Journal C'est à dire 282 - Avril 2022

D O S S I E R

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BILAN DE SANTÉ DE NOS COURS D’EAU

Biennale d’A Contemporain CHARQUEMONT SALLE DES FÊTES 7 ème édition

du 10 au 12 juin 2022 de 9h à 20h - 18h le dimanche Vernissage / Concert Vendredi 10 juin 2022 à 18 h 30

ENTRÉE LIBRE

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BiACC Biennale d’Art Contemporain Charquemont

Ville de Charquemont

D’importants chantiers sont lancés sur nos rivières pour tenter de leur redonner un second souffle. Est-ce trop tard ? Après les pollutions successives depuis quinze ans, le milieu est en mauvais mis à part quelques endroits qui résistent. C’est notamment le cas du “haut Dessoubre” où la densité de truites farios ne diminue pas. Un équilibre précaire. Le mal est-il attaqué à sa source ? Les avis sur le sujet sont partagés. La gestion des rivières, c’est aussi l’affaire des sociétés de pêche qui, si elles partagent les mêmes objectifs qualitatifs, se livrent néanmoins à une bataille féroce sur les droits de pêche.

La biomasse de truites farios dans le Dessoubre à Consolation “se maintient à un niveau élevé.” (source : fédération pêche 25).

“Notre combat, ce n’est pas que sauver les poissons, c’est sauver l’eau potable” Depuis vingt ans, la densité de poissons chute irrémédiablement. La Loue et le Cusancin sont, à certains endroits, devenus désertiques à l’inverse du Dessoubre où, pour la première fois, une légère amélioration est notée sur la partie amont. Les données recueillies par la fédération de pêche sont pourtant alarmantes à l’heure où les politiques publiques lancent beaucoup d’études… qui débouchent souvent sur des demi-mesures. Pollution

dégradées. Encore une fois, les résultats positifs ne sont pas instantanés. Il faut du temps, plaident les donneurs d’ordres. D’importants chantiers sont annoncés sur le Doubs au niveau de ses pertes en aval d’Arçon, sur le marais de la Tanche à Morteau, sur le Theverot à Grand’Combe-Cha teleu, sur la Barbèche, un affluent du Doubs entre Saint Hippolyte et Pont-de-Roide… À chaque fois, il s’agit de donner un coup de pouce au cours d’eau en lui redonnant son aspect naturel, “en lui permettant de stocker l’eau dans le terrain, là où l’évaporation est moindre, ce qui limite l’augmentation de la température de l’eau” analyse Thomas Groubatch, ingénieur hydrobiologiste. La prudence reste de mise. Ces chantiers doivent composer avec les activités anthropiques et la pression foncière. Ils ne pour raient jamais se concrétiser malgré les études, et les milliers d’euros engagés. Un sujet très tendu dans le Haut-Doubs où l’activité agricole et la pression démographique sont fortes. n E.Ch.

portant de l’eau potable pour éviter des pénuries comme ce fut le cas à Valoreille ou dans le Saugeais. Certains villages ont vu leur projet d’extension urbanistique bloqué par la Pré fecture du Doubs pour des rai sons de manque d’eau, à l’image d’Arc-sous-Cicon, d’autres pour une station d’épuration obsolète comme Marchaux, près de Besançon, qui s’est mis en règle depuis. “D’après les normes euro péennes, l’azote et le phosphate présents dans nos rivières le sont à des niveaux “satisfai sants”. Seul problème, cette norme ne tient pas compte de la nature de notre sol, karstique. Il faut la faire évoluer à la baisse” convient Cyril Thévenet, pour l’E.P.A.G.E. Haut-Doubs Haute-Loue, organisme chargé de la gestion de l’eau et des milieux aquatiques pour ce bas sin-versant. D’importants tra vaux, et beaucoup d’argent public comme ces 600 000 euros injectés pour un dossier lié au Dessoubre, sont engagés. Il s’agit de restaurer les rivières (lire par ailleurs), les tourbières, protéger la ressource en eau, restaurer les zones humides et

ver l’eau potable pour tous” poursuit la fédération de pêche. Les maux de nos rivières sont connus : une pollution due à des excès d’azote et de phos phate ainsi qu’un effondrement de la nourriture disponible, des fonds colmatés, des étiages tou jours plus nombreux, un réchauffement de l’eau jusqu’à 24 °C par endroits. Dans la Loue, de nouvelles mor talités ont été constatées en mars dernier. Dans le Dessou bre, la population de truites est “stable” voire en augmentation notamment sur la partie haute alors que les ombres ont connu à la sortie du printemps des pertes dans leurs effectifs. Le Doubs franco-suisse semble se maintenir à un niveau suffisant selon les endroits puisque les poissons souffrent ici des éclu sées des barrages, notamment les juvéniles. Le Cusancin (Baume-les-Dames), est lui, qua siment désertique. La mort des poissons n’est pour tant que la pointe de l’iceberg. La question de la gestion de l’eau est un enjeu dans des bas sins-versants où il faut parfois recourir à des camions trans

L es premières grandes mortalités de poissons, c’était en 2009. Cette vision de poissons le ventre à l’air, attaqués par un champignon, la saprolégniose, sont encore dans les têtes de tous les pêcheurs.Un cauchemar qui n’a eu de cesse de se répéter, notamment en 2014 sur le Des soubre, où deux jours avant l’ou verture officielle, le Préfet du Doubs interdisait la pêche suite aux mortalités piscicoles. Le

tourisme de la pêche s’est réduit à peau de chagrin, les pêcheurs à la mouche préférant les eaux de Slovénie ou d’Autriche. Quinze ans plus tard, les rivières sont toujours en très mauvais état. Ceci étant, les poissons morts ne se ramassent plus à la pelle. Normal, il n’y a quasiment plus de truites ou d’ombres. Dans la Loue, par exemple, à hauteur de Cléron, “la population ne remonte pas” déplore Christian Rossignon,

directeur de la fédération de pêche du Doubs. Elle est d’à peine 50 kg par hectare alors que ce tronçon devrait logique ment en accueillir six fois plus ! L’instance réalise des pêches électriques “pour constater de manière scientifique et main tenir la pression afin que de vrais choix politiques soient décidés, notamment sur la ges tion des effluents. Notre combat, ce n’est pas uniquement celui de sauver les poissons, c’est sau

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