Journal C'est à dire 309 - Octobre 2024
LE PORTRAIT
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Patrice Malavaux, la sentinelle des rivières Depuis près de 15 ans, il arpente les rivières comtoises et les observe se détériorer au fil des années. Garde-pêche sur la Franco-suisse, Patrice Malavaux ne cesse d’alerter sur les pollutions des rivières comtoises. Cette sentinelle a le monde aquatique chevillé au corps depuis tout jeune. Charmauvillers
S i la nature et les bords de rivières sont son ter ritoire privilégié, Patrice Malavaux a grandi dans un milieu urbain à Besançon. Passionné depuis presque tou jours par la pêche, les milieux aquatiques et naturels, le jeune Patrice se dirige pourtant à la Fac de sciences humaines. Mais plusieurs déclics le font changer d’études. “J’ai vu sur un ruisseau de truites des motos remonter le cours d’eau, j’ai assisté à des actes de braconnage. À 20 ans, je voyais que ça partait en cacahuète dans les rivières, il fallait que je tra vaille là-dedans, trop de choses
départemental, je suis le seul à être salarié d’une association.” Si ses missions premières étaient d’être au contact des pêcheurs, de surveiller la pratique de la pêche, de sensibiliser, d’être une “sentinelle des rivières” comme Patrice Malavaux se définit, son métier a changé pour se trans former en défenseur des cours d’eau et lanceur d’alerte face aux pollutions. Son premier combat, il a d’ailleurs été le premier à lancer l’alerte, a été celui du bar rage du Châtelot. “À l’époque, on pensait que les barrages allaient tuer la rivière. On s’est rendu compte que la faune aquatique
ne me convenaient pas.” Patrice quitte alors l’Université pour un Bac pro en aquaculture à Valdoie, suivi d’un B.T.S. à Annecy en lycée agricole. “Quand on m’accuse d’agri-bashing, ça me fait doucement rire, j’ai fait des études agricoles.” C’était en 2004. Pendant trois ans, en apprentissage en plantes aqua tiques, il sera responsable d’une baignade naturelle touristique en Haute-Savoie. À la fin de ses études, il devient en 2007 garde pêche de l’association de pêche la Franco-suisse. “Comme garde pêche, je suis carrément un O.V.N.I., sourit-il. Au niveau
Patrice Malavaux,
garde-pêche et amoureux de la nature…
sement pollue sur des points pré cis, l’agriculture, c’est sur l’en semble du bassin-versant.” S’il avoue craindre pour son emploi et se sentir gagner par le découragement - “à la base, si je fais ce métier, ce n’est pas pour ramasser des poissons crevés” - , il n’envisage pas d’arrêter son rôle de sentinelle. Et ce malgré une violente agression en 2018 qui l’a meurtri, physiquement et moralement. “Je suis réguliè rement pris à partie, notamment par le monde agricole. Mais l’étude Nutri-karst à laquelle gine agricole. Elle n’est pas réjouissante cette étude, même si des choses s’améliorent au niveau agricole. C’est aussi lié au changement climatique.” Dernièrement, Patrice Malavaux a joué le rôle de personnage de bande dessinée dans le reportage sur la pollution des rivières du journaliste Martin Delacoux et de Valentine De Lussy, Leur temps est Comté, paru dans la Revue dessinée et le hors-série sur l’eau de la Salamandre. Une autre manière de refléter le pro blème des rivières comtoises, une mise en lumière nationale qui permet ne pas noyer le pois son. La sentinelle continue de veiller. n L.P. participe la Chambre d’agriculture Doubs-Ter ritoire de Belfort a mon tré que 90 % des pollu tions des rivières karstiques étaient d’ori
ne pouvait pas vivre avec les variations de niveaux, ça ruinait tout l’écosystème à sa base.” Fina lement, en 2016, la D.R.E.A.L. a été convaincue de renouveler le règlement d’eau différemment. “Le débit minimal a été relevé, la baisse du débit a été pondérée de façon à ce que la faune aqua tique ait le temps de se retirer progressivement.” Pour autant, le constat est dur : “On s’est rendu compte que la problématique de l’eau se fait de plus en plus forte.” La grosse mortalité piscicole de 2011 dans la Loue a été un gros qu’on avait franchi une étape de plus dans le phénomène de décré pitude des rivières. On ne fait que franchir des caps supplé mentaires, c’est le dernier cap avant la mort de la rivière, c’est le dernier fusible avant nous parce qu’on boit l’eau de la rivière” , souligne Patrice Mala vaux, pessimiste. En 2014, il s’investit dans le col lectif Doubs-Dessoubre. Déjà à l’époque en opposition avec le monde agricole sur l’origine des pollutions, le collectif s’intéresse aussi à l’assainissement. Pro blématique il y a dix ans, depuis, de gros efforts ont été fournis. “Sauf que l’état des rivières conti nue de se dégrader. L’assainis choc à encaisser pour le garde-pêche. Il s’engage dans le collectif S.O.S. Loue et rivières com toises créé à ce moment là. “On a vite compris
…et son double des siné dans le reportage B.D. Leur temps est Comté sur
la pollution des rivières comtoises.
Une petite crainte pour son emploi.
Bio express : l 2004-2007 : Bac pro en aquaculture à Valdoie puis un B.T.S. à Annecy l 2007 : garde-pêche à Goumois sur la Franco-suisse l 2011 : Il assiste impuissant à l’importante mortalité piscicole dans la Loue. Il s’investit dans le collectif S.O.S. Loue et rivières comtoises quasiment depuis le début l 2014 : Création du collectif Doubs-Dessoubre l 2024: Il figure dans la B.D. Leur temps est Comté du journaliste Martin Delacoux et de Valentine de Lussy.
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