Journal C'est à dire 291 - Février 2023

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V A L D A H O N - P I E R R E F O N T A I N E

Sur les traces de l’ancienne mine de lignite du Grand Denis Flangebouche Située au lieu-dit Gai Soleil sur la commune de Flangebouche, cette ancienne mine de lignite qui fut à l’origine de la construction de la gare de Longemaison est fermée depuis 1951. Exploitée de façon discontinue, elle a surtout permis de faire fonctionner sur place différentes industries : scierie, tuilerie, tuilerie, verrerie…

La mine de lignite du Grand Denis comprenait plusieurs

En 1851, lamine est au chômage et ferme à nouveau en 1877. Ce gisement conditionne néanmoins la construction de la gare de Longemaison qui voit le jour en 1884. La mine rouvre en 1907 pour une production moyenne de 1 000 tonnes de lignite par an. Une desserte ferroviaire jusqu’au site n’ayant pu être obtenue, les wagonnets achemi naient le lignite jusqu’à 500 mètres de la gare par un chemin de fer aérien. “On trouve encore les traces d’un autre quai de char gement pas très loin de la mine” , ajoute Nicolas Guinchard, l’ac tuel propriétaire du site. Après une reprise d’exploitation en 1914, l’activité périclita peu à peu pour cesser totalement en 1951. Le charbon polonais, dit on, l’avait tué. Le site va ensuite connaître un tout autre destin quand les Frères de l’école Saint-Joseph de Dijon en font l’acquisition pour y fonder la colonie “Gai Soleil”. Chaque année, deux colo nies de plus de 100 enfants se succèdent en juillet et en août. Ils débarquent pour la plupart du train Besançon-Morteau-Le Locle à un arrêt spécial, au pas sage à niveau situé juste en bas de la colonie. En 1963, les frères profitent de l’installation d’un pipeline sur le domaine pour négocier la construction d’une piscine qui fera le bonheur des vacanciers.

entrées. Toutes ont été murées ou condamnées.

Le domaine est racheté en 1951 par des religieux qui utilisent les bâtiments pour accueillir des enfants en colonie.

R ejoindre Gai Soleil est déjà une aventure en soi, tant ce site semble à l’écart de tout. Tran quillité garantie.À se demander d’ailleurs comment, à la fin du XVIII ème siècle, on a pu trouver à cet endroit un gisement qui offre la particularité de renfer mer toutes les variétés de lignite, du bois fossilisé jusqu’à la lignite compacte, ce charbon naturel fossile, noir ou brun, très com pact.

Le domaine passe ensuite entre les mains de la famille Grangier. Après des années d’abandon, l’activité reprend en 1827 par le service de la verrerie du Bélieu. “51 000 quintaux métriques” de lignite sortent de la mine la première année d’ex ploitation. Le volume dégringole ensuite à 3 810 quintaux métriques l’année suivante, puis à 1 100 et 494 en 1 830. Jean-Baptiste Barçon récupère la concession en 1838. “La quan tité de combustible extraite pen dant l’année 1847 n’est que de 800 quintaux métriques, d’une valeur de 720 francs. Une bonne partie est consommée sur place par la mise en roulement d’une grande tuilerie et par le chauffage d’une machine à vapeur appli quée à une scierie.” L’exploitation s’avère difficile car la mine contient beaucoup d’eau. Elle est ensuite concédée à Émile Estignard, propriétaire à Vuil lafans.

La première concession remonte à 1788. Les Sieurs Châtelain et Richardin obtiennent alors l’au torisation exclusive d’exploiter pendant vingt ans cette mine en y adjoignant une verrerie. En 1800, Jean-Frédéric Osterwald de Neuchâtel, propriétaire du sol depuis 1793, rachète le pri vilège puis le vend en 1804 à Alexandre Besson. Lequel s’oc cupe peu de l’exploiter. En 1812, il annonce qu’il suspend les tra vaux et renonce à sa concession.

Gai Soleil sera ensuite repris par la Fondation de La Salle. En 2000, suite à une étude approfondie de la mine par le Bureau de Recherche Géologique et Minière (B.R.G.M.), l’entrée de la galerie est fermée par une porte munie d’une grille pour permettre le passage des chauves-souris. Nicolas Guin chard, a découvert le site au hasard d’une randonnée en quad. “J’ai eu un coup de foudre. J’ai pris contact avec la Fondation de La Sale qui a accepté de me le vendre en 2017” raconte le nouveau propriétaire du site. n F.C.

Bazile, le forgeron habile de sa main Sa cabane en bois encore visible sur les cartes postales anciennes a longtemps fait partie du paysage du site de Gai Soleil. Celui que tout le monde surnommait Bazile était un émigré biélorusse. Forgeron de métier, il est venu travailler à la mine. “Il n’avait qu’une seule main mais s’avérait être un habile artisan. Après la fermeture de la mine, il est resté vivre sur place dans sa cabane. Comme il était habile de sa main, les chasseurs locaux lui confiaient la réfection de leurs fusils” , explique Nicolas Guinchard qui a acquis ce domaine en 2017. n

En arrivant à Gai Soleil, le visiteur découvre un authentique wagonnet sauvé par l’actuel propriétaire du domaine.

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