Journal C'est à dire 283 - Mai 2022
V A L D E M O R T E A U
Agriculture
Élus et agriculteurs du Doubs Horloger se sont retrouvés aux Fontenelles le 3 mai pour échanger et débattre autour du rôle des producteurs laitiers dans la préservation et le respect de l’environnement. Éclairages. La terre et l’eau au cœur des enjeux paysagers du Haut-Doubs Horloger
C ette rencontre était organisée à l’initiative de l’Union Régionale des Fromages d’Appel lation Contrôlée (U.R.F.A.C.) qui fédère les quatreA.O.P. dumassif jurassien. “Au départ, on était axé sur les contrôles puis on a élargi le débat à d’autres théma tiques. Depuis 2018, on travaille avec le Conservatoire botanique et un peintre naturaliste à la réalisation de tableaux paysagers pour chacune des dix zones pay sagères de l’aire de production des fromages d’appellation du massif du Jura” , explique Éric Février, le président de l’U.R.F.A.C. Le tableau paysager du secteur Doubs Horloger met en évidence une grande diversité de paysages avec de vastes plaines alluviales comme le Val de Morteau, des plateaux comme ceux du Russey ou de Charquemont, le tout enca dré par deux vallées profondes, celles du Doubs à l’est et du Des soubre à l’ouest. “Dans ce secteur d’élevage, on observe une forte densité de fermes de taille rela tivement modeste avec un poten tiel agronomique important” , explique SaloméMairot, chargée de mission environnement à l’U.R.F.A.C. Tous les éléments caractéris tiques des paysages jurassiens sont présents au pays du comté, de la saucisse de Morteau et du cheval comtois. “On est aujourd’hui sur un territoire avec une pression foncière très forte entre agriculture, industrialisa tion et urbanisation. On com mence à entrevoir aussi dans les paysages l’impact des sécheresses
dans l’action et de corriger les erreurs.” Jérémy Pourreau, technicien à l’E.P.A.G.E. Doubs-Dessoubre rappelle que les cours d’eau sont particulièrement sensibles aux excès de nitrates et phosphates qui détruisent les populations d’invertébrés et favorisent la prolifération algale. Il évoque aussi l’intérêt de protéger les berges du piétinement des ani maux et l’importance de préser ver la ripisylve, les haies et les
fabrication de fromages au lait cru, on nous a fait abandonner des sources pour privilégier l’eau du réseau.À l’avenir, on adoptera peut-être une utilisation plus stratégique des citernes en fonc tion des périodes de sécheresse. Face au réchauffement, il faudra faire évoluer nos pratiques pour produire autant avec moins d’in trants et moins de ressources. Les agriculteurs ont la possibilité de solliciter la chambre d’agri culture pour établir des diag nostics carbone permettant d’op timiser le dégagement de carbone sur leurs exploitations en restant compétitif ” , observe Philippe Monnet. n F.C. Éric Février le président de l’U.R.F.A.C. est venu présenter la démarche enga gée autour des unités paysa gères de l’aire de production des fromages d’appellation du massif du Jura.
notamment au niveau de la res source en eau” , résume Maxime Delavelle, chargé de mission milieux naturels au Parc naturel régional du Doubs Horloger. Le monde agricole pointe du doigt l’urbanisation galopante de la bande frontalière en esti mant que l’objectif de gouver nement de zéro artificialisation nette des sols en 2050 est beau coup trop lointain. Et Gilles Robert, le vice-président du Parc du Doubs Horloger d’évoquer
les outils comme le S.C.O.T. qui donneront les orientations futures en termes d’aménage ment foncier. “On sait qu’il faut vraiment changer les mentalités. On se retrousse les
zones humides. “Cela coûte par exemple cinq fois moins cher de maintenir une zone humide que de cher cher à compenser les services qu’elle offre. Pour limiter le piéti
Le monde agricole pointe du doigt l’urbanisation galopante.
manches et on travaille avec beaucoup de conviction pour limi ter la consommation du foncier aussi bien en matière d’habitat qu’au niveau des zones d’activité. L’objectif est de réduire de moitié les surfaces constructibles dans les dix ans à venir.” Avec le foncier, la question de l’eau est sans doute l’enjeu prio ritaire dans ce secteur avec des rivières sujettes à pollution et des nappes pas toujours en capa cité de répondre aux besoins de la population ou du cheptel bovin. Philippe Monnet agricul teur à Trévillers et président de la F.D.S.E.A. du Doubs rappelle que les actions de mise aux normes des bâtiments d’élevage commencent à porter leurs fruits. “Cela participe, a priori , à l’amé lioration de la richesse piscicole du Dessoubre. Pour nous agri culteurs, c’est important d’être
nement des berges, il suffit par exemple d’installer des abreu voirs. Conserver la végétation le long des cours d’eau protège les berges, apporte de l’ombre en réduisant l’élévation de la tem pérature de l’eau.” La ressource en eau sera forcé ment impactée par le réchauf fement climatique et le monde agricole n’aura pas d’autre choix que de s’adapter. “C’est une néces sité, poursuit Jérémy Pourreau. Il existe des solutions pour limiter les effets du réchauffement : plan tation de haies, pose d’abreuvoirs, adaptation de la taille des trou peaux, installation de récupéra teurs d’eau…” Les opérations de replantation de haies se multiplient. Les agri culteurs évoluent dans la façon de conduire le renouvellement des troupeaux en limitant le nombre de génisses. “Avec la
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Zoom Le choix d’une agriculture plus vertueuse A griculteur à Laval-le-Prieuré, Jean-Luc Vuillemin défend un mode d’exploitation plus
raisonné par rapport aux enjeux environnementaux. “Je me suis installé en 1999 sur une exploi tation en lait à comté de 77 hec tares. Je suis engagé depuis le départ sur un Contrat Territorial d’Exploitation qui impose des pra tiques plus vertueuses au niveau de la fertilisation, en privilégiant la fauche tardive… Je valorise les déchets verts de la commu nauté de communes en faisant du compostage. Ces orientations ont permis de gagner en diversité floristique dans les prairies. Avec France Nature Environnement, on a aussi replanté un kilomètre
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“J’ai participé une année au concours des prairies fleuries. On avait recensé près d’une centaine d’espèces de fleurs différentes sur la prairie concernée”, témoigne Jean-Luc Vuillemin, agriculteur à Laval-le-Prieuré.
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de haies. Je passe parfois pour un illuminé” , confie l’agriculteur
qui gère aussi un petit atelier d’en graissement de charolais. n
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