Journal C'est à dire 282 - Avril 2022

D O S S I E R

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Saint-Hippolyte

Remous autour d’un projet de centrale hydroélectrique D’un côté, l’E.P.A.G.E. arase deux barrages sur le Dessoubre pour 600 000 euros d’argent public. De l’autre, une société privée dépose une demande pour créer une microcentrale électrique au Moulin-Neuf à Saint-Hippolyte. Contradictoire ?

À y perdre son latin. À la sortie de Saint-Hip polyte, direction le Des soubre, les pouvoirs publics à grand renfort de com munication via une vidéo sur la plate-forme Youtube annoncent la suppression de deux barrages sur le Dessoubre qui permettent à la rivière, selon eux, de recou vrer son côté naturel. 600 000 euros de vos impôts (voir page précédente). Toujours à Saint-Hippolyte, sur le Doubs cette fois à moins de 2 kmà vol d’oiseau, une demande de création d’une microcentrale électrique a été déposée par la société Tellif auprès du Préfet duDoubs qui doit rendre sa déci sion pour l’été. Paradoxal ? Sur

pure et simple de ce projet de centrale. Contactée, la société Tellif n’a pas souhaité présenter son projet - qui alimenterait l’équivalent de 280 foyers - tant que le Préfet n’a pas rendu sa décision. À Saint-Hippolyte, les élus, eux, semblent satisfaits que le bar

le terrain, difficile de comprendre ce contre-courant d’autant que le Moulin-Neuf devait être sup primé par le passé. Sur le papier, tout s’explique. Depuis l’année dernière et la loi Climat et résilience, il est devenu plus compliqué de supprimer les barrages qui peuvent produire

rage ne soit pas supprimé. En 2016, le conseil muni cipal avait voté contre sa suppression, qui aurait eu un impact paysager pour la Cité comtoise de caractère. En effet, le

de l’électricité. De quoi rassurer les pro priétaires. De quoi énerver ceux qui tra vaillent aux “restau rations écologiques”. À la lecture de l’en

Grâce à la nouvelle loi

Climat et résilience.

Doubs, en cas de suppression du seuil, n’aurait été qu’un mince filet coulant sous les arches du pont. Difficile de contenter tout le monde. n

quête publique qui s’est déroulée du 5 au 21 février, quatre avis ont été déposés auprès du com missaire enquêteur dont au moins un réclame l’annulation

Un projet de microcentrale hydroélectrique sur le Moulin neuf à Saint-Hippolyte.

Dessoubre et Loue

Labellisation

La Rêverotte bientôt labellisée “site rivières sauvages” Du fait de son isolement, le principal affluent du Dessoubre sera sans doute la première rivière du Doubs à décrocher ce label qui s’appuie sur un programme d’actions visant à renforcer son bon fonctionnement écologique.

C e n’est un secret pour personne, la société de pêche de la Rêverotte ne s’entend pas avec celle des DeuxVallées. Depuis une trentaine d’années, elles se livrent à une compétition acharnée pour louer des droits de pêche. La société de la Rêverotte voit souvent d’un mauvais œil les tentatives de sa rivale de venir récupérer des parcours sur le haut Des soubre. “On s’est fixé comme limite aval, le pont de Battenans-Varin et on est intéressé par tous les lots disponibles sur notre territoire” , explique Jean-Pierre Lelon, le président de l’A.A.P.P.M.A. La Rêverotte. À titre indicatif, cette société de pêche loue une quinzaine de baux sur le linéaire de la Rêverotte. Ces lots de pêche appartiennent à des privés ou à des communes. Ils fonctionnent en 3, 6 ou 9 ans. L’association des Deux Vallées, comme elle en a parfaitement le droit, lorgne sur le haut Dessoubre, n’hésitant pas à se positionner pour acheter sinon des parcelles, dumoins des bandes de rives quand l’occasion se présente. Les pro positions atteignent parfois des sommes impor tantes, bien au-delà de la valeur intrinsèque de terres agricoles contraintes par des inondations ou des restrictions de pratiques liées à des clas sements en zone Natura 2000. Sur certains tronçons, les deux sociétés sont en vis-à-vis, ce qui sous-entend en théorie que cha cune dispose d’une moitié de rivière et qu’on ne puisse pas pêcher chez le voisin. Cocasse. Il arrive aussi que le propriétaire du terrain oublie qu’il a déjà signé un bail avec l’une pour en refaire un avec l’autre. “Ces histoires de baux n’ont pas Sur le haut Dessoubre comme sur la haute Loue, les A.A.P.P.M.A. sont à l’affût de la moindre parcelle disponible au bord de la rivière pour étendre leur territoire de pêche et satisfaire sans doute leur adhérents. Foire d’empoigne autour des baux de pêche

P renant sa source sur la commune de Loray, la Rêverotte s’étire sur 14 km au creux d’une vallée encaissée et très peu anthropisée. L’empreinte de l’homme se réduit à quelques vestiges de moulins et la pré sence, en tout et pour tout, de deux maisons dont l’hôtel de Gigot situé à sa confluence avec le Dessoubre. “Cette rivière est encore très bien conservée du fait de cet isolement” , estime Jérémy Pourreau, technicien à l’E.P.A.G.E. Doubs-Dessoubre en charge du projet labellisation Rivières Sauvages de la Rêve rotte. Ce label a été créé par des pro fessionnels des milieux aqua tiques soucieux d’agir pour les rivières en bon état écologique et qui ne sont pas forcément éli gibles à des subventions. 29 rivières sont aujourd’hui label lisées Sites Rivières Sauvages. Pour l’essentiel, elles se situent dans le bassin Rhône-Médite rannée-Corse. La première rivière à recevoir cette distinc tion sur le massif jurassien fut la Valserine en 2016. “On mène des études depuis plusieurs années sur la Rêverotte pour savoir si elle répondait aux cri tères de sélection.Au nombre de 70, ils concernent aussi bien la morphologie du cours d’eau, ses

Quid de la qualité de l’eau de la Rêverotte ? Le chargé de mis sion indique que ce volet est pris en compte dans les critères. “Pour l’instant, on a des données assez anciennes qui nécessitent d’être actualisées. D’après quelques analyses, la Rêverotte serait dans un état bon, voire très bon. Il reste encore du pois son. Le vrai souci avec cette rivière serait plus lié avec les assecs qui fragilisent la faune halieutique.” L’attribution du label n’impose aucune contrainte.Au contraire, elle est susceptible d’être accom pagnée d'aides en provenance de fonds privés. “L’objectif n’est pas non plus d’attirer des tou ristes” , note Jérémy Pourreau. n

propriétés physiques, l’urbani sation…Le dossier de candida ture a été déposé en 2021, accom pagné par un programme d’actions. On a été audité par l’A.F.N.O.R. il y a un mois et on espère l’attribution du label d’ici la fin juin” , détaille Jérémy Pour reau. Renouvelable tous les cinq ans, ce label concerne dans un pre mier temps, 12 km du tracé car deux ne sont pas concernés, étant trop dégradés. “Le pro gramme d’actions associe plu sieurs partenaires : l’E.P.A.G.E. Doubs-Dessoubre, le P.N.R. du Doubs Horloger et le Départe ment du Doubs. On travaille actuellement aumontage finan cier du programme.”

lieu d’être. Il arrive parfois qu’on se positionne sur un terrain mais que l’exploitant fasse jouer son droit de préemption. C’est comme ça” , estime Gérard Mougin, le président des Deux Vallées, en reconnaissant la mésentente entre les deux sociétés. Jean-Claude Joly, le maire de Consolation-Mai sonnettes raconte les méthodes parfois cavalières utilisées par le président des DeuxVallées. “Sur le Dessoubre, nous avons 200 mètres de rives communales. En 2019, à l’époque où il était encore président de la Fédération de pêche du Doubs, il est venu me faire une proposition de renouvelle ment de bail sous la casquette de la Fédération et sans faire attention, j’ai signé un bail pour l’association des Deux Vallées. Je me suis fait tromper verbalement” , explique l’élu qui n’avait donc aucune preuve pour prouver la tromperie. Pour autant et Jean-Pierre Lelon confirme, “on incite toujours les propriétaires à louer aux A.A.P.P.M.A. Cela permet d’aller vers une gestion plus collective de la rivière. Sans oublier la pos sibilité d’avoir des aides pour financer des travaux d’aménagement sur les ripisylves, ces formations végétales qui se développent sur les bords des cours d'eau.” n F.C. Le haut Dessoubre a un linéaire de pêche particulièrement morcelé entre les parcours privés, les réserves, et les sociétés de pêche des Deux Vallées et de la Rêverotte.

La Rêverotte devrait décrocher le label d’ici la fin juin. (photo P.N.R. du Doubs Horloger).