Journal C'est à dire 289 - Décembre 2022
D O S S I E R
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L’abattoir est toujours en manque de bras Valdahon Les stéréotypes ont la vie dure mais plus question de rester caché quand la problématique de recrutement l’impose. Les Éleveurs de La Chevillotte changent de stratégie de communication et présentent avec fierté leurs outils de production. Opération transparence.
Une dizaine de jeunes de la Mission Locale sont venus visiter le site des Éleveurs de La Che villotte à Valdahon le 24 novembre dernier.
À l’instar dumaçon ou du chauf feur-routier, l’abatteur rime encore avec épaules larges, biceps saillants, voire tatoués. Compliqué de casser ces a priori virils et négatifs dans une société allergique à lamoindre goutte de sang et beaucoup plus sensible à la cause animale. Surtout quand des associations comme L 214 n’hésitent pas à dénoncer la maltrai tance animale dans certains abattoirs. Rumeurs parfois fondées, et toujours
amplifiées par les réseaux sociaux. Pas facile ensuite de redorer le blason des abattoirs et des métiers qui vont avec. Thomas Ensminger, le directeur des Éleveurs de La Chevillotte en a bien conscience. “On constate que les gens arrivent avec cette appréhension. On leur explique et on leur montre que nos façons de travailler n’ont rien à voir avec ce qui est dénoncé sur les réseaux sociaux.” La coopérative des Éleveurs de La Chevillotte qui possède plusieurs outils de transformation (ate
de candidats et cela a abouti à un recru tement.” Sophie Pourcelot a renouvelé cette initiative avec la Mission Locale de Valdahon lors de la Semaine de l’in dustrie. Des jeunes demandeurs d’em ploi sont ainsi venus visiter le site de Valdahon le 24 novembre dernier. “Ces actions de marque employeur sont très positives. Les réticences finissent par s’effacer au cours de la visite. C’est déjà une victoire car ces jeunes repartent avec une image positive.” La coopérative souffre bien sûr de la concurrence du travail frontalier. Dif ficile de lutter sur le plan des salaires. Elle met en avant des conditions de travail et des avantages internes : primes diverses, mutuelle, tarifs pré férentiels sur les produits, comité d’en treprise... n F.C.
Dans ces circonstances, la direction de la coopérative a décidé d’effectuer un gros travail sur la féminisation et la formation interne. “On a aujourd’hui des salariés en abattage-découpage qui
liers de découpe, abattoirs dans le Grand Est de la France) emploie aujourd’hui 350 salariés. Elle recherche en perma nence des opérateurs de production,
s’intègrent dans un parcours d’intégration pour former les nouveaux entrants et les faire monter en compétence” , explique à son tour Sophie Pourcelot, collaboratrice au service relations humaines.
des agents de nettoyage, des chauffeurs et du personnel de maintenance, des commerciaux et des administratifs. Place à la transparence. “On est resté trop longtemps caché et on sait qu’il est important
“On est resté trop longtemps caché.”
Les efforts engagés sur la féminisation portent aussi leurs fruits avec du per sonnel féminin sur tous les postes de l’abattoir. La coopérativemultiplie aussi les partenariats et actions de commu nication. “En novembre dernier dans le cadre de la Semaine de l’agro-ali mentaire, on avait sollicité Pôle Emploi Morteau. On a pu monter un groupe
de prendre le virage de la communica tion. Et ne plus hésiter à montrer ce que l’on fait.” Au-delà du déficit d’image à combler, le directeur regrette aussi qu’il n’existe pas de formation préparant à travailler dans une unité de trans formation. Même les filières d’appren tissage en boucherie-charcuterie peinent à attirer les jeunes.
La coopérative n’hésite plus à accueillir des demandeurs d’emploi souvent surpris en bien en découvrant la modernité de l’abattoir de Valdahon.
L’intérim est sous tension Travail temporaire Le secteur de l’emploi intérimaire n’est pas non plus épargné par les tensions liées à l’emploi. L’agence Adecco de Morteau voit s’accentuer des difficultés de recrutement et doit composer dans le même temps avec la concurrence helvète.
S ur le bassin du Val de Morteau, les difficultés de recrutement ne datent pas d’hier, cer tains candidats étant attirés par l’eldorado suisse. En revanche, depuis un an et demi, Nathalie Robert, directrice d’agence pour Adecco àMorteau, Pontarlier et Pont-de-Roide, voit cette situa tion s’accentuer. L’équation est simple : une activité économique
veaux” , éclaire Nathalie Robert. À ces problématiques françaises s’ajoute une forte demande des entreprises helvétiques, qui ne cesse d’augmenter. “En termes de rémunération, on a du mal à lutter” , constate simplement la directrice d’agence. Tous les secteurs d’activité et tous les métiers sont concernés : industries, constructions, tra vaux publics, commerces, grande
l’agenceAdecco mise sur la fidé lisation des travailleurs intéri maires, notamment par le biais de montée en compétences via des formations, des offres de parrainage débouchant sur une prime ou encore la possibilité de C.D.I. intérimaire. Sur ce dernier point, le candidat est embauché par une agence d’em ploi qui le met à disposition pour ses clients dans un rayon de 50 km. Il doit pouvoir être employable sur trois métiers différents. Côté entreprises, l’agence d’in térim les incite à développer leur marque employeur, sorte d’entretiens inversés. “Il s’agit de donner envie au candidat de rejoindre leur entreprise, et d’y rester” , souligne Nathalie Robert. L’agence tente égale ment d’attirer des candidats extérieurs à la région. Mais là surgit une autre problématique du territoire : les difficultés de logement. n L.P.
très dynamique sur le secteur, associée à un taux de chômage bas. “Tous les secteurs sont très porteurs, avec des recrutements impor tants. Même si on sent
distribution, agroali mentaire, tertiaire… “Pour beaucoup, ce sont desmétiers qui n’attirent plus les jeunes. Les maçons sont, par exem ple, une population vieil
L’agence mise sur la fidélisation des travailleurs intérimaires.
un petit ralentissement dans le bâtiment et la construction, relève Nathalie Robert. Notre activité n’a fait que croître.” Conséquence : une demande de recrutement des entreprises plus importante que le vivier d’intérimaires. “Tous nos inté rimaires sont déjà en poste et on a du mal à recruter des nou
lissante, on a du mal à trouver la relève” , remarque Nathalie Robert. La restauration reste également un secteur sous ten sion qui peine à recruter.Malgré une vraie conscience des restau rateurs sur les difficultés du tra vail, un salaire revalorisé et des conditions de travail améliorées. Pour pallier ces difficultés,
L’équipe de Nathalie (au centre) compte trois employées : Valérie, Laura et Camille (absente sur la photo).
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