Journal C'est à dire 293 - Avril 2023

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L’EAU, L’OR BLEU DU HAUT-DOUBS L’HEURE DE LA SOBRIÉTÉ A SONNÉ

Vers une sécheresse estivale, la soif de solutions Début avril, 75 % des nappes phréatiques en France métropolitaine accusent un niveau bas, en dessous des normales mensuelles, alerte le Bureau de recherches géologiques et minières. Le risque de sécheresse cet été est avéré. Quelles solutions peuvent être mises en place pour anticiper cette situation et le manque probable d’eau sur le territoire ? L’état de la ressource en eau Alors qu’Emmanuel Macron a présenté il y a quelques semaines son plan Eau, visant à améliorer la gestion de l’eau à l’échelle nationale, dans le Département, les collectivités locales travaillent à la préservation de la ressource : interconnexion des réseaux, travaux de remplacement des conduites, collaboration entre communes et communautés de communes, la gestion de l’eau est devenue un axe stratégique des politiques publiques. Si les pluies des dernières semaines ont bien rempli le lit du Doubs et des autres rivières du Haut-Doubs, l’état des nappes souterraines est loin d’être rassurant. Dossier. L’été dernier, le lac de Chaillexon s’était asséché très tôt dans

S ur la carte de France du Bureau de recherches géologiques et minières (B.R.G.M.), le Doubs apparaît en jaune. Signification : niveau modérément bas des nappes phréatiques. Une situa tion qui reste stable, sans baisse ni hausse. Et sauf épisodes plu vieux très intenses, les nappes ne vont pas se recharger suffi samment pour affronter l’été. “À partir d’avril, les épisodes de recharge devraient rester ponc tuels et peu intenses, explique ainsi le B.R.G.M. La période de recharge 2022-2023 a été mar

la saison. Si les épi sodes d’assec ne sont pas nouveaux, ils inquiètent par leur récurrence sur un temps très court.

pluies ont d’abord permis d’hu midifier les sols secs puis ont permis à la végétation de sortir de sa dormance avant de réussir à s’infiltrer en profondeur.” Pour anticiper un été qui risque de mettre à sec les ressources en eau du département, la Pré fecture du Doubs a réuni fin mars un comité de ressource en eau. “Il apparaît qu’après un mois d’automne excédentaire en précipitation d’environ 10 %, le département du Doubs a connu une pluviométrie très déficitaire cet hiver. Le mois de février fut ainsi l’un des plus secs connus

les abonnées du syndicat verront un prix du m 3 unique. D’autres syndicats comme celui du Haut Plateau du Russey estiment dif ficile de mettre en place cette mesure du fait de la présence de nombreuses exploitations agricoles que cette mesure péna liserait forcément. Reste qu’il faut réussir à trouver - collectivement - des solutions pour les gros consommateurs (agriculture, industrie, etc.). Toute une réflexion systémique doit s’engager. La question de l’or bleu et de sa préservation doit irriguer toutes les strates de la société, au risque sinon de tout assécher. n L.P.

de moins puiser dans la res source. Pour Emmanuel Macron qui a présenté son plan Eau fin mars, l’objectif d’ici 2030 est une économie d’eau de 10 % pour tous les secteurs. Le chef de l’État a ainsi insisté sur la mise en place d’une tarification progres sive qui alourdirait la facture pour les plus gros consomma teurs. Le syndicat intercommu nal des eaux de la Haute-Loue, à qui reviennent la production et la distribution de l’eau potable pour 74 communes, reste réservé sur ce sujet. Depuis plusieurs années, il s’attelle à la disparition de ses trois tranches de prix de l’eau, qui favorise ceux qui consomment le plus. En 2025,

à court terme - cet été - et à long terme, quelles solutions s’offrent aux collectivités et aux particu liers? Deux actions simples et basiques mais souvent difficiles à mettre en place faute de volonté - politique ou individuelle -: économiser la ressource en eau en modifiant notre usage quotidien et faciliter la recharge des nappes. Sur ce dernier point, François Rollin, de l’Agence de l’eau, délégué régional à Besan çon avance plusieurs exemples. “La désimperméabilisation des sols permet de renvoyer l’eau vers les zones humides et des espaces où elle peut s’infiltrer. On facilite aussi la recharge des sous-sols lorsqu’on restaure la morphologie

des rivières. Auparavant, on avait beaucoup rectifié pour canaliser et favoriser l’évacuation de l’eau. Alors que si l’eau serpente entre les terres, elle s’infiltre mieux. Ce sont des solutions fondées sur la nature.” S’il constate que de plus en plus de projets vont dans le bon sens, il faut néanmoins accélérer le rythme car le chan gement climatique, qui lui accé lère, pénalise aussi la recharge des nappes. “Comme il fait plus chaud globalement, le phénomène d’évapotranspiration s’accentue. Les végétaux absorbent plus d’eau qui est renvoyée dans l’at mosphère, en lieu et place du sous-sol.” Enfin, la seconde solution reste

quée par une succes sion d’épisodes de recharge et de périodes sèches. Les tendances se sont lentement inver sées au cours de l’au tomne 2022. Ce constat

par le département avec un déficit de précipita tions de 80 % par rap port à la normale sai sonnière. Néanmoins, depuis mars, la pluvio métrie est excédentaire

Des nappes phréatiques à un niveau modérément bas.

s’explique par une faible infil tration des pluies en profondeur, du fait de sols très secs et d’une végétation active tardivement. En mars, le cumul de précipita tions a été excédentaire sur une grande partie du territoire. Les

de plus de 35 % dans le dépar tement. Si les récentes pluies ont permis d’améliorer l’humidité des sols et de remplir les réserves d'eau, il est important de rester vigilant” , alerte la Préfecture. Pour anticiper le manque d’eau

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