Journal C'est à dire 284 - Juin 2022

V A L D A H O N - P I E R R E F O N T A I N E

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CONSO

Les belles années de Consolation Rencontre

A ssis sous le préau, José Sorribès fixe rêveusement le parc de Consolation. Si ses yeux obser vent la nature d’aujourd’hui, son esprit, lui, est remonté 50 ans en arrière. 1972. La petite Simca 1000 dévale les lacets de Gigot avant d’entrer dans la cour de Consolation.Arborant pantalons pattes d’éph’ et chemises à fleurs, José, jeune fringant professeur de 23 ans, découvre une dizaine de garçons entre 10 et 15 ans. Tous sont élèves du séminaire de Conso lation, tenu par des abbés. Une sacrée sur prise pour ce fils de républicain espagnol, pur produit deMai 68 qui a toujours connu un monde mixte. Titulaire d’une licence de lettres et d’his toire, polyglotte, José était d’abord pressenti pour enseigner l’anglais. Finalement, ce sera l’allemand. La seule condition pour que ce soixante-huitard enseigne dans un séminaire : qu’elle soit sous contrat avec l’Éducation nationale. “Mes années à Conso lation ont été une plage de repos et d’éton nement” , raconte le José Sorribès de 2022. Là-bas, il y avait une différence de temps et de civilisation, ils étaient encore à l’époque de Jean-Jacques Rousseau. Cette confron tation entre deuxmondes était une aventure extraordinaire.” Le professeur y fait la rencontre de docteurs Professeur à Consolation dans les années 1970, José Sorribès a tenu à figer sur le papier anecdotes et sou venirs d’un autre temps. Son livre Consolation, les belles années (1970 1980) retrace un monde aujourd’hui disparu avec rire et nostalgie.

Déjà auteur d’un premier roman “Quand Belleherbe chante le Haut-Doubs”, vendu à 13 600 exemplaires, l’écrivain a eu le déclic de son second livre pendant le confi nement. “Je me suis rendu compte que je sais plein de choses, j’ai beaucoup vécu. Si demain, je meurs, tout sera perdu , explique José. J’arrive aussi à un âge où on com mence à voir disparaître notre entourage. J’ai vu les avis de décès de mes premiers grands élèves, tous les curés sont décédés” , souligne-t-il, un brin de tristesse voilant son regard d’ordinaire pétillant. Grâce à son livre, José Sorribès offre une machine à remonter le temps, où Conso lation se découvre intimement, autrement. Ce passé bouillonnant de culture fait écho au val de Consolation d’aujourd’hui, engagé depuis deux ans dans une redynamisation touristique. L’histoire n’est pas finie. n L.P.

en théologie très savants parlant latin et grec à table, connaissant chaque nom des espèces végétales. Il y vit des moments de banquets inimaginables concoctés par une sœur : “les jeudis avinés”, se souvient José, rigolant encore à ce bonmoment. Il y décou vre également des trésors de culture dans les sept bibliothèques du séminaire. “Il y avait l’Encyclopédie de Diderot dans une édition rarissime, des incunables égale ment” , raconte-t-il, conscient de sa chance d’avoir pu toucher ces biens précieux. Dans sa chambre tapissée de soie, celle de l’archevêque lorsqu’il vient en visite, sur sa table de chevet se tient une main en nacre contenant les reliques de Saint François Xavier. “Une fois sur deux, le matin, au lieu d’éteindre mon réveil à l’an cienne, je tapais dans les reliques, se marre José. Pour moi, Consolation, c’était Dis neyland et le paradis terrestre à 17 kilo mètres de chez moi.” De ces belles années un peu hors du temps, José Sorribès en a tiré un livre de 70 pages retraçant ses nombreuses anecdotes et l’histoire du lieu où le rire a la part belle.

*Le livre est disponible dans toutes les librairies. Il est possible de rencontrer l’auteur tous les dimanches à Consolation.

Joffrey Ferrari

(à droite), directeur du site, et Gilles Robert, président de la S.C.I.C. travaillent de concert pour la redy namisation du Val de Consolation.

José Sorribès a vécu près de dix ans à Consolation en tant que professeur au séminaire dans les années 1970.

Le Val résonne avec les musiques sacrées du monde Festival

Programme Du 9 au 13 août Pour tout public l 9 août à 21 heures Kayan Project, duo vocal de contrebasse s’inspi rant de sources du Moyen-Orient l 10 août à 21 heures Marie-Christine Barrault, voyage littéraire et musical avec Antoine de Saint-Exupéry l 11 août à 21 heures Élina Jones, soul-funk groovy l 12 août à 21 heures Trio Nazani, musique sacrée arménienne, soirée hommage à l’Ukraine l 13 août à 21 heures La Brigata Sinfonica, entre brass band jazz, fanfares tziganes et balkaniques, taren telles et reprises d’au teurs d’Amérique latine

C’ est un festival ouvert sur les musiques sacrées dumondemais profondément ancré dans le territoire, et particulière ment au Val de Consolation. Né en pleine pandémie, le Festi’Val de Consolation des musiques sacrées du monde a su germer malgré deux premières éditions Le Festi’Val de Consolation des musiques sacrées du monde revient pour une troisième édi tion début août. Après deux premières éditions réussies malgré un contexte sanitaire compliqué, l’événement espère retrouver son public.

Kayan Project, duo vocal de contrebasse, ouvre le festival le 9 août.

malmenées par les mesures sanitaires sui vies du pass sanitaire. Cette troisième édition devait être celle de

Le lieu a une acoustique incroyable renforcée par le silence.

de la Compagnie Bacchus, fonda trice de l’événement et sociétaire de la S.C.I.C. Val, Parc et Monas tère. Pas de quoi effrayer Jean Pétrement, au contraire. “Pour l’instant, on installe le festival, avant de donner un gros coup de

piano. Marie-Christine Barrault, marraine du festival, prête sa voix à ce voyage littéraire et musical. “Consolation est un lieu magique, souligne Jean Pétrement. Les concerts sont donnés dans la cour avec une acoustique incroyable et

un silence absolu autour. On sent que ce lieu a une âme.” Ouvert à tout public, le festival se déroule du 9 au 13 août. Un tempo parfait pour voyager et se décon necter du quotidien pendant les congés estivaux. n L.P.

collier pour la quatrième édition.” Inspiré du festival de Fès des musiques sacrées du monde au Maroc, l’événement propose cinq spectacles musicaux, dont un mêlant la musique des mots de Saint-Exupéry à la mélodie d’un

l’épanouissement. Las. Les travaux de rénovation du monastère, devant lequel se tiennent les concerts, freinent les ambitions

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