Journal C'est à dire 286 - Septembre 2022

D O S S I E R

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Les Gras

La société Garnache s’adapte à la conjoncture Comme tous les constructeurs, Maison Garnache doit faire face à une hausse des coûts des matériaux. La société des Gras a des atouts comme sa scierie intégrée et son positionnement dans les Alpes.

“T ous les lots sont impactés constate Jean-Paul Gar nache, le dirigeant de cette société employant 45 salariés. Enmoyenne, nous subis sons une hausse située entre 10 et 15% selon les lots.” Forcément, le prix des maisons conçues par la société des Gras en subira les conséquences. “Et on constate certaines personnes qui à cause

“C’est un avantage certain de bénéficier de cette filière intégrée à une époque où le prix du bois façonné a également subi une forte augmentation et où la demande est très forte” poursuit le dirigeant. Les délais d’approvisionnement sont un autre souci pour le constructeur installé au hameau des Saules. “Les pompes à cha leur actuellement, c’est six mois

du resserrement des taux d’en dettement sont dans l’impossi bilité de financer ces surcoûts actuels” déplore-t-il. Pour autant, le constructeur des Gras garde une certaine sérénité car il a la chance de pouvoir s’appuyer, contrairement à d’autres fabri cants, sur sa propre scierie et peut ainsi maîtriser sa filière d’approvisionnement en bois de charpente et autre bois d’œuvre.

La société Garnache

réalise égale ment de nom breux projets dans les Alpes.

vestir et qui sont peut-être moins confrontés à ces questions du financement.” Pour faire face à la demande, la société des Gras aurait besoin de renforcer ses effectifs, notamment de char pentiers. La filière alpine est une diver sification salutaire pour la société Garnache qui continue en paral lèle à réaliser de nombreux chan tiers dans la région, et “notam ment beaucoup de chantiers de rénovation énergétique qui pren nent tout leur sens actuellement.” Un équilibre bienvenu en cette période agitée pour le monde de la construction. n J.-F.H.

environs. Ça vient chambouler nos plannings qui étaient déjà tendus.” Malgré cette rentrée agitée, la société Garnache conserve une certaine sérénité pour les mois suivants parce qu’elle peut comp

de délai, les vitrages des fenêtres, c’est plus de 4 mois de délai au lieu de 4 semaines. Ça complique fortement nos plannings” recon naît Jean-Paul Garnache. Le carnet de commandes de la Maison Garnache est pourtant

ter aussi sur un autre atout qui est son ouverture sur le marché

plein pour toute l’année 2023, mais l’entreprise doit jongler

Les délais d’approvisionnement sont un autre souci.

alpin, un segment qui représente désormais une part majoritaire de son activité de construction. “Nous avons une forte activité en Haute-Savoie, du côté de Megève, Combloux, Les Conta mines, Saint-Gervais…Des sec teurs où les gens continuent d’in

Conséquence : la maison à ossa ture bois qui avait déjà tendance à être élitiste ne profite pas de la conjoncture. “Ce n’est pas facile de faire une maison à ossa ture bois pas chère. On ne doit négliger aucun détail pour avoir un produit qui fonctionne. La clientèle à ossature bois a souvent les moyens d’investir dans un projet spécifique. Ce marché était en perte de vitesse depuis la crise Covid. C’est actuellement en train de se réguler car les prix du bois retrouvent un niveau plus raisonnable.” À l’origine de cette flambée des prix, le boom de la construction aux États-Unis avec davantage d’importations de lamellé-collé scandinave pour le marché amé ricain. “Nos fournisseurs alle mands se sont retrouvés avec moins de matières premières. Cette pénurie concerne aussi d’autres matériaux comme les tuiles.” Heureusement, l’entre prise Myotte-Duquet Habitat a échappé à la récession en stockant massivement le bois et les panneaux dont elle a besoin pour travailler. “On a essayé d’anticiper aumieux. Cela nous a évité de payer le prix fort sans pouvoir les répercuter au niveau des contrats de construc tion. On a pu réaliser les chan tiers engagés. Certains projets plus récents n’ont pas abouti actuellement avec un autre fac teur qui vient bouleverser un peu plus les plannings : “Nous devons gérer en même temps de nombreux chantiers de rénova tion suite à la tempête qui s’est abattue sur les villages de La Chenalotte, Noël-Cerneux et les

Jean-Paul Garnache, le dirigeant (à gauche) et Jean-Marc Fraichot, le chargé d’affaires de l’entreprise de construction.

Maison à ossature bois : toujours un marché de niche Fournets-Luisans

Concept constructif très en phase avec les enjeux climatiques et environnementaux, la maison à ossature bois subit elle aussi l’envolée des prix des matériaux, du lamellé collé notamment. Belle, mais confidentielle.

de base bien supérieure à lamai son traditionnelle. Il n’y a pas de comparaison possible au niveau de la performance éner gétique. Ce concept répond aussi à la norme R.E. 2020 qui intègre désormais un volet écologique, basé sur l’évaluation d’un bilan carbone lié à la construction de la maison. Faire le choix d’un chalet ou d’une maison à ossa ture bois sera toujours vertueux même en intégrant le transport ou l’importation des grumes” , détaille GrégoryMyotte-Duquet qui gère avec son frère Dimitri l'entreprise Myotte-Duquet Habitat. Séduisant, sauf que les éléments structurants de lamaison à ossa ture bois, à savoir le lamellé collé et les panneaux O.S.B. ont vu leurs cours s’envoler. “Les prix ont évolué du simple au double pour le lamellé-collé. Au final, cela représente un surcoût de 30 000 à 40 000 euros sur la maison. Si l’on ajoute la hausse des autres matériaux, on arrive à un coût de construction global qui progresse de 10 à 15 %.”

E lle a tout pour plaire dirait la pub. Surtout à l’heure de l’envolée des prix de l’énergie et

des émissions de gaz à effet de serre. “C’est vrai que le contexte pourrait être propice. La maison à ossature bois a une isolation

“On commence aussi à avoir des refus de prêts”, constate Grégory Myotte-Duquet ici en compagnie de son frère Dimitri et de Benoît Vallat, architecte.

Cette recherche de proximité et d’optimisation se traduit aussi par le développement d’une nou velle activité au sein de l’entre prise : la réhabilitation de mai sons anciennes en logements. Une façon de se soustraire en partie des disponibilités fon cières et de saisir des opportu nités avec des propriétaires âgés qui n’ont plus l’utilité ou les moyens d’entretenir de grosses bâtisses. “On commence aussi à avoir des refus de prêts même si c’est encore trop tôt pour en mesurer l’impact sur l’activité globale.” n F.C.

avec la réactualisation des prix.” LaM.O.B. reste donc unmarché de niche même dans la bulle économique du Haut-Doubs. L’entreprise Myotte-Duquet qui construisait entre 20 et 25 mai sons par an avant la crise sani taire a réduit la voilure à une quinzaine de projets. L’effectif est passé de 35 à une vingtaine de salariés. “On essaie de se recentrer sur le secteur.” Stratégie qui semble pertinente et plus facile à gérer avec un carnet de commandes rempli jusqu’au milieu de l’année 2023. “C’est juste ce qu’il nous faut en termes de visibilité.”

Avec de très bonnes performances thermiques et un bilan carbone exemplaire, la maison à ossature bois souffre néanmoins de l’envolée des prix du lamellé-collé.

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