Journal C'est à dire 311 - Décembre 2024
DOSS I ER
26
Ornithologue, une espèce en voie de désolation Oiseaux Dans le Haut-Doubs comme ailleurs, les ornithologues n’en finissent plus de voir les populations d’oiseaux se raréfier. Activités humaines, prédations, réchauffement climatique, épidémie… La situation est grave. Certaines espèces sont en grand danger alors que d’autres se remplument.
d’être anodin. Plus de 34 millions de personnes sortent régulière ment dans la nature pour faire du sport, de la cueillette ou tout simplement se promener. C’est sans doute le dérangement humain associé au réchauffement climatique qui sonnera le glas du Grand Tétras dans le massif jurassien. L’intensification de l’agriculture a largement contri bué à la disparition des haies. “On en détruit toujours plus qu’on en replante. Il faut attendre près de 30 ans pour observer l’efficacité écologique d’une haie où il est nécessaire de trouver des gros arbres.” Toujours au sujet du dérange ment, des études sur les chemins de randonnée en forêt de Chaux montrent que le dérangement impact la biodiversité sur des bandes de 15 m de part et d'autre du sentier. Les migrateurs paient aussi un lourd tribut lié au main tien de certaines chasses tradi tionnelles. “Entre 30 000 et 90 000 rouges-gorges sont pris à la glu chaque année. Dans les pays du Maghreb, on capture encore des oiseaux pour les mettre en cage. Ces espèces sont plutôt jolies à voir et chantent bien. Je pense par exemple au chardonneret élé gant.” Le dérèglement climatique se répercute sur des oiseaux qui nichent à terre. Face au stress climatique, des arbres ont ten dance à réagir en faisant de grosses fructifications surnom mées les “paissous” par les fores tiers. Ce phénomène attire toutes sortes d’animaux, des rongeurs,
M ême s’il a passé le relais à la prési dence de l’associa tion des Gazouillis du plateau en 2021, Noël Jeannot plaide toujours la cause de la gent ailée, notamment avec les conférences “Z’oiseaux” qu’il anime dans le cadre de l’Univer sité ouverte de Franche-Comté. Ce sera d’ailleurs le cas le 1 er février à 20 heures au café
Protégés des chasseurs depuis 1972, les buses (photo), milans royaux et autres rapaces locaux ont vu leur effectif reprendre des couleurs de façon significative.
mais c’est la quantité qui dimi nue. Je pense par exemple au pinson des arbres dont l’effectif a baissé de 16 % en 30 ans.” La tendance se vérifie à l’échelle européenne où le nombre global d’oiseaux a diminué de 500 mil lions par rapport à la situation en 1980. En pourcentage, cela représente une baisse de 18 %. Les spécialistes prévoient que 25 % des espèces auront disparu d’ici 2050 à l’instar du courlis à bec grêle dont les dernières obser vations humaines remontent à 1991. Toutes les espèces et les terri toires ne sont pas logés à la même enseigne. “Dans l’Atlas des oiseaux nicheurs en Franche Comté, 40 % des espèces identi fiées sont en danger” note le spé cialiste. Les oiseaux subissent de plein fouet l’impact des acti vités humaines : intensification de l’agriculture, urbanisation, pollution, chasse, dérangement, prédation. 75 millions d’oiseaux succombent entre les griffes des chats chaque année en France. Le dérangement humain est loin
associatif de l’Écolette au Bizot. “Cela fait plus de 35 ans que je participe à des comptages d’oi seaux ou que j’effectue mes propres observations toujours aux mêmes endroits. Je m’arrête cinq minutes et je note tout ce que j’entends comme chants d’oiseaux et tout ce que je vois. De cette expérience, je constate un appauvrissement global du nombre d’oiseaux. J’ob serve toujours les mêmes espèces
à bec grêle n’est que le début d’un mouvement que n’est pas près de s’arrêter. “Avant, j'ob servais beaucoup de courlis cen drés qui nichaient dans les zones humides du Haut-Doubs. C’est de moins en moins le cas aujourd’hui. En 2023, il avait fait l’objet d’un moratoire pour ne plus être la proie des chasseurs pendant deux ans mais je ne suis pas sûr que le dispositif soit pro longé” , se désespère l’ornithologue de Charquemont. Autre note d’espoir dans cette symphonie morbide, le cas de la tourterelle des bois dont les effec tifs ont progressé de 25 % depuis qu’elle est protégée. Cette mesure a toujours des effets positifs sur les populations. Elle a favorisé le retour des rapaces notamment qui sont protégés depuis 1972. Les buses, milans ont retrouvé leur place dans le ciel du Haut Doubs. n F.C.
des prédateurs qui finissent par s’installer durablement et s’en prennent aussi aux nichées d’oi seaux. D’autres facteurs d’origines humaines contribuent à affaiblir les populations : empoisonne ment, collision avec les véhicules, pollution lumineuse, grippe aviaire… Se méfier aussi du rôle de certains oiseaux plus utiles qu’on ne veut bien le croire. Classé parmi les espèces nuisi bles, on parle aujourd’hui d’espèce susceptible d’occasionner des dégâts, le geai des chênes a la fâcheuse habitude de faire des provisions un peu partout, qu’il ne retrouve pas forcément mais s’avèrent finalement fort utiles pour aider les forêts à se régé nérer naturellement. Une autre étude de l’O.N.F. mon tre que son action favorise la montée en altitude des plantes et arbres de plaine. Pour Noël Jeannot, la disparition du courlis
Bien que classé nuisi ble, le geai des chênes, en dis persant ses provisions un peu partout, favorise la régénération naturelle des forêts du Haut-Doubs (photos Noël Jeannot).
Le G.A.E.C. de Pâvre récompensé pour ses pratiques agroécologiques Pierrefontaine-les-Varans Cette association accompagne des créateurs et des repreneurs d’entreprises en leur octroyant également des prêts d’honneur issus d’un fonds alimenté par la Région et la Banque Publique d’Investissement B.P.I. France.
“On s’est fixé comme objectif de travailler dans le respect de l’environne ment”, indique Mathias Cucherousset associé avec ses parents Jean-Luc et Claudine au G.A.E.C. de Pâvre.
D ans la famille Cuche rousset, on a un succès modeste. “On n’a rien fait de sorcier. On tra vaille avec la nature. On a pu installer notre fils Mathias sans s’agrandir” , réagit Claudine Cucherousset, associée avec son mari Jean-Luc et leur fils au G.A.E.C. de Pâvre sur la com mune de Pierrefontaine. Le trio soigne un troupeau d’une
quarantaine de vaches laitières. Le lait est livré et transformé en comté à la coopérative de Pier refontaine-les-Varans-Ouvans engagée avec la société Monts et Terroirs pour l’affinage et la mise en marché. “On a toujours souhaité fonctionner dans le res pect de l’environnement” , com plète Mathias Cucherousset qui voit dans ce prix la reconnais sance des pratiques développées
sur cette exploitation familiale. Ce prix leur vaut d’être sélec tionnés à la finale nationale qui se tiendra au prochain Salon de l’agriculture à Paris. Créé en 2010, le concours des prairies fleuries était initiale ment axé sur la diversité floris tique. La formule a ensuite évolué pour intégrer le volet agricole et les caractéristiques de produits issus des exploitations candi dates. Le concours local se déroule désormais sur le terri toire du Parc Naturel Régional du Doubs Horloger. Lequel parc organise ce concours en parte nariat avec l’E.P.A.G.E. Doubs Dessoubre et la chambre inter départementale d’Agriculture Doubs-Territoire de Belfort. “C’est plus simple de travailler à l’échelle d’une coopérative. Dans le Haut-Doubs, il y a beaucoup de concours autour de la race montbéliarde et cela permet aussi d’élargir à d’autres volets de la vie agricole” , estime Cédric Jac
des insectes pollinisateurs. La gestion durable des lisières, des bosquets et des haies ainsi que la présence d’une loge per mettent d’offrir à la faune les abris et les ressources nécessaires à leur maintien et à leur repro duction, tout en apportant de l’ombrage et une protection face au vent et à la pluie pour le bétail. Les pratiques agricoles dévelop pées par les exploitants (entretien des haies et bosquets à la tron çonneuse, tas de bois laissés sur place) permettent également de maintenir des éléments paysa gers du territoire: bosquets, haies, affleurements rocheux, dolines, loge. n F.C.
pétences en élevage, en agrono mie, en botanique et en écologie. La parcelle du G.A.E.C. de Pâvre qui remporte cette édition s’étend sur 6 hectares. Elle est menée en pâturage tournant pour les vaches laitières puis pour les génisses. Les membres du jury ont observé une diversité floris tique exceptionnelle avec plus de 70 espèces végétales recen sées : un équilibre entre grami nées, légumineuses et diverses bien réparti ainsi que la présence en nombre de plantes aroma tiques ou en tanins qui amélio rent la qualité du lait et luttent contre le parasitisme. Sans oublier le fort potentiel mellifère de la parcelle qui fait le bonheur
quet, chargé de mission forêt et agriculture durable au P.N.R. Doubs Horloger. Cette année, onze exploitations étaient candidates. Après la phase de pré-sélection, six ont été finalement retenues. Le jury composé de 7 personnes a passé au crible les parcelles et les fermes lors d’une visite de terrain qui s’est déroulée en juin dernier. La grille de notation prend en compte différents paramètres: les qualités agronomiques et éco logiques de la parcelle, la contri bution de la diversité floristique à ces qualités et la capacité du mode d’exploitation agricole à les valoriser et les renouveler. La méthode mobilise des com
Les organisateurs et les participants du concours étaient réunis le 2 décembre à Pierrefontaine-les-Varans pour la remise des prix.
Made with FlippingBook - Online magazine maker