Journal C'est à dire 282 - Avril 2022

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Doubs moyen : un virus s’attaque au silure Mortalité

Pêche

Pour le nouveau président, la ligne devra être résistante C’est un Mortuacien, Philippe Grosso, qui vient d’être élu président de la fédération de pêche du Doubs. Il arrive dans un contexte tendu né de polémiques intestines au sein de l’ancienne équipe. Ses projets : que la fédération recouvre la sérénité, travailler sur la qualité de l’eau, attirer la jeunesse et, pourquoi pas, créer une carte de pêche commune à l’ensemble du département.

L e silure, plus gros pois son de nos rivières, présent jusque dans les bassins du Doubs, a été victime au début du prin temps au niveau du Doubs à Besançon d’une mortalité inquiétante. “Nous avons reçu entre la finmars et début avril des appels de pêcheurs qui ont constaté la présence de cadavres de silure. Très vite, nous avons lancé un appel et nous avons reçu de nombreux témoignages” rapporte la fédération de pêche du Doubs. Les faits ont été constatés entre Baume-les

Dames jusqu’en aval de Saint Vit et une partie du Jura. “Il s’agit probablement d’un virus qui n’est peut-être pas lié avec la qualité de l’eau” émet un spécialiste. Des poissons ont été acheminés dans un laboratoire du Jura pour analyses. Les résultats ne sont pas encore connus. “La piste virale est privilégiée puisque seule cette espèce est touchée” indique ChristianRos signon, pour la fédération de pêche du Doubs qui travaille en collaboration avec celle du Jura sur ce dossier. n

L e comble, pour un pêcheur, c’est de prendre officiellement ses fonc tions de président de la fédération de pêche du Doubs un 1 er avril. “Cela n’avait rien d’un poisson d’avril” dit amusé Philippe Grosso, le nouveau prési dent de la fédération de pêche du Doubs, 10 000 adhérents, 58 sociétés de pêche. La plaisanterie s’arrête là. Pour ce Mortuacien de 56 ans, bien connu sur les berges du Doubs à Morteau où il préside la Gaule Mortuacienne, la mission - bénévole - confiée par les pêcheurs du département tombe à un moment crucial, en ce moment sur le Doubs, aux alentours de Besançon, où des silures périssent par dizaine d’un mal pour l’instant inexpliqué. Le Dessoubre, lui, semble bénéficier d’un certain répit alors que la Loue, elle, devient un désert halieutique. Philippe Grosso remplace Gérard Mougin dans un contexte pour le moins tendu sur le point des rapports humains et politiques. Entre les deux, aucun tuilage n’a été réalisé mais Philippe Grosso sait où il met les pieds, ou plutôt les cuissardes. Les deux ont travaillé dans un premier temps main dans la main avant de se séparer, Philippe Grosso reprochant à Gérard Mougin de vouloir récupérer des baux de pêche sur le Dessoubre, là où Gérard Mougin est pré sident de l’association de pêche et de pro tection du milieu aquatique “Les deux Val lées” (lire par ailleurs). Une polémique que une époque où les cours d’eau vont mal, où les périodes d’étiage (sécheresse) se succè dent, où le nombre de pêcheurs stagne, où les poissons meurent de maladie comme c’est le cas

Philippe Grosso ne souhaite plus commenter pour laisser place à la sérénité. Les ran cœurs, elles, demeurent tenaces. “Oui, le précédent mandat a été compliqué (N.D.L.R. : il a notamment été le bras de droit de Gérard Mougin avant d’être démis de ses fonctions sans explications). Si j’ai décidé de me présenter, c’est par conviction, pour faire bouger les lignes en réunissant toutes les associations autour d’une même table comme S.O.S.-Loue et rivières com toises…, expose le Mortuacien. Je veux que nous, les pêcheurs, tirions la corde dans le même sens, notamment pour améliorer la santé de nos cours d’eau, même si cela va un peu mieux notamment sur le Dessoubre, est extrêmement fragile” pointe le nouveau président. À la fédération, le président pourra compter sur une équipe qu’il juge “soudée” , des sala riés compétents. Les missions ont bien changé : il ne s’agit plus pour la fédération de récupérer uniquement l’argent des cartes de pêche, de contrôler si le brochet capturé fait bien la maille mais bien de savoir com ment en restaurant les cours d’eau, en menant des études piscicoles, l’on parvient à redonner un nouvel élan à nos cours d’eau tout en protégeant cette eau que l’on boit. Pas si facile. Philippe a bien compris qu’il fallait une ligne solide pour recouvrer des eaux calmes et limpides. Cela ne coulera pas de source. n E.Ch. qualité des rivières en lançant des études et des travaux de restauration comme cela a été déjà mené et comme cela va encore l’être. C’est un sujet de préoccupation majeur car la

Zoom Pêcher partout avec la même : à quand ? S i vous achetez une carte de pêche pour tremper le fil dans le Doubs à Morteau, elle ne vous permet pas de pêcher à Villers-le-Lac. Idem, il faut vous acquitter d’un autre timbre pour pêcher le Doubs franco-suisse, encore un autre pour pêcher dans le Dessoubre. Même les pêcheurs aguerris en perdent leur latin. À quand une carte unique comme c’est le cas dans le département du Jura ? “Le rêve, ce serait effectivement une carte unique pour l’ensemble du département, convient le nouveau président. Je vais y travailler en prenant appui sur ce qui s’est fait dans le Jura mais aussi travailler sur la simplifi cation de certains règlements internes à des associations de pêche.” Il faut, en effet, beaucoup d’abnégation pour comprendre que l’on peut pêcher à la mouche dès l’ou verture dans le Doubs franco-suisse mais pas dans le Dessoubre avant le troisième samedi de mai, que l’on peut dans certains secteurs pêcher avec des ardillons (N.D.L.R. : contre-pointe sur l’hameçon pour éviter que le poisson ne décroche) mais pas dans d’autres. Ce dossier prendra du temps. n

“Je veux que tous les pêcheurs tirent la corde dans le même sens.”

Un silure mort dans le Doubs, en aval de Besançon (photo J. Poête).

Une population piscicole en baisse régulière Dessoubre à Consolation l 2005 : 300 kg/ha l 2021 : 300 kg/ha, population constituée exclusivement de truites Dessoubre à Gigot l 2005 : environ 300 kg/ha, chiffre qui a baissé après les mortalités d’ombres entre 2014-2017. l 2021 : entre 200 et 300 kg/ha, avec une valeur forte en 2021. Dessoubre à Rosureux l 2009 : 170 kg/ha l 2014 : 120 kg/ha. La baisse est à relier avec l’ombre qui ne se remet pas des mortalités de 2014 et 2017. Stabilité de la population. Les valeurs sont complexes car très différentes en fonction des cours d’eau impactés par l’hydroélectricité. Dans les meilleurs secteurs, on note 200 kg/ha de salmonidés. Saugeais Le Doubs à ce niveau n’est plus considéré comme une rivière à salmonidés. Loue à Mouthier Hautepierre l 1999 : 300 kg/hectare de salmonidés Loue à Cléron l 1999 : 180 à 200 kg/ha l 2012 : 30 kg/ha l 2021 : 40-50 kg/ha l 2021 : 100 à 120 kg/ha Doubs franco-suisse

Le Mortuacien Philippe Grosso est le nouveau président des pêcheurs du Doubs.

l 2012 : 250 kg/ha l 2021 : 130 kg/ha

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