Journal C'est à dire 286 - Septembre 2022
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COUP DE CHAUD SUR L’IMMOBILIER
La flambée du cours des matières premières a commencé à déstabiliser le marché de l’immobilier il y a plusieurs mois. La guerre en Ukraine a provoqué, en plus, une pénurie sur certains matériaux et une augmentation des cours de l’énergie. De leur côté, les banques durcissent leurs conditions d’accès aux emprunts dans un contexte d’augmentation des taux d’intérêt. Dans cet environnement complexe, comment réagit le secteur de l’immobilier très porteur dans le Haut-Doubs depuis plusieurs années ? Les professionnels font part de leur sentiment. C’est le dossier du mois.
Immobilier
La délicate question des matériaux Délais de livraison et coût desmaté riaux de construction restent une des préoccupations principales des constructeurs actuellement. Un des principaux fournisseurs locaux, Serac Tout Faire Matériaux, estime que “ mise à part pour la tuile et la brique, les délais sont redevenus à peu près normaux, à quelques exceptions près comme les fenêtres P.V.C. où on est à deux mois de délai contre un mois normalement. Pour les fenêtres alu, c’est début d’année” note son patron Xavier Billod. Au chapitre des prix, la hausse n’est toujours pas contenue. Un seul exemple : le tarif d’un treillis de struc ture est allé jusqu’à 274 % d’aug mentation. Du jamais vu. Quasiment la même chose pour l’O.S.B., ces panneaux de bois compressé : son prix a grimpé il y a quelques semaines de + 230 % du côté des fournisseurs, “pour se stabiliser à + 40 % en ce moment. Forcément, on a dû adapter nos marges en réduisant nos coefficients” note la Serac. À part ces augmentations extrêmes sur certains produits, en moyenne, la hausse des prix des matériaux de construction depuis la période d’avant-Covid est estimée à “+ 10 à + 20 %.” Un des principaux motifs d’inquié tude pour les professionnels, c’est la question des tuiles. Certains four nisseurs ont annoncé l’arrêt provi soire de leurs fours pour faire face à la flambée du coût du gaz. Des ruptures d’approvisionnements sont à craindre jusqu’en début d’année prochaine au moins. n
Un marché toujours porteur mais des prix du neuf qui s’envolent
L es nouvelles normes se construc tion et l’envolée des prix des matériaux ont un effet direct sur le prix des constructions neuves. Les notaires du Haut-Doubs confirment cette tendance au regard des compromis de vente qu’ils ont actuelle ment sur leur bureau. “Pour un appar tement neuf, on était à 4 500 euros du mètre carré. On n’est plus très loin ses 5 000 euros actuellement” noteM tre Anne Dauvin-Wendling, notaire à Pontarlier, prenant l’exemple d’un appartement T4 de 80 m 2 dont elle vient de valider la vente dans la capitale du Haut-Doubs. Dans un contexte marqué par l’incertitude, le secteur immobilier continue à bien se porter dans le Haut-Doubs. Malgré un prix du neuf qui devrait faire un bond de 10 à 15 %.
Le marché de la construction est encore au beau fixe dans le Haut-Doubs (photo Maison Garnache).
Pour autant, les professionnels se refusent à sombrer dans lamorosité. “Ces périodes ont aussi la vertu de nous ramener aux fondamentaux de l’immobilier : qualité de construction, qualité architecturale, qualité de l’emplacement, qualité de la maîtrise d’œuvre estime le président des promoteurs. Ces périodes poussent éga lement les promoteurs à faire preuve d’imagination, d’être réactifs, tout en se posant les bonnes questions, du point de vue environnemental notamment. La prudence et l’audace à la fois doivent nous guider en ce moment” noteM. Jean not. n J.-F.H.
Dans l’ancien, les prix semblent “se stabiliser” confirment les notaires du Haut-Doubs, même si la demande est toujours supérieure à l’offre et qu’on constate “toujours un effet Covid qui a boosté la recherche de maisons.”
tional qui se cumule à l’environnement national et qui ont tous les deux des impacts forts sur toute l’activité immo bilière et notamment la nôtre. C’est une équation à plusieurs inconnues que nous devons résoudre actuellement avec une guerre qui s’est amplifiée, une hausse incontrôlée du prix desmatières premières, et une crise sociale latente. Dans ce contexte, il est clair que l’immobilier n’échappe pas à cette logique inflation niste” dit-il. Ce dernier annonce, du fait de la hausse du prix des matières, des nouvelles normes de construction (R.T. 2012, puis R.E. 2020), “une hausse de 10 à 15 % pour les nouvelles constructions.”
être refusés, mais pour l’instant nous ne constatons pas de baisse du volume des transactions” ajouteM tre Sandrine Roux Foin, autre notaire installée dans la capi tale du Haut-Doubs. Malgré ce contexte de rentrée un peu anxiogène, l’acquisition de sa résidence principale reste pour beaucoup comme la priorité. “Pour l’instant, aucune panique, on a toujours des acquéreurs” confirme cet autre professionnel. Pour le président de la fédération régio nale des promoteurs immobiliers, Fabrice Jeannot, la période est inédite. “Nous n’avons jamais connu une époque comme celle-là avec un environnement interna
“Nous n’avons jamais connu une époque comme celle-là.”
Si l’activité semble plutôt bonne en cette rentrée après un été plutôt calme, les notaires restent prudents. “La nouveauté de cette rentrée, ce sont les conditions d’emprunt.Les banques exigent désormais un apport minimal, ce qui n’était pas le cas auparavant. Des dossiers peuvent
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