Journal C'est à dire 287 - Octobre 2022
V A L D E M O R T E A U
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Sous l’objectif du photographe, la guérison de l’âme et du corps Villers-le-Lac
Souffrant d’un cancer du sein, actuellement en radiothérapie, Christelle a réussi à se réapproprier son corps, changé par la maladie, grâce à une séance photo réalisée par Studio Pandia. Aujourd’hui, elle témoigne pour que ce type de démarches soit inclus dans le parcours de soins.
jours avec, des jours sans. Malgré des proches très présents, mais qui ne peu vent pas répondre à tout, je me suis sentie seule” , admet Christelle qui aurait aimé rencontrer d’autres malades et partager des expériences. Souffrant de microcalcification, rare ment cancéreux mais qui peut l’être, Christelle insiste sur l’importance de la mammographie, en plus de la pal pation. “Moi, je ne sentais rien, lesmicro calcifications ne donnent pas de boules.” La maladie de Christelle aurait déjà pu être opérée deux ans plus tôt, si les cellules pré-cancéreuses avaient été relevées lors de la précédente mam mographie. Malgré tout, d’un point de vue médical, elle a été formidablement accompagnée : à la clinique Saint-Vin cent, au centre de sénologie à Besançon, entre autres. Après deux opérations, elle a entamé une radiothérapie, à raison de 33 séances. Tous les jours, elle se rend sur Besançon grâce aux Ambulancesmortuaciennes. “Les ambu lanciers font un bien fou, ils sont ma visite de la journée” , souligne-t-elle. Christelle tient à remercier toutes ces personnes du corps médical qui ont su lui tenir la main lorsqu’il le fallait. Aujourd’hui, si laVillérière appréhende l’après, la reprise du travail avec le rythme et les horaires, grâce aux photos, elle se sent mieux dans son corps et dans sa tête pour continuer le combat. n L.P.
L a douceur, l’élégance et la beauté transparaissent sur le cliché. Dans le reflet dumiroir, la cicatrice se détache délica tement. Le miroir, un accessoire chargé de sens et nécessaire à la prise de conscience de Christelle. “On a lamala die dans le miroir. Quand on se regarde dedans, on ne voit que la cicatrice”, explique sobrement laVillérière, diag nostiquée d’un cancer du sein à 46 ans. Celle qui n’avait jamais montré sa cica trice, souvenir laissé par deux opérations qui ont enlevé des cellules cancéreuses, s’est dévoilée sous l’objectif de Léonie Obertino, du Studio Pandia. “Cela m’a pris d’un coup, avec lamaladie, je n’étais pas bien, mon corps a changé, j’ai pris du poids. Je cherchais une façon d’ap préhender ce nouveau corps” , raconte t-elle. La rencontre avec LéonieObertino du Studio Pandia a été déterminante. “Je n’avais jamais fait ce genre de travail auparavant, relève la photographe pro fessionnelle. Je voulais être sûre qu’on était sur la même longueur d’onde.” Plus habituée à immortaliser des évé nements familiaux heureux, Léonie a longuement travaillé avec Christelle autour de voilages, du miroir, de diffé
rentes poses pour que les clichés soient parlants. Sur 70 photos, 6 ont été sélec tionnées, la douceur étant le fil rouge. “Je suis une femme, une maman, je trouve ça hyper important de parler de la maladie. En général, on ne parle pas trop de la féminité, encore moins des maladies.” “Quand j’ai vu les photos, il y a dumieux moralement, çam’a ouvert les yeux pour une reprise enmain, reprend Christelle, qui remercie de tout cœur Léonie, sans qui elle n’y serait pas arrivée. Dans la maladie, il n’y a pas que les soins. On ne se regarde plus, on s’oublie. Depuis des mois, je n’ai pas refait les magasins parce que je n’en vois pas l’utilité.Depuis le début, on dit qu’il faut s’occuper de soi mais on s’occupe de la maladie, pas de la personne.” Intimement convaincue de la nécessité d’inclure des séances photos dans le parcours de soins, Christelle regrette le manque d’aide psychologique. Son premier rendez-vous avec un psycho logue a été fixé mi-octobre. Sa maladie a été diagnostiquée en avril après une mammographie de contrôle. “Tout s’ef fondre, on s’écroule, on voit la mort au bout. On pleure beaucoup, il y a des
Pour Christelle, la séance photo a été une thérapie nécessaire afin d’ap préhender et apprécier son nouveau corps, changé par la maladie
(photo Studio Pandia - Léonie Obertino).
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