Journal C'est à dire 301 - Janvier 2024

VAL DE MORTEAU

musée de la résistance et de la déportation en faisant un parallèle indigne et inacceptable avec les années trente ? Cette attitude-là est proprement scandaleuse. Là est l’indignité. Elle n’est pas de demander que les étrangers arri vant en France apprennent notre langue ou de réclamer que les demandes de droits d’asile soient traitées plus rapidement. Càd : Et votre avis sur la cau tion demandée aux étudiants étrangers, vous qui étiez ensei gnante ? A.G. : Les droits d’inscription dif férenciés, ça existe déjà dans la loi. La position des universités se base sur des questions purement financières car si un établissement a moins d’étudiants, il aura moins de dotations. L’examen du carac tère sérieux des études, Erasmus le prévoit déjà depuis de nom breuses années pour les étudiants européens. Une caution en Alle magne, c’est 11 000 euros. Alors qu’Élisabeth Borne parle de 10 ou 20 euros. Il y a des exonérations prévues en cas de revenus modestes ou en fonction de l’ex cellence du parcours. La France accueille 100 000 étudiants étran gers par an, il n’est pas anormal non plus qu’on y regarde de plus près en fonction des places et des dotations dans chaque université. De toute manière, idéologique ment, les universités françaises ont toujours été hostiles à tout

de personnes en France pour y vivre dans des conditions indignes ? Est-ce que l’humanité consiste à laisser se développer un système qui fait croire aux gens à une vie meilleure en leur faisant risquer leur vie sur un canot en Méditerranée ? L’asile n’est aucunement remis en cause par ce texte, il n’est même pas concerné. Sur ce point, nous nous devons de traiter plus rapidement et efficacement les demandes car 98 % des déboutés restent sur le sol français. L’asile, c’est le refuge que la France donne aux combat tants de la liberté. En aucun cas, ces valeurs ne sont remises en sont plus possibles. Les mineurs non accompagnés ne peuvent plus être expulsés. Soit. Mais depuis la loi Collomb, ils peuvent faire venir leur famille. À tel point qu’aujourd’hui ce sont les passeurs qui déterminent l’entrée des étran gers sur notre territoire. Ce n’est plus possible ! Càd : La gauche est donc à côté de la plaque et ses critiques hors sol ? A.G. : Est-ce normal de voir la maire de Besançon Anne Vignot qui avant Noël, organise une confé rence de presse au sein même du cause par ce texte. Avant de crier à l’inhu manité, il faut savoir ce que contient précisé ment cette loi. Il y a juste des choses qui ne

type de sélection, leur opposition à cette mesure n’est donc pas éton nante. Càd : L’épisode de cette loi immigration marque-t-il le retour en grâce des L.R., et pourra-t-on un jour vous voir intégrer un gouvernement de coalition ? A.G. : Il faudra toujours compter sur les L.R., non pas dans la confu sion, mais dans la clarté des convictions. La leçon politique de cet épisode, c’est qu’à 62 députés seulement, les L.R. ont su et pu peser sur le gouvernement. On entend bien continuer à peser de tout notre poids sur la façon dont doit être gouverné le pays. Concer nant une entrée au gouvernement, je n’entends pas que le président de la République soit disposé à une quelconque forme de cohabi tation ! Tout ce que je sais, c’est qu’on aura plus pesé sur ce texte en agissant en opposants respon sables. La politique, c’est la clarté des choix. Le reste, ce ne sont que des conjectures… Comme nous l’avons été sur cette affaire, je pense que les L.R. sont à la hau teur de l’attente des Français. On l’a été clairement. Et même le R.N. ne pourra pas dire le contraire puisqu’il a voté notre loi ! Je pense que ce n’est pour nous qu’une étape sur le chemin des Euro péennes de juin prochain et de la présidentielle à venir. n Propos recueillis par J.-F.H.

n’y a plus de règle, c’est le désor dre ! Càd : Ne pensez-vous pas tout de même que cet épisode fait le lit du R.N. ? A.G. : Au contraire, quand les sujets ne sont pas traités, c’est le meilleur moyen de faire monter le R.N. Je prends l’exemple du Danemark, que je connais, où un gouvernement pourtant de gauche a pris des mesures similaires de grande fermeté : là-bas, les partis extrémistes plafonnent à 2 % ! Càd : Ne devriez-vous pas attendre fin janvier quand le Conseil constitutionnel aura statué sur la conformité des mesures contenues dans cette loi immigration pour crier vic toire ? A.G. : Nous verrons bien ce que dit le Conseil constitutionnel. Mais c’est bien la preuve que dans cette affaire, le gouvernement louvoie, il souffle quasiment la solution au Conseil constitutionnel. À peine la loi était-elle votée que la Pre mière ministre a commencé à dire que certains points ne seraient peut-être pas conformes à la Constitution. J’estime que tant qu’il ne s’est pas prononcé, il est inutile de faire des plans sur la comète. Souvent les parlemen taires s’autocensurent de peur de la censure du Conseil constitu tionnel. C’est bien pour cela que nous souhaitons une modification

nationale. On ne peut surtout pas comparer notre position à celle duR.N. Càd : Comment expliquez-vous les levées de boucliers depuis le vote de ce texte ? A.G. : Ce texte a été voté par toutes les formations politiques, à l’ex ception de celles de gauche. Nous savons bien que les Français veu lent de la fermeté sur la question migratoire. Une immigration qui n’est pas contrôlée et encadrée pose évidemment des problèmes non seulement aux Français mais aussi aux étrangers qui vivent depuis longtemps ici. En 2022, on a accueilli sur notre sol 500 000 étrangers, réguliers ou deman deurs d’asile. Et on ne compte pas moins d’1 million d’étrangers en situation irrégulière. La fermeté, c’est de vouloir reprendre le contrôle sur ces flux, il n’y a rien de choquant à cela. Càd : L’Aide médicale d’État a finalement été sortie du texte. Êtes-vous de ceux qui disent qu’il faut la supprimer ? A.G. : L’A.M.E. et l’hébergement des demandeurs d’asile, c’est une enveloppe de 2 milliards d’euros par an pour l’État, sachant que 70 % de ces demandeurs d’asile seront au final déboutés. Je ne dis pas que l’A.M.E. doit être sup primée, je dis juste que ces flux, donc ces dépenses, doivent être mieux contrôlés et encadrés. S’il

de la Constitution pour que le Parlement reprenne la main. Pour le reste, on verra bien. Je ne pense pas que le Conseil constitutionnel vide cette loi de sa substance. Càd : Au nom de quoi faudrait il modifier la Constitution ? A.G. : Le politique doit reprendre la main. À l’image d’autres pays qui sont mieux armés que nous pour faire valoir leurs positions politiques. Les instances suprêmes comme le Conseil constitutionnel ou le Conseil d’État peuvent avoir trop de pouvoir par rapport à la décision politique. Savoir que le Conseil d’État a récemment obligé tionnements, les Français n’y com prendront plus rien. C’est la raison pour laquelle je prétends qu’il faut sans doute réformer la Constitution pour redonner du poids à la décision politique. Càd : Revenons à l’esprit de cette loi immigration. Les accu sations d’inhumanité formu lées par la gauche vous tou chent-elles ? A.G. : La gauche crie à l’inhuma nité de ces mesures ? Je dis que c’est tout le contraire. Est-ce que l’humanité consiste à laisser entrer des centaines de milliers la France à rapatrier à ses frais un Ouzbek condamné pour radica lisation, on marche sur la tête ! Si on ne révise pas ce genre de dysfonc

“La gauche crie à l’inhumanité ?

C’est tout le contraire !”

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