Journal C'est à dire 300 - Décembre 2023

VAL DE MORTEAU

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Enfin une solution pour boucher les failles du Doubs ? Villers-le-Lac Un groupe de travail franco-suisse travaille sur l’opportunité de boucher les failles au fond des bassins du Doubs pour tenter de limiter les effets des sécheresses à répétition et le spectacle désolant des bassins asséchés.

L’assèchement du Doubs en période estival a fortement contrarié l’éco nomie touris tique à Villers le-Lac cet été (photo D.R.).

L e spectacle majestueux du Saut du Doubs en cet automne a rapidement fait oublier le visage que présentait un mois plus tôt le même site. Des rocailles et un mince filet d’eau. Ce spectacle de désolation, hélas, est devenu le lot habituel des fins d’été dans le Haut-Doubs. Et les prévisions en matière de débit ne portent guère à l’optimisme. Dans une étude dont elle n’a pas encore rendu les conclusions, l’E.P.A.G.E. Haut-Doubs Haute Loue (Établissement Public

tives de rebouchage des failles situées au fond des bassins avaient été entreprises, par l’in jection de 40 m³ de béton hydrau lique. Des travaux financés en bonne partie par le Conseil géné ral de l’époque à hauteur de 600 000 francs (un peu plus de 91 000 euros). “Ces travaux avaient été efficaces, ils avaient permis de limiter l’assèchement des bassins, mais leur efficacité s’est réduite dans le temps” constate Christophe Droz-Bar tholet, le batelier de Villers-le Lac qui avait suivi de près ce chantier et qui participe aujourd’hui à ce nouveau groupe de travail franco-suisse. Sans doute que les spécialistes de l’époque n’avaient pas pu accom plir totalement leur mission, et “soit la perte colmatée n’avait pas un bouchon rigoureusement étanche, soit comme il est plus sérieux de penser au regard de la géologie locale, celle-ci avait des petites sœurs que les plon geurs n’avaient pas décelées et qui se sont peut-être aussi élar gies” note de son côté la Com mission de protection des eaux

d’Aménagement et de Gestion de l’Eau) prédit que “d’ici 2040, les volumes d’eau à l’année ris quent d’être les mêmes, mais les débits à l’année devraient beau coup varier. Ainsi on pourrait avoir au cours des étés des débits entre 20 et 45 % inférieurs aux débits actuels, alors que ce secteur connaîtra une augmentation de ses besoins en eau” confie la direc tion de l’E.P.A.G.E. Pour l’état des bassins du Doubs dans les étés des prochaines décennies, l’inquiétude est donc légitime. Au printemps 2001, des tenta

conférence au Locle fin novembre. “Cette première étude a été ras surante, elle a indiqué qu’il n’y avait pas d’augmentation des débits d’écoulement et pas plus de failles que depuis la grande étude géologique de 1906.” La seconde étude est donc menée côté français par l’E.P.A.G.E., elle concerne plus largement les débits du Doubs en aval de Pon tarlier et jusqu’à Villers-le-Lac et une étude prospective sur les débits dans les prochaines décen nies. Fort des résultats de ces études préliminaires, ce groupe de tra vail décidera si oui ou non, de nouveaux travaux de colmatage des fuites du Doubs seront utiles, pour permettre ainsi le sauvetage d’un pan non négligeable de l’éco nomie touristique local en période estivale. n J.-F.H. bâtiments. Si les exploitations veulent faire face au changement climatique ainsi qu’aux attentes des consommateurs tant sur le sujet du bien-être animal, que de la préservation de l’environne ment, il est impératif que ces exploitations soient accompagnées et le soient correctement” plaident les J.A. 25 par la voix de leur pré sidente. Un autre sujet vient ajouter un peu plus à l’irritation des agri culteurs du Doubs : la prédation du loup. Sur ce point, Mélanie Gruet estime que “l’État s’obstine à ne pas prendre en compte les spécificités de notre agriculture vertueuse ainsi que de nos terri toires dans l’élaboration du futur Plan national d’actions Loup.” n J.-F.H.

ce phénomène de sécheresses à répétition. L’objectif de ce groupe de travail qui s’est déjà réuni trois fois est d’alerter, de sensi biliser, de mutualiser nos connais sances et d’étudier dans la mesure du possible quelles solutions tech niques pourraient être mises en œuvre” résume Cédric Dupraz, conseiller communal du Locle à la tête de ce groupe de travail. Il est trop tôt pour avancer des solutions. Une chose est sûre : la technique du béton serait tota lement oubliée, pour d’évidentes raisons écologiques, et on évoque la possibilité de poser au fond des bassins “des géotextiles éco logiques” ajoute M. Dupraz. L’heure est encore aux études. L’I.S.S.K.A. (Institut suisse de spéléologie et de karstologie) a rendu une première étude il y a quelques semaines dont les résul tats ont été présentés lors d’une Les 13 députés de la majorité en Bourgogne-Franche-Comté qui disent “refuser que les agricul teurs soient tributaires de l’inac tion d’une assemblée régionale lointaine, opaque et sans pilote” ont réclamé une audience auprès du ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, afin de trouver des solutions pour les agricul teurs de notre région. “Nous avons besoin de visibilité sur le long terme ainsi qu’un parcours à l’installation accompagné et cadré. Il est également impératif et vital que soient lancés les appels à projets de modernisation des

qui s’était opposée à ces travaux. L’objectif de cette nouvelle task force pilotée par nos voisins suisses est bien de trouver un nouveau scénario pour tenter d’endiguer ce phénomène récur rent de fuites. Ce groupe de tra vail rassemble une quinzaine de personnes, il est composé notam ment des représentants des com munes françaises de Villers-le Lac et de Morteau, de la commune du Locle (qui comprend désormais Les Brenets), de l’Ag glomération urbaine du Doubs, des services cantonaux de Neu châtel, de l’E.P.A.G.E. Haut Doubs Haute-Loue, et des com pagnies locales de navigation, la N.L.B. côté suisse, et les Vedettes panoramiques du Saut du Doubs et les Bateaux du Saut du Doubs côté français. “Les autorités fran çaises comme suisses ont bien conscience de l’ampleur qu’a pris

Cette photo prise fin novembre contraste évi demment avec le spectacle de désolation un mois plus tôt.

Les paysans estiment qu’on marche sur la tête Agriculture

D’où leur spectaculaire démarche de retourner les panneaux d’entrées de ville un peu partout dans le département. La présidente des Jeunes agriculteurs du Doubs s’en explique.

médiatique que ça a provoqué, on voit que ça a été efficace” com mente Mélanie Gruet, la nouvelle présidente des J.A. 25 (et la pre

objectif : faire pression sur les Régions pour que la collectivité “mette le renouvellement des géné rations au cœur de ses priorités”

mière femme à ce poste). Les J.A. tenaient par cette action à dénoncer notam ment, dix mois après son

résume les J.A. du Doubs, sachant que 50 % des agriculteurs actuels seront en retraite d’ici 5 ans selon leurs chiffres.

“On voit que cette action a été efficace”

L e 22 novembre au petit matin, les habitants du Haut-Doubs ont eu la surprise de constater en partant au travail, dans de nom breuses communes, que le pan neau d’entrée de leur commune était retournée. Après s’être frotté une fois les yeux pour s’assurer qu’ils étaient bien réveillés, ces mêmes passants ont confirmé

leur première vision. Après quelques heures de doutes sur l’origine de ces raids nocturnes, les responsables ont rapidement revendiqué leur geste : les Jeunes agriculteurs du Doubs (J.A. 25). Le syndicat agricole a ainsi répondu à un appel à mobilisa tion nationale qui a essaimé un peu partout en France à l’appel des J.A. et de la F.N.S.E.A. Leur

transfert de l’État à la Région Bourgogne-Franche-Comté, la gestion des Fonds Européens Agricoles pour le Développement Rural (F.E.A.D.E.R.), avec des retards de traitement qui s’ac cumulent. Plus de 3 000 dossiers resteraient actuellement sans réponse à l’échelle de la région.

Cette action coup de poing mais pacifique était censée marquer les esprits. “Nous avons choisi ce mode d’action bien visible, sans pour autant que ce soit une mani festation violente ou qui dégénère comme on en voit trop en ce moment. Avec la couverture

Partout dans le Haut-Doubs on a vu des

panneaux retournés.

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