Journal C'est à dire 292 - Mars 2023
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LE PORTRAIT
Villers-le-Lac
Catherine Faivre-Pierret, la nouvelle patronne des agricultrices françaises L’agricultrice de Villers-le-Lac vient
U ne vie à 100 à l’heure. Ce jour-là, c’est en courant que cette grande sportive spé cialiste de la course pleine nature a rejoint son mari Jean au fond de la pâture pour l’aider à clôturer la parcelle avant le retour des bêtes au champ. En ce jour de mars, le soleil brille sur les hauteurs de Villers-le Lac et c’est d’abord cette vie au grand air qui plaît à Catherine Faivre-Pierret. Elle est agricultrice et fière de l’être, aux côtés de son mari sur cette exploi tation de 96 hectares pour 330 000 litres de lait à comté, à la tête d’un cheptel de 47 vaches laitières (85 pour assurer le renouvellement du trou peau). “Cette vie-là, je ne la changerais pour rien au monde, j’aime ce métier” affirme-t-elle tout en chargeant des piquets de pâture à l’avant du trac teur. Son agenda contraint pourtant la dyna mique quadragénaire à passer au moins deux jours par semaine à Paris, dans les instances fédérales du premier syn dicat agricole français, la F.N.S.E.A. Elle était déjà depuis quelques années la représentante de la région Bour gogne-Franche-Comté au conseil d’ad ministration du syndicat, elle vient d’être élue présidente de la commission des agricultrices. Cette nouvelle fonction l’amène à se rendre à mardi tous les mardis soir à Paris pour assister aux premières réu nions le mercredi à 8 heures, avant de rentrer à Villers-le-Lac le jeudi. “C’est un rythme à prendre, cet équilibre entre mes responsabilités à Paris et mon tra vail à la ferme me va bien” avoue Cathy. L’exploitante est bien consciente du travail qui l’attend dans ses nouvelles fonctions nationales. “Il y a encore énor mément de chantiers à mener pour por ter la parole des femmes en agriculture d’être élue présidente de la com mission nationale des agricultrices au sein de la puissante F.N.S.E.A. Elle partage ses semaines entre Paris et son exploitation au lieu dit Chez Ducreux.
Nous avons rencontré Catherine Faivre-Pierret en pleins travaux des champs sur l’exploitation Chez Ducreux à Villers-le-Lac.
mais aussi avec elle même. J’ai eu la chance d’être poussée par des personnes de cette qualité, comme Christiane Lambert, et Daniel Prieur sur le plan local, et je leur dois beaucoup” note Catherine qui partici pera le 18 avril au conseil d’adminis tration de la F.N.S.E.A. à Angers où sera élu le nouveau président du syn dicat agricole. Pour Catherine Faivre-Pierret, c’est le début d’un nouveau mandat. Elle n’en oublie pas pour autant ses autres prio rités : son métier d’agricultrice à Vil lers-le-Lac, sa passion pour le trail - elle et son mari préparent notamment le trail des Templiers en octobre, 80 km à pied dans l’Aveyron, et accueilleront dans leur ferme le départ du prochain trail du Saut du Doubs en mai -, et enfin, l’autre ingrédient indispensable à son équilibre : sa vie de famille. n J.-F.H.
un Bac commercial, c’est dans l’hôtel lerie qu’elle s’est dirigée. Mais comme en épousant son mari, elle a également épousé la cause de l’agriculture, elle a peu à peu revu son projet professionnel et après quelques années dans l’hôtel lerie-restauration aux Fins, elle a décidé de rejoindre l’exploitation après avoir passé un an de formation agricole à Levier. “J’ai dû faire un choix car je ne pouvais pas concilier les deux métiers.” Une sale maladie dont elle a réussi à venir à bout a également permis de conforter le choix de Catherine de s’in vestir pleinement dans son métier d’ex ploitante agricole. Catherine Faivre-Pierret arrive à ces nouvelles responsabilités au moment où Christiane Lambert quitte son poste de présidente de la F.N.S.E.A. Aux côtés de cette femme, la Villérienne avoue avoir “beaucoup appris. C’est une per sonne très exigeante avec les autres,
vre-Pierret dans les travaux de la ferme quand elle est à Paris ou en déplace ment. Cette dernière s’est notamment rendue au Togo fin février pour un échange sur les bonnes pratiques agri coles entre associations françaises et togolaises. “Et j’ai d’autres déplacements déjà prévus dans mon agenda, en
estime la nouvelle présidente. La ques tion du statut de conjointe collaboratrice qu’il faut mener au bout, la question de la parité également. Sur ce point, pour être cohérent avec la proportion de femmes en agriculture, il faudrait qu’on atteigne un tiers de femmes dans les organisations professionnelles de
Moselle, dans le Ardennes, dans les Hautes-Pyrénées… ” ajoute la maman de deux enfants : Victor et Alicia, res pectivement de 22 et 24 ans aujourd’hui autonomes, “ce qui me permet justement d’or
l’agriculture, ce qui est encore loin d’être le cas. Ou encore la question de l’ac compagnement des jeunes mamans agricultrices pour la garde des enfants par exemple. Les chantiers sont
“On ne doit pas attendre sur les hommes” estime-t-elle.
ganiser plus facilement mes semaines que s’ils étaient encore à la maison.” Cette fille d’agriculteurs originaire des Combes ne se prédestinait pas forcé ment à une carrière dans l’agriculture. “Je m’étais également promis de ne jamais marier un agriculteur !” ajoute Catherine dans un grand sourire. Après
très nombreux et on ne doit pas attendre sur les hommes pour faire avancer ces causes, il faut qu’on prenne nos respon sabilités. Une chose est sûre : je ne vais pas chômer !” sourit l’agricultrice. Cathe rine peut aussi compter sur le service de remplacement et sur le jeune apprenti Théo pour épauler Jean Fai
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