Journal C'est à dire 301 - Janvier 2024

VAL DE MORTEAU

“Cette loi réinstaure l’ancien clivage gauche-droite et je trouve cela plutôt sain” Annie Genevard sur la loi immigration En première ligne sur la préparation et le vote de la loi immigration en fin d’année dernière en tant que membre de la commission mixte paritaire qui a ficelé le texte, la députée du Haut-Doubs Annie Genevard défend cette nouvelle loi et fustige les arguments de ceux qui s’en offusquent. Interview.

Annie Genevard, ladéputée duHaut Doubs, a joué un rôle-clé dans l’adoption de la nouvelle loi immigration (photo D.R.).

C’ e st à dire : Reve nons quelques ins tants sur la prépa ration de cette loi. Que vous a valu le fait d’être un des quatorze parlemen taires membres de la Commis sion mixte paritaire qui a pré paré le contenu du texte ? Annie Genevard : Comme j’avais été l’oratrice de mon groupe par lementaire sur ce texte en Com mission lors de l’examen de ce texte début décembre et que j’ai mené pendant toute la semaine les débats en Commission, ma désignation en tant que représen tante L.R. de l’Assemblée natio nale au sein de cette C.M.P. est apparue assez logique. Càd : Quelle était l’ambiance au sein de cette commission

qui a siégé sans micro ni caméra? A.G. : L’ambiance sur ce texte a déjà été très houleuse en commis sion avec un clivage gauche-droite nettement marqué, elle était à peu près semblable au sein de la

lement jusqu’à tard le soir, puis on a renégocié pied à pied les mesures jusqu’à 1 heure du matin le lendemain. On a bien fait com prendre à la Première ministre que le texte qu’avait voté le Sénat quelques jours auparavant était

droite à entendre les réactions duR.N. ? A.G. : Le R.N. n’a pas modifié une virgule du texte pendant la C.M.P. Ils ne font qu’un coup politique sur cette affaire, juste de la récu pération. Cette loi immigration est un texte sur lequel le R.N. n’a pas du tout pesé, contrairement à ce qu’ils ont voulu faire croire. C’est clairement une victoire pour la droite et c’est surtout un texte que les Français attendaient. Ce texte signifie d’abord que venir en France, ça se mérite. On n’ar rive pas en France avec des exi gences ou en ayant des droits, mais on se plie d’abord aux règles de pays, en acceptant d’apprendre sa langue, de se plier aux principes et aux valeurs de la République.

de plus pour obtenir les allocations familiales. Le temps de contribuer au système social de ce pays. Nous disons juste que quand on est un étranger arrivant en France, il faut contribuer un certain temps au système social du pays pour en retoucher les fruits. Ce n’est pas du tout le système de préfé rence nationale que le R.N. met en avant. C’est uniquement une question de contribution : 5 ans pour les étrangers qui ne travail lent pas et 30 mois pour ceux qui travaillent. Nous considérons à juste titre que quelqu’un qui ne travaille pas ne veut pas participer à la solidarité nationale. Le travail est dans l’A.D.N. de la droite, encore une fois, ce n’est en aucun cas une question de préférence

C’est ça que signifie cette loi. Il ne s’agit pas de pointer du doigt les étrangers qui vivent déjà sur notre sol, mais ceux qui y arrivent doivent se soumettre à des règles. Il n’est pas anormal que les pres tations sociales pour lesquelles on n’a pas contribué s’ouvrent après un certain délai de contri bution. Càd : Cette loi instaure donc une différence claire entre un étranger et un Français. Rien de choquant à vos yeux ? A.G. : Ces différences concernent par exemple les allocations fami liales et donc le regroupement familial. Un étranger venu en France doit attendre 24 mois pour faire venir sa famille et six mois

C.M.P., même si on est toujours resté au sein de cette Commission mixte sur le fond des questions. Cette loi d’ail leurs réinstaure l’ancien

le bon. Au final, le texte sorti de la C.M.P. repre nait 95 % de celui du Sénat. Toute la diffi culté que nous avons rencontrée lors de la

“Le R.N. a juste fait un coup politique, c’est de la récupération.”

préparation et la validation de ce texte, c’était le côté irréconciliable des deux camps. La faute originelle de ce texte était de vouloir mélan ger des mesures de droite et des mesures de gauche. Au final, c’est un vrai texte de droite. Càd : Une victoire de la droite, donc, mais aussi de l’extrême

clivage gauche-droite et je trouve cela plutôt sain. La gauche depuis les années quatre-vingt tient la même posture sur la question migratoire et refuse de voir la réa lité de la situation aujourd’hui. Nous avons eu trois entretiens approfondis avec la Première ministre, le ministre de l’Intérieur et celui des Relations avec le Par

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