Journal C'est à dire 307 - Juillet-Août 2024
ÉCONOM I E
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Le patron des pompiers du Doubs
“L’organisation des pompiers est désormais plus proche des besoins de la population”
Stéphane Beaudoux, le chef des pompiers du Doubs, explique les raisons qui l’ont poussé à réformer l’organisation territoriale du service d’incendie et de secours départemental pour plus d’efficacité et une meilleure organisation.
Zoom Les pompiers du Doubs en chiffres l 3 044 agents au S.D.I.S. 25, dont 2 938 sapeurs pompiers (et 106 per sonnels administratifs) l 2 535 pompiers volontaires et 403 professionnels. l 195 073 appels reçus par le centre opérationnel. l 534 appels par jour. l 34 857 interventions par an. l 95 interventions par jour. l 1 intervention toutes les 5 minutes. l 29 428 victimes secourues. l Évolution de l’activité : + 22 % par rapport à 2012. l Délai d’intervention moyen : moins de 20 minutes dans 80 % des cas (temps de traitement de l’appel compris). l Sapeurs-pompiers engageables en moins de 10 minutes : plus de 400 en journée, plus de 650 la nuit. l 27 actes d’agressions envers des sapeurs pompiers. l Un budget de 75,2 millions d’euros. Chiffres 2023, source S.D.I.S. 25
Le contrôleur général Stéphane Beaudoux, directeur départemen tal des services d’incendie et de secours du Doubs.
C’ est à dire : La réorganisa tion des secours a été lancée dans le Doubs, elle est offi cielle depuis le début de l’année. Fini les groupements territo riaux, places aux compagnies de pom piers, plus proches des bassins de vie. Pourquoi avez-vous souhaité cette nou velle organisation ? Stéphane Beaudoux : Cela fait plus de deux ans qu’on y travaille. Cette réor ganisation a pris effet au début de l’an née, elle est toujours en cours. C’est un énorme changement qui a nécessité la mobilité interne de 70 officiers profes sionnels qui ont soit changé de lieu de travail, soit changé d’emploi par une mobilité fonctionnelle. Il a fallu bien expliquer cette réforme aux pompiers volontaires sur le terrain. Càd : Quelles ont été vos motivations pour totalement réorganiser la carte départementale des pompiers ? S.B. : Nous sommes partis de plusieurs contrats partagés par tous. D’abord, on subit depuis plusieurs années un effet ciseau entre le nombre de sollici tations opérationnelles qui sont en aug
mentation depuis plusieurs décennies, liées notamment aux évolutions socié tales qui se traduisent par un certain “consumérisme” des services publics, renforcé par le vieillissement de la population et aussi l’augmentation de l’individualisme dans notre société. Notre activité est le reflet des mouve ments de notre société. Et à l’inverse, la courbe de la disponibilité de nos sapeurs pompiers volontaires ne cesse de baisser. Le Covid par-dessus cela a également changé les mentalités. Le beau modèle de ce service public basé sur l’engagement citoyen, héritier de 1789, est de plus en plus difficile à maintenir. D’où la nécessité de mettre en place cette réforme. Càd : Les solutions déjà expérimentées comme l’engagement différencié ne suf fisaient donc pas ? S.B. : L’engagement différencié consiste en effet à laisser la possibilité à nos sapeurs pompiers volontaires de ne faire que les missions qu’ils souhaitent, cela afin d’alléger leur charge et cela fonctionne bien. Mais en effet cela ne suffisait pas. Partant de ce constat et de celui que les pompiers volontaires
Cette réorganisation territoriale et fonctionnelle apporte une vraie dyna mique positive. Càd : Ce mouvement n’est pas terminé ? S.B. : Non, nous sommes toujours en phase de mise en place. Nous sommes en train de créer une 13 ème compagnie de réserve et d’appui pour soutenir les compagnies qui viendraient à manquer d’effectifs. Càd : Qu’en est-il du recrutement des pompiers volontaires ? S.B. : Nous sommes confrontés à un vrai paradoxe. D’un côté, nous refusons des candidats qui souhaiteraient s’en gné de la caserne. D’où justement la création de cette 13 ème compagnie qui va nous servir, soit à prendre des profils très spécialisés, ou d’avoir à disposition des volontaires qui pourront prendre des gardes casernées dans tous les cen tres de secours qui ont des gardes pos tées. Cette compagnie pourra aussi ser vir de réserve opérationnelle sur les gros événements. Cette 13 ème compagnie sera finalisée d’ici la fin de l’année. Càd : Où en est la féminisation du corps des sapeurs pompiers ? S.B. : Elle évolue d’année en année. Les femmes représentent aujourd’hui 24 % de nos effectifs. Chez les J.S.P. (jeunes sapeurs pompiers volontaires), cette part est quasiment de 50 %. À terme, les effectifs des pompiers du Doubs devraient donc être équilibrés entre les femmes et les hommes. n Propos recueillis par J.-F.H. faitement assumée de développer des offres transfrontalières de transport en commun.” Pour lui, il faudrait com mencer par sortir des logiques pure ment nationales d’exploitation et pri vilégier une approche réellement transfrontalière. “À cet égard, il serait pertinent de dépasser, au niveau finan cement et gouvernance, le principe de territorialité stricte selon lequel chaque partie gère les portions de ligne de son territoire et en assume les coûts” estime par exemple le Forum. À l’échelle de l’Arc jurassien, il apparaît que sur 6 lignes transfrontalières, 5 ne sont pas adaptées aux travailleurs frontaliers ! Les bouchons ont encore de beaux jours devant eux… n J.-F.H. gager, c’est le cas surtout en milieu urbain où nous avons des effectifs suffisants. Et en zone rurale, on est également obligés d’en refuser car leur domicile est parfois trop éloi
ont toujours besoin de plus d’accom pagnement et d’un management de proximité, notamment les chefs de cen tre, on a donc décidé de supprimer les trois grands groupements qui cou vraient le département pour créer des compagnies. Les groupements étaient parfois très éloignés pour les chefs de centres. Les trois groupements ont donc été dissous en janvier dernier et on a créé à la place 12 compagnies, beaucoup lus proches des bassins de population. Nous avons désormais des unités beau coup plus proches du terrain. Le prin cipal avantage de cette nouvelle orga nisation est de faciliter la disponibilité des sapeurs pompiers volontaires. à assurer toutes les interventions. Sur une compagnie, il y a désormais deux officiers professionnels, un chef et son adjoint, et ils seront assistés à terme de deux sous-officiers professionnels. Chaque compagnie regroupe entre 300 et 600 sapeurs pompiers volontaires. L’organisation des pompiers dans le Doubs est désormais plus équilibrée, plus homogène et plus proche des besoins de la population. Et chaque chef de centre peut désormais être accompagné par un professionnel. Càd : Les premiers résultats positifs se font déjà sentir ? S.B. : Clairement oui. Au centre de secours de Maîche par exemple, nous n’avions plus que trois pompiers volon taires en astreinte. Le fait d’avoir créé une compagnie à Maîche et placé des professionnels nous a permis de retrou ver une disponibilité de 9 volontaires. Exemple au centre de secours de Valdahon : avant la réforme, il n’y avait plus de profession nels rattachés à ce centre et les volontaires étaient tellement sollicités qu’ils n’arrivaient plus
“On subit depuis plusieurs années un effet ciseau.”
La nouvelle organisation des pompiers du Doubs en 12 compagnies.
La trop faible part de transports en commun frontaliers Transports
À peine 2,2 % des travailleurs frontaliers du Haut-Doubs utilisent les transports en commun pour se rendre à leur travail. L’étude com mandée par le Forum transfrontalier sur le sujet est plutôt alarmante.
inexistant. Un deuxième constat appa raît tout aussi nettement : la situation est meilleure (ou moins mauvaise) en termes de report modal quand il existe une offre de transport en commun adap
Alexandre Moine, président du Forum Transfrontalier qui a commandé une étude fournie sur le sujet à la Mission opérationnelle transfrontalière. Étude qui présente en effet un avenir sombre
À titre de comparaison, les tra vailleurs frontaliers de l’Ain (donc proches de Genève) sont 12,9 % à se rendre au travail en transport en commun, bus ou train. Dans l’Arc jurassien, ils sont à peine 2,2 % à la faire. Pire encore dans le Val de Morteau où les trans ports en commun concernent à peine 1 % des frontaliers. “Face à ces constats,
tée aux besoins des frontaliers (horaires et fréquences)” ajoute Stéphane Berdat, membre du Forum. Ce der nier estime que les raisons ne sont ni géographiques, ni techniques, mais “plutôt d’or
nous voulions savoir comment les trans ports en commun se développaient sur d’autres frontières de la Suisse avec l’Europe. Le constat est sans appel : l’Arc jurassien est très en retard. Les ego français et suisses ne jouent pas pour les citoyens qui souhaiteraient privilégier ces modes de transports. Triste constat, et en attendant, les files de voitures s’allongent !” déplore
en matière de transports en commun transfrontaliers dans l’Arc jurassien. Pour les travailleurs fronta liers, la voiture reste, et de loin (entre 90 et 98 % des tra jets concernés entre la France
Sur 6 lignes, 5 ne sont pas adaptées aux frontaliers.
dre politique affirme-t-il. Il n’y a pas au sein de l’Arc jurassien de volonté politique clairement exprimée et par
et la Suisse), le mode de transport le plus utilisé. “Le report modal de la route vers le rail est donc quasiment
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