Journal C'est à dire 281 - Mars 2022
D O S S I E R
20
Projet
Une Unité d’hébergement Renforcée en projet à l’E.H.P.A.D. du Larmont Le Centre Hospitalier Intercommunal de Haute-Comté (C.H.I.H.C.) gère quatre E.H.P.A.D. à Doubs, Levier, Mouthe et Nozeroy, ce qui représente 420 lits. Une offre publique indispensable pour répondre aux besoins du territoire. Tour d’horizon des problématiques de prise en charge, de recrutement, des perspectives d’évolution avec Olivier Volle le directeur du C.H.I.H.C.
“Maintenant on peut reconstruire”, explique Olivier Volle, le directeur du C.H.I.H.C. après le verdict rendu en février sur l'affaire qui avait secoué l’E.H.P.A.D. du Larmont. Ce dossier a finalement été classé sans suite.
C’ est à dire : Le manque de places se pose-t-il dans les quatre E.H.P.A.D. de façon similaire ? Olivier Volle : Non. L’E.H.P.A.D. du Larmont reste le plus saturé, notam- ment au niveau de l’unité Alzheimer où la demande dépasse nos capacités d’accueil. La situation est correcte à Nozeroy et un peu plus tendue à Levier et Mouthe.
le service réclamations de la clientèle. Càd : Quelles sont les critiques les plus fréquentes ? O.V. : Au cours des deux dernières années, elles portent généralement sur l’organisation des visites pendant la crise du Covid. Certaines familles se plaignaient parfois de ne pouvoir effectuer des visites dans des unités qui avaient été mises en confinement pour éviter des contaminations. On n’a jamais enregistré des signalements liés à de la maltraitance. Le C.V.S. per-
chiatrie pour les personnes âgées. Cela représente 14 lits médicalisés. Un autre projet est en réflexion avec la création d’une Unité d’Hébergement Renforcée ou U.H.R. Càd : De quoi s’agit-il ? O.V. : On dispose de 42 lits dans l’unité Alzheimer mais on se rend compte que c’est trop grand avec une promiscuité difficile à gérer, d’où l’idée de construire une unité spécifique de 14 lits pour accueillir les personnes ayant les trou- bles neurocognitifs les plus importants. Cette U.H.R. aura son propre personnel. Le coût du projet s’élève à 1,8 million d’euros. Les études seront lancées en 2022 pour une livraison de l’unité sans doute en 2024. Càd : Pas d’autres nouveautés à signaler ? O.V. : Si, la collaboration mise en place avec l’hospitalisation à domicile pour la gestion des astreintes de nuit dans les E.H.P.A.D. de Levier et Nozeroy. n Propos recueillis par F.C.
tologie.À défaut, on a desA.S.H. faisant fonction d’aides-soignantes. On privi- légie celles qui ont vocation à passer le diplôme d’aides-soignantes. Ces métiers ne sont pas assez valorisés. On constate le manque d’attrait sur tous les métiers à horaires atypiques. Les gens ne veulent plus travailler de nuit ou le week-end. Càd : Cela se vérifie aussi au niveau de l’I.F.S.I. ? O.V. : Oui, aide-soignante reste la for- mation sur laquelle on est le plus en difficultés. Le Covid a détourné des candidats qui ont finalement trouvé du travail. On pensait organiser deux sessions de formationmais on a annulé celle de février car il y avait seulement cinq candidats sur les 13 places dis- ponibles. Càd : Comment évolue la prise en charge des personnes âgées au sein de l’E.H.P.A.D. du Larmont ? O.V. : En partenariat avec l’A.R.S., on a créé il y a un an une unité de psy-
cause par l’ordre infirmier avaient été condamnées en première instance puis elles ont eu gain de cause en appel. Trois sont toujours en poste. La décision de justice rendue en février permet de repartir sur de bonnes bases car cette affaire avait laissé des traces. Main- tenant on peut reconstruire. Càd : Le médecin suspecté est tou- jours au C.H.I.H.C. ? O.V. : Non. Son C.D.D. n’avait pas été renouvelé. Je n’ai pas d’autre infor- mation. Càd : A-t-il été remplacé ? O.V. : La problématique du recrutement se pose à tous les niveaux au sein des E.H.P.A.D.On a actuellement 2,6méde- cins pour 4 postes.À défaut de trouver des gériatres, on recrute des praticiens qui n’ont pas cette spécialité.Cemanque de gériatres se pose à l’échelle nationale. C’est aussi une question de numerus clausus . On peine aussi à trouver des infirmières, des aides-soignantes ainsi que des assistantes de soins en géron-
Càd : Comment fonction- nent les échanges entre les résidents, les familles et l’établissement ? O.V. : Il existe dans chaque E.H.P.A.D., un Conseil de la Vie Sociale au sein duquel les
met aussi de faire remonter des observations et de les pren- dre en compte rapidement. On met en place depuis deux ans au service Ambre le concept Humanitude qui permet de prévenir la maltraitance.
Cette affaire a finalement été classée sans suite.”
L’idée étant de mettre le résident au cœur du projet de soin et non l’inverse. Càd : Avez-vous des nouvelles sur l’affaire de soupçon d’euthanasie à l’E.H.P.A.D. du Larmont ? O.V. : Cette affaire a finalement été classée sans suite début février. Les infirmières qui avaient été mises en
familles voire les résidents sont repré- sentés. On trouve aussi un cadre de santé et un membre de la direction. Le représentant des familles exerce sou- vent la présidence de ce C.V.S. qui se réunit enmoyenne une fois par trimes- tre. Toute personne mécontente peut demander à voir le personnel, le méde- cin. Les réclamations sont gérées par
Flangebouche
C’ est un courrier d’alerte, sinon de dépit.Une partie des salariés de l’établis- notamment permis de supprimer toutes les chambres doubles par des chambres avec un lit simple, lavabo et douche. L’E.H.P.A.D. dispose d’une capacité de 93 lits d’hébergement et 16 places en service de soins à domicile et accueil de jour. Le docteur Ron- dot qui est arrivé en janvier dans ce contexte de crise a ouvert sa porte à tous les personnels pour qu’ils parlent et leur proposer des pistes d’améliorations de travail dans leur travail du quo- tidien : “Nous sommes allés à leur rencontre afin qu’ils puissent parler en toute transparence. Tous nous ont fait part de leur amour pour leur métier mais aussi et surtout un syndrome d’épuisement professionnel…” témoigne le docteur. “On refuse la fatalité” poursuit Thibault Euvrard qui recherchait, en mars, six équivalents temps plein. Deux professionnels devaient arriver. Les entretiens ont notamment permis, pour certaines situations, d’adapter les horaires de travail et les plan- nings. n E.Ch. Les admissions reprennent au compte-gouttes à l’E.H.P.A.D. La direction est assurée par l’hôpital de Morteau. Agrandi en 2019 pour 10 millions d’euros, l’établissement a gelé des places d’hébergement faute de personnel. Les admissions ont repris en mars. De gauche à droite : Thibault Euvrard, le docteur Christian Rondot, le président de l’E.H.P.A.D. de Flangebouche Fabrice Vivot. sement d’hébergement pour per- sonnes âgées dépendantes (E.H.P.A.D.) de Flangebouche a écrit au Département et à l’Agence régionale de santé en février pour évoquer des condi- tions de travail qui se sont dété- riorées. Dans cette lettre, les agents indiquent une situation tendue. La crise sanitaire serait la responsable. Plusieurs infirmi(ère)s ou aides- soignant(e)s ont claqué la porte, fatiguées. D’autres sont en arrêt maladie et de nouveaux départs pourraient intervenir. Les recrutements, eux, sont dif- ficiles. “Cela fait peser toute la charge de travail sur ceux qui restent qui doivent faire des heures supplémentaires, ou remplacer les col- lègues sur nos jours de repos. Forcément, d’au- tres craquent. C’est un cercle vicieux” témoigne un personnel de santé. Par chance, l’établissement a trouvé depuis janvier unmédecin en remplacement. La direction de l’établissement indique que le personnel présent a toujours maintenu la sécurité et la dignité des résidents “dans une structure humaine” tient à préciser Thi- bault Euvrard, directeur par intérim de l’E.H.P.A.D. Saint- Joseph, qui reçoit des courriers de remerciements de la part de familles pour l’accompagnement de leur père ou de leur mère en fin de vie. Pour éviter de sur- charger un personnel fatigué par la crise Covid, l’établissement a stoppé l’accueil de nouveaux résidents durant plusieurs mois. Les entrées ont repris depuis le 7 mars. Dix lits étaient dispo- nibles début mars dans un éta- blissement, qui, rappelons-le, a été agrandi en 2019. Un choix responsablemais pas entendable lorsque l’on sait que 10 millions d’euros ont été investis pour agran- dir et moderniser cette ancienne maison de retraite. Se posera très rapidement la question de l’équilibre financier de l’éta- blissement, qui, s’il n’est pas menacé, méritera une attention particulière car les chambres vides plombent les finances. Flangebouche, hospice créé en 1898, accueille depuis son agran- dissement 30 places supplémen- taires en hébergement perma- nent, dont des places dédiées à la maladie d’Alzheimer ou à des personnes atteintes de troubles cognitifs. Les travaux avaient
Made with FlippingBook Online newsletter creator