe Grudler est aussi membre de la commission sur les indemnités chômage. Nous l’avons interrogé sur la question de la durée d’indemnisation du pays d’emploi. Le système actuel n’est pas logique. Le président de la commission qui l’avait négocié était luxembourgeois. Aujourd’hui cette commission est présidée par un polonais qui partage notre point de vue. Si les Suisses devaient indemniser les frontaliers au-delà de cinq ou six mois, ils réfléchiraient sans doute à deux fois avant de licencier. n Propos recueillis par F.C.
ler perdre son temps dans des procédures dont on connaît déjà la conclusion? Càd : La réponse de la ministre du travail démissionnaire vous satisfait-elle ? M.R. : Évidemment, même si les associations restent unies.
le G.T.E. et le C.D.T.F. en Alsace ne nous ont pas rejoints. On a transmis un courrier aux minis tres concernés. Il stipulait que “cet avenant a un aspect discri minatoire et que cette disposition a déjà été retoquée plusieurs fois par la Cour de Justice euro péenne.” Quel intérêt alors d’al
“C’est au pays d’emploi de verser les indemnisations aux chômeurs frontaliers. On a bon espoir de régulariser cette disposition avec le député européen Christophe Grudler”, explique Michel Rivière, le
président de l’Amicale des Frontaliers.
Emploi
Les frontaliers habitent de plus en plus loin de leur travail
Près de 48 000 actifs résidant en Bourgogne-Franche-Comté traversent la frontière pour rejoindre leur lieu de travail en Suisse. Leur temps moyen de trajet domicile-travail est plus élevé que celui des frontaliers des autres régions. Et ce sont ceux aussi qui polluent le plus.
immédiate de la frontière les frontaliers de la région doivent donc parcourir en moyenne 22 km de trajet en Suisse pour rejoindre leur travail. Résultat logique souligné par les sta tisticiens de l’I.N.S.E.E. : “Les fronta liers de Bourgogne-Franche-Comté émettent plus de CO2 que tous les autres. Ils émettraient chaque année plus de 2,1 tonnes en équivalent CO2.” C’est près de deux fois plus que ceux d’Auvergne-Rhône-Alpes (1,1 tonne), ces derniers, c’est logique, étant beau coup mieux desservis en transports en commun. n J.-F.H.
que peu de frontaliers de nationalité suisse résident en Bourgogne-Franche Comté, alors qu’ils sont plus nombreux en Grand Est près de Bâle, et en Auvergne-Rhône-Alpes aux abords de Genève” note l’I.N.S.E.E. La résidence en France des frontaliers, ce n’est pas nouveau, engendre un flux toujours plus nombreux aux postes frontières. Ainsi, “le flux de frontaliers passant par la commune de Villers le-Lac dépasserait désormais quoti diennement les 8 300 individus en 2021, contre 6 100 en 2010.” Et comme les pôles d’emploi suisses sont relati vement peu nombreux à proximité
l’industrie, notamment en raison de la proximité des entreprises de l’hor logerie suisse. Les frontaliers bour guignons-francs-comtois sont ouvriers pour la moitié. Ils sont par ailleurs plus jeunes que dans les autres régions frontalières avec la Suisse (Grand Est et Auvergne-Rhône-Alpes), près de la moitié d’entre eux a moins de 40 ans. En 2021, les frontaliers de la région parcouraient en moyenne 43 km pour se rendre sur leur lieu de travail, c’est 8 km de plus que ceux de Grand Est et 15 km de plus que ceux d’Auvergne Rhône-Alpes. “Cet éloignement aux pôles d’emploi suisses peut expliquer
D ébut 2024, l’Office fédéral de la statistique suisse dénombrait 47 900 fronta liers, effectivement actifs en Suisse et résidant en Bourgogne Franche-Comté. En 2021, ils repré sentent 3 % de la population active de la région. Ces frontaliers bourgui gnons-francs-comtois gagnent mieux leur vie que leurs homologues en
France, plus encore avec l’appréciation du franc suisse face à l’euro qui a bondi de + 20 % entre 2010 et 2021, mais, “le revers de la médaille est pour ces frontaliers des déplacements de plus en plus longs” réaffirme l’I.N.S.E.E. régional dans une très récente étude. Un profil lié aux emplois industriels qu’ils occupent Plus d’un frontalier de la région sur deux travaille dans
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