Journal C'est à dire 300 - Décembre 2023

PLATEAU DE MAÎCHE

38

Claude Cattin, un de nos derniers patoisants Traditions L’origine du patois de la Franche-Montagne est très lointaine et quasiment impossible à dater. C’est un mélange de vieux français, de franco-provençal et d’allemand, mâtiné d’un peu d’italien.

P our Claude Cattin, c’est bien la première guerre mondiale qui a porté un coup fatal aux patois parlés dans nos régions de France. “3,9 millions d’hommes furent mobilisés et si tout le monde devait s’exprimer en patois, ç’aurait été une invraisemblable cacophonie” , note t-il. Restés au front pendant et le patrio tisme aidant, ils abandonnèrent leur langage régional au profit du français commun. Les femmes et les générations non mobilisables permirent à ces parlers locaux de survivre encore un peu. C’est particulièrement le cas de l’autre côté de la frontière, en Ajoie, non concerné par les deux guerres mondiales du XX ème siècle. Il n’est pas rare d’entendre

la Naitoure, entourés de comparses vignerons bousbots (du quartier Battant à Besançon). Apprenant la naissance du Christ, ils partent pour adorer l’en fant Jésus et rencontrent tout un aréo page de personnages hétéroclites.

encore des anciens échanger en patois. “À Porrentruy le Chanoine Œuvrey l’uti lisait encore pour ses homélies, il y a encore quelques années” , se souvient Claude Cattin, qui a appris le patois en écoutant ses oncles et tantes quand il était gamin. Il se remémore l’anecdote du gosse qui rentre de son premier jour d’école et dit à son père : “Enn com prend ran, djasan pai ïn frin çais (je n’y comprends rien, ils ne parlent pas français).” Le patois franc-comtois sous ses diffé rentes formes fut largement servi et valorisé par la “Crèche Comtoise” depuis le XVIII ème siècle. Initialement crée par un marionnettiste, ce spectacle, raconte l’histoire du Barbizier et de sa femme

Claude Cattin, défenseur du patois de la Franche Montagne.

Cette forme de théâtre popu laire fut un véritable outil pour la vitalité des divers patois de notre région. L’ex trait proposé ci-dessous, pro

Avec le Barbizier et la Naitoure.

Infatigable défenseur de nos traditions, Claude Cattin travaille à un glossaire patois-français. “Tous ces parlers locaux ont fait la richesse culturelle et la diver sité de la France. Certaines langues régionales survivront mais beaucoup disparaîtront avec ma génération” , regrette-t-il. n Ph.D. ment réglementaire. Elle met un point d’honneur à les revoir au bout d’une semaine. “Je reçois beaucoup de femmes ayant réa lisé des tatouages semi-perma nents des sourcils, mal réalisés ou qui changent de couleur avec le temps. Je vois également beau coup de motifs éclatés ou disper sés sous la peau qui deviennent gênants” , détaille-t-elle. Il y a bien sûr les dessins dont les per sonnes se lassent, ou les men tions à un partenaire qu’on a quitté. Mélanie travaille également sur des personnes qui souhaitent modifier ou couvrir un tatouage existant pour en réaliser un autre. “J’apprécie la confiance témoignée par mes premiers clients. Je suis ravie d’exercer ce métier d’avenir et passionnant” , conclut Mélanie Sprenger. n Ph.D. ton bourricot ? Aujourd’hui c’est la fête du cheval, les ânes n’ont rien à y faire.” Joseph lui dit : “Je m’en vais chez les Poillies du Noirmont. C’est ainsi que l’a commandé le Seigneur Dieu.” “Que vas-tu foutre chez les Poil lies ?” , dit le garde. “Tu vois que ton bourricot n’en peut plus ! Que fais-tu comme métier ?” “Je suis charpentier” , dit Joseph. “Eh bien, tu tombes bien ! Voici juste notre Frédy qui manque d’un ouvrier. Il te faut aller chez lui.” C’est ainsi que Joseph demeura chez Frédy (N.D.L.R. : Alfred Oberli) le charpentier, avec sa femme et l’enfant. C’était le premier ouvrier fron talier. Après que la guerre fut finie, Joseph, qui avait presque l’âge de la retraite, revint dans son pays en passant par un autre chemin. n Informations : page Facebook “Souvenir d’encre” ou 0615711848).

pas de la phonétique, enseigna de longues années à l’Université de Mont pellier. Il est l’auteur d’un livre très érudit publié en 1901 : “Le patois de la Franche-Montagne et en particulier de Damprichard.” Cet ouvrage fait toujours référence de nos jours pour les quelques patoisants s’intéressant toujours au sujet.

vient d’une adaptation assez singulière, jouée le 15 février 1987 à Saignelégier, par une troupe de Maîche. “On ne peut pas parler du patois de chez nous sans faire référence à Maurice Grammont né le 15 avril 1866 à Damprichard” , poursuit Claude Cattin. Ce linguiste, attiré par les premiers

Ce texte original en patois est signé d’Abel Bernardot (1925-2015) de Maîche, ardent défenseur du patois régional. La traduction est assurée par Claude Cattin. Évingile de l’Octave de lai féte de Goumois J ésus étâ veni â monde ai Bethléem de Goumois, dïn l’étôle di bouardgie Péca

Évangile de l’Octave de la fête de Goumois

traversé l’esprit pendant un rêve d’aider les gens à retirer un tatouage qu’ils ne supportaient vraiment plus” , confie Mélanie Sprenger. De nationalité suisse, la jeune femme titulaire d’un diplôme en administration a exercé plu sieurs années dans son pays d’origine. C’est après une période d’inactivité, qu’elle décide de se former à l’école “Fabulous” pour obtenir son diplôme Hygiène et salubrité. “Ce métier réglementé nécessite une autorisation de l’A.R.S. (Agence Régionale de Santé) et nous pouvons être sou mis à des contrôles sur place” , ajoute-t-elle. Plusieurs méthodes sont dispo nibles : laser, lumière pulsée ou acide glycolique. “Ces techniques ne sont pas neutres pour la peau, c’est la raison pour laquelle j’ai choisi une méthode naturelle dans l’étable du berger Pécoraro, dans l’année quarante de notre siècle. En attendant la fin de l’hiver, Joseph menuisait à la maison pour réparer les râte liers, alors que sa femme filait la laine des brebis pour faire des chaussettes à son enfant. Une nuit que Joseph dormait, l’ange Gabriel vint le voir et lui dit : “Joseph, il ne faut pas demeurer ici : un grand malheur arrive dans la Gaule. Ton enfant n’est pas en sécurité. Voici que les Teutons, commandés par un fou de la tête qui vient de chez les Ostrogoths, veut aplatir la planète sous sa botte, en décla rant la guerre à la Gaule. Et les soldats au chapeau pointu sont déjà dans la banlieue de Lutèce. De plus, ce fou d’Adolf veut J ésus était venu au monde à Bethléem (N.D.L.R. : ferme isolée) de Goumois,

moins invasive” , précise Mélanie. Elle pratique de la même manière que les tatoueurs et, injecte dans la peau un sérum aux normes européennes qui fait remonter la pigmentation et la neutralise. Composé de sels, d’extraits d’agrumes et d’aloe vera, cette solution est exempte de produits chimiques et une fois injectée peut continuer à agir pendant une semaine. “Les séances sont plus longues qu’avec un laser, mais il faut garder à l’esprit que c’est la peau qui décide et que l’encre ne se retire pas d’un claquement de doigt” , informe-t-elle. Mélanie reçoit ses clients dans un environnement calme et feu tré, les met à l’aise et leur explique le travail qu’elle va effectuer ainsi que les compo sants utilisés, avant de faire remplir une fiche de consente détruire tous les enfants d’Abra ham.” “Joseph, il te faut partir. Prends l’enfant et sa mère, passe à Goumois chez le Grand-Prêtre Maxime (N.D.L.R. : abbé Maxime Cattin, curé de Gou mois, pendant la seconde guerre mondiale), traverse le Doubs et va aussi te loger chez les Poillies (N.D.L.R. : surnom des habi tants) au Noirmont, dans le pays des Helvètes. Là tu ne risques plus rien.” Voici Joseph parti. Le Grand Prêtre Maxime, qui était bien emmanché avec les douaniers, passe le pont avec Joseph, Marie et l’enfant qui était monté sur l’âne. En arrivant sur le plateau avec l’âne, Joseph avait bien du mal à passer : c’était la grande fête du Marché-concours de Sai gnelégier. Le garde municipal, dans son bel habit du dimanche, dit à Joseph : “Où vas-tu avec

U ne vingtaine de pro fessionnels exerçaient en France en 1980. Se défaisant peu à peu de son image “vulgaire”, le tatouage est devenu une véri table tendance. On estime que 18 % des adultes en France ont sacrifié à cette mode. Pas moins de 15 000 tatoueurs ont “pignon sur rue” et rencontrent leurs clients potentiels dans plus de 3000 expositions profession nelles partout en France. Fatalement, il arrive un moment où l’on regrette amèrement un motif qui n’est plus en phase avec sa vie actuelle. C’est là qu’interviennent les détatoueurs. “J’ai moi-même 9 tatouages que je ne regrette pas, mais l’idée m’a ton bourricot ? Audj’heu, sô lai féte di tchevô, las’ânes n’in ran ai y fâre !” Djoset y dia : “Y m’en vai tchie lâs Poilies di Neurmont. Sô dînsse que l’ai coumindâ lou Seigneur Due.” “Qu’ô-ce que te vai foutre tchie lâs Poilies ?” , dia lou gâdge. “Te vois bïn que ton bourricot n’en peut pu ! Qu’ô ce que te fâ cmo métie ?” “Y seu tchaipus” , dia Djoset. “Eh bïn, te tchoua bïn ! Voiqui djeute not’Frédy qu’ai fôte drin ouvrie ! Ai te fô ailla tchie lu.” Sô dïnqui que Djoset demouerrai tchie Frédy lou tchaipus, daivô sai fonne et l’offin. C’étâ lou premie ouvrïe frontalie. Aipré que lai gâre sâ finie, Djoset, qu’aivâ quasi l’âge de lai retraite, revïn dïn son pays, en péssin pai ïn âtre chemin. n

lai banlieue de Lutèce. De pus, ce fô d’Adolf veut détrure tous lâs offins d’Abraham.” “Djoset, ai te fô paitchi. Prend l’offin et sai mère, pésse ai Goumois tchie lou Grind-Prêtre Maxime, trai vôche lou Doubs et vai aidet te loudgle tchie lâs Poilies di Neur mont, dïn lou pays dâs Hélvètes. Iqui, te ne risque pu ran.” Voiqui Djoset paitchi. Lou Grind-Prêtre Maxime, qu’étâ bïn omintchie daivô lâs douanies, péssa lou pont d’aivo Djoset, Mairie et l’offin qu’étïn montâ su l’âne. En airrivin su lou Piaité d’aivo l’âne, Djoset aiva bïn dâ mô pouo péssâ. C’étâ lai grinde féte di Marché-Concouo de Saigne lédgie. Lou gâdge municipô, dïn son bé haibit di dûmonde, dia ai Djoset : “Laivou vai-te, d’aivo

roro, dïn l’onnâe quairinte de notre siècle. En aittodin lai fin de l’huvâ, Djoset tchaipusâ ai l’heutô, pouo répairâ lâ râtelies, di temps que sai fonne filâ lai laine dâ brebis pouo fâre dâ tchôsses ai son offin. Eunne neû que Djoset dremâ, l’angiotte Gabriel vïn lou voûre et y dia : “Djoset, ai ne te fô pai demeurâ iqui. In grind malheur airrive dain lai Gaule. Ton offin n’ô pai iqui in sécurité. Voiqui que las Teutons, coumindâ pai ïn fô de lai téte que vïnt de tchie lâz’Os trogoths, que veut aipiaiti lai planète sous sai botte, in déchéri lai gâre ai lai Gaule, et las sou dâs ô tchaipé pontu son djé dïn

Charquemont

“Souvenir d’encre”, la technique naturelle de détatouage Mélanie Sprenger a ouvert son salon à Charquemont en octobre. Une bonne nouvelle pour tous ceux qui regrettent un tatouage devenu inapproprié ou gênant !

Mélanie Sprenger dans son salon de détatouage de Charquemont.

Made with FlippingBook flipbook maker