Journal C'est à dire 298 - Octobre 2023
VAL DE MORTEAU
18
Garde d’enfants, “on arrive à un point critique” Morteau Alors que le mois de novembre est consacré à l’enfance à Morteau, le relais petite enfance du Val de Morteau organise plusieurs manifestations pour mettre en lumière le métier d’assistante maternelle. Le Val de Morteau, comme d’autres territoires, est confronté à un manque de professionnels.
Pays de Maîche et Communauté de communes du pays de San cey-Belleherbe) et des Portes du Haut Doubs (Valdahon) ainsi que la M.J.C. de Morteau, nous mettons les assistantes mater nelles à l’honneur en proposant un spectacle de Véronique Pois son intitulé “Je suis une Nounou qui déchire” le dimanche 19 novembre à 15 heures au théâtre de Morteau. Le spectacle sera gratuit pour les assistantes maternelles agréées de nos sec teurs respectifs. Le 19 novembre a été choisi car c’est la journée nationale des assistantes mater nelles. Nous allons avoir également une exposition “Nous, nounous” qui sera à Pôle Emploi du 23 octobre au 3 novembre puis dans le hall du théâtre de Morteau du 6 novembre au 19 novembre durant le mois de l’enfance orga nisé par le C.C.A.S. . n Propos recueillis par L.P. Le 26 novembre, journée du jeu et du jouet avec un spectacle gratuit au théâtre de Morteau, en partenariat avec la crèche Le Chat Perché. n Zoom Spectacle de Véronique Pois son, “Je suis une Nounou qui déchire” le dimanche 19 novem bre à 15 heures au théâtre de Morteau, à l’occasion de la jour née nationale des assistantes maternelles. Exposition “Nous, nounous” à Pôle emploi du 23 octobre au 3 novembre puis dans le hall du théâtre de Morteau du 6 novem bre au 19 novembre durant le mois de l’enfance organisé par le C.C.A.S.
Christelle Coulouvrat et Aude Grandvoynet, animatrices au relais Petite enfance, proposent un spectacle et une exposition pour mettre en lumière le métier
C’ est à dire: Aude Grandvoynet, et Christelle Coulou vrat, vous êtes ani matrices au relais petite enfance de Morteau. Quelle est la situation dans le Val par rapport au nombre d’as sistantes maternelles? Christelle Coulouvrat : Nous avons 125 assistantes mater nelles en activité pour 160 agréées, dont trois hommes. Ce n’est largement pas assez. Sur le Val de Morteau, entre assis tantes maternelles et établisse ments d’accueil de jeunes enfants, il manque 160 places d’accueil pour les enfants de moins de trois ans. C’est très très tendu. Aude Grandvoynet : Nous avons 8 crèches sur le Val de Morteau. Mais nous devons faire face à la problématique frontalière. Càd: Comment expliquez vous ce manque d’assistantes maternelles ? A.G. : Un gros contingent de
nounous est parti à la retraite. Elles avaient des agréments pour 4 voire 6 enfants. Les nou velles en ont pour deux ou trois enfants. Un des changements remonte à 2021. Avant cela, l’agrément délimitait l’âge des enfants. Aujourd’hui, chaque assistante maternelle gère des enfants de 0 à 11 ans, c’est elle qui décide si elle souhaite du périscolaire. En tout cas, ce n’est pas plus de 4 enfants de moins de 3 ans, les leurs compris.
d’assistante maternelle.
Càd: Comment expliquez vous ce manque d’attractivité du métier? C.C. : Il y a beaucoup de contraintes, on travaille chez soi, avec de grandes responsa bilités, pour des salaires peu éle vés. La seule solution serait d’augmenter le C.M.G. (complé ment de libre choix de mode de garde, aide financière de la
que ces derniers s’approprient leur statut de particulier employeur. Par exemple, si les deux parents travaillent en Suisse, ils ont droit à l’allocation différentielle, ce n’est pas vrai de dire que les frontaliers n’ont le droit à rien pour la garde des enfants. C.C. : Certaines assistantes maternelles ne sont pas au cou rant de tous leurs droits. Le pro fessionnel et l’employeur peuvent venir ensemble en rendez-vous, on construit ensemble un mode d’accueil. Nous nous occupons aussi du volet animation et for mation professionnelle. En sep tembre, nous avons eu plus de 50 rendez-vous. A.G. : Nous œuvrons aussi à la promotion du métier d’assistante maternelle. En partenariat avec d’autres Relais Petite Enfance du secteur du Pays Horloger (Val de Morteau, Plateau du Russey, Communauté de Communes du
employeurs. Comme le foncier est cher sur le Val de Morteau, nous n’avons pas de M.A.M. (maisons d’assistantes mater nelles) et très peu d’ouvertures de crèches. Celles-ci sont toutes saturées, les trois quarts des demandes d’inscriptions sont refusées. Le Département auto rise des dérogations pour que les agréments des assistantes maternelles montent à 8 enfants, mais très peu le font. Il y a une halte-garderie aux Fins mais ce n’est qu’un accueil occasionnel. C.C.: Il y a un projet de halte garderie itinérante à l’étude. C’est bien, mais ça ne propose que du répit pour quelques heures quand elle passe dans la commune. Càd: Quelles sont les mis sions du Relais? A.G. : L’une des missions est d’accompagner les professionnels et les familles, notamment pour
C.A.F.) pour que les assis tantes maternelles puis sent augmenter leurs tarifs sans que ça retombe sur les parents. La prime d’installation a augmenté mais c’est ponctuel. Il existe aussi un prêt à taux
C.C.: Cela fait 12 ans que je travaille au relais. Le Val a toujours été un secteur tendu mais là, on arrive à un point cri tique. On en arrive au point où on essaie de trouver des accueils mul
“Un projet de halte garderie itinérante à l’étude.”
zéro pour effectuer les travaux dans la maison. Ce métier impacte aussi la vie familiale. A.G. : La baisse est nationale mais les territoires frontaliers sont encore plus touchés. Comme on dit, c’est le seul métier qui permet de choisir ses
tiples pour une famille, entre garde à domicile, assistante maternelle, place en crèche… Certaines familles viennent nous voir mais il n’y a pas de solution, un des parents est obligé de s’ar rêter de travailler, et bien sou vent, c’est la mère.
Nounou se conjugue aussi au masculin Villers-le-Lac
Romain Dubief fait partie des trois assistants maternels que compte le relais petite enfance du Val de Morteau. Depuis quatre ans, il exerce ce métier après une reconversion professionnelle. Un choix qu’il ne regrette absolument pas.
quotidien, assister aux premiers pas, aux premiers mots. Les premiers bébés que j’ai gardés ont fait leur rentrée sco laire cette année, ça a été dur…” Reste que le plus dur pour l’assistant mater nel est la première fois que les parents laissent leur enfant en garde. Lorsqu’il s’est lancé dans sa reconver sion, Romain appréhendait que le fait d’être un homme n’incite pas à la confiance. Il a vite été rassuré. Il reçoit des appels tous les jours de parents qui souhaitent faire garder leur enfant. Si les contraintes du métier fréquem
C’ est un métier que le Villérier a toujours voulu exercer, depuis tout-petit. Seule ment, les clichés de la société ont la vie dure, sa vocation a été mise au rang des tabous par son entourage. Mais après un Bac pro com merce et dix ans passés comme mana ger dans une grande surface, Romain Dubief a entamé un virage profession nel. Il est devenu assistant maternel en 2019. Une décision mûrement réfléchie puisque lorsqu’il achète sa maison à Villers-le-Lac en 2012, il anticipe déjà de futurs travaux pour l’extérieur pour répondre aux exigences de sécurité. “J’ai eu 120 heures de formation sur deux mois à Pontarlier, on était 21 et il y avait 20 femmes. Mais c’était super, on a été très bien accompagnés. Après, c’est vrai que quand on est un papa, il y a comme une suspicion en plus. Au début, quand j’allais chercher les enfants
à l’école, on pensait que j’étais papa au foyer.” La fibre de l'encadrement, ce fan de foot l’a déjà, puisqu’il gère les U7 du club de foot de Villers-le-Lac, soit une trentaine d’enfants. “Personne ne veut s’occuper de cette catégorie parce que c’est la crèche, moi, j’adore” , reprend Romain Dubief.
En accord avec sa femme, qui trouve l’idée géniale, l’assis tant maternel commence par garder deux enfants sur les temps du périscolaire, du même âge que ses propres
ment citées (travail à la maison, responsabilités, rémunération peu élevée) ne le freinent aucu nement, il veille toutefois à gar der un juste milieu par rapport à ses propres enfants.
Toujours autant d’enthou siasme et de plaisir.
Régulièrement, Romain Dubief s’appuie sur le relais petite enfance notamment lorsqu’il est employé par de nouveaux parents. Si la paperasse peut paraître parfois lourde (contrats, congés payés, impôts), il ne se sent pas isolé, au contraire. Bientôt, il va devoir renou veler son agrément. Au bout de cinq ans, Romain Dubief attaque ses journées de nounou avec
enfants. Puis l’opportunité se présente de garder un bébé, puis la sœur. En tout, Romain Dubief possède un agré ment pour deux enfants en périscolaire et deux enfants de moins de trois ans. “En tant que parents, nous avons eu deux nounous, je me mets à la place des parents.” Ce qu’il aime par-dessus tout dans ce métier : “Voir grandir les loulous au
Depuisquatre ans, Romain Dubief est assistant maternel à Villers-le-Lac.
se fait vite ressentir. Comme il le répète à l’envi, “moi, j’adore mon métier !” n L.P.
toujours autant d’enthousiasme et de plaisir. Et lorsqu’une demi-journée de repos se profile en semaine, le manque
Made with FlippingBook - professional solution for displaying marketing and sales documents online