Journal C'est à dire 292 - Mars 2023
VAL DE MORTEAU
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Ils écrivent la saga des conscrits Morteau
Jacques Vuillemez, Patrice Mazzotti et Martial Bournel-Bosson préparent la sortie d’un grand ouvrage illustré consacré à cette tradition bien ancrée dans le cœur des Mortuaciens : les conscrits et leur bonhomme de Carnaval.
Martial Bournel Bosson, Patrice Mazzotti et Jacques Vuillemez, trois générations pour un ouvrage inter générationnel.
J acques Vuillemez, dit Goumi, c’est l’historien du quotidien. Depuis 1970 et sa classe “Babar”, pas un bonhomme de Carnaval n’a échappé à sa plume et à son œil de photographe et de correspondant local de presse. Patrice Mazzotti, c’est le collec tionneur de la bande: avec sa collection de cartes postales et de photos unique en son genre, il est le grand spécialiste des conscrits de Morteau, de la fin du XIX ème siècle et de la première moitié du XX ème . Il est aussi le président de la classe 1982, avec Snoopy en effigie. Martial Bour nel-Bosson, le petit jeune de la bande, est spécialiste quant à lui des conscrits, période contem poraine. Président de la “2013” (Donkey Kong), il avait déjà consacré un petit fascicule illus tré aux conscrits de Morteau il y a bientôt dix ans. Cette fois, il a souhaité aller plus loin et a donc fait appel à ses deux compères pour l’écri ture de cet ouvrage. “Ce livre de 250 pages racontera toute l’his toire des conscrits de Morteau, depuis la création de la conscrip tion en France en 1798 jusqu’à nos jours. Il sera illustré de nom breuses photos et anecdotes et, en prime, les souscripteurs pour ront aussi se procurer la quasi totalité des autocollants du bon homme de Carnaval depuis Maya l’abeille en 1980, que nous avons réédités” indique Martial. En préparant ce livre, les trois
co-auteurs se sont aperçus que chaque Mortuacien ou presque, quelle que soit sa génération, a au moins une anecdote à racon ter sur cette tradition bien enra cinée. “Les premières traces en images d’un bonhomme de Car naval remontent à 1907. Au départ, les conscrits fabriquaient un bonhomme à l’effigie d’un personnage connu de Morteau dont ils voulaient se moquer gen timent” relate Patrice Mazzotti. C’est ainsi qu’un célèbre com merçant de Morteau connu pour son avarice avait été fabriqué puis brûlé en place publique, ou encore un notaire, un horloger local, et même une contremaî tresse de la chocolaterie Klaus connue pour son zèle au tra vail… Puis les conscrits se sont mis à construire leur bonhomme à l’ef figie de personnages connus: Bourvil, Charlie Chaplin, etc. “On dit même que les conscrits ont représenté Mussolini, Hitler et Franco mais comme à cette époque on représentait les bons hommes avec un gros corps et des petites têtes, les personnages n’étaient pas toujours reconnais sables” poursuit l’historien de la bande. Au total, environ 75 bonshommes de Carnaval seront évoqués en images dans le livre. Les plus récents évidemment ont été réalisés à l’effigie de per sonnages de B.D. ou de dessins animés (Babar, Nestor, Casimir, Picsou, jusqu’à Dora l’explora trice pour le plus récent). “Les
La classe 1962.
tellement devant la Coop rue Pasteur au cours du cortège, ou encore ce jour des conscrits en 1968 où un autre embrasement que celui du bonhomme - la ferme Rognon à La Guron -, avait attiré la foule des grands jours. Le livre de 250 pages sortira le 5 mai, la veille du banquet des “classes en 3” programmé le 6 mai à la salle L’Escale. Il est vendu 30 euros. Un financement participatif (avec des contrepar ties comme la réédition des auto collants depuis les années qua tre-vingt) est toujours en cours sur la plateforme Ulule: https://fr.ulule.com/conscrits morteau/ Peut-être que l’ouvrage des trois compères contribuera-t-il à faire entrer cette tradition mortua cienne au rang de “patrimoine culturel vivant”, à l’image de la tradition des conscrits dans le Beaujolais qui a reçu cette dis tinction officielle! n J.-F.H.
derniers personnages humains représentés en bonhomme ont été Modeste en 1978, puis Coluche en 1986, à peine 4 mois avant sa mort… Les conscrits lui avaient demandé son auto risation pour le faire en bon homme, Coluche leur avait accor dée” rappelle Goumi qui depuis 1970, est en quelque sorte le photographe officiel des conscrits de Morteau. “La seule photo que je n’avais pas pu prendre, c’est le bonhomme de Modeste en 1978… J’étais cloué au lit avec les oreillons…” L’ouvrage intitulé “Les conscrits, une tradition française et mor tuacienne” fourmille d’anecdotes comme ce bonhomme de 1974 à l’effigie de Christian “Marcel” Bidault qui a pris feu acciden
En 1978, les conscrits ont rendu hommage à Modeste Martegani qui a les a aidés pendant près de 40 ans à confectionner leur bonhomme. L’homme nous a quittés en avril 2020.
Les conscrits de Morteau en 1925.
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