Journal C'est-a-dire 279 - Janvier 2022

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“On en est revenu à une sorte de réaction identitaire régionale” Livre

Avec moins de dix personnes autour de la table, on pourrait sans doute résoudre pas mal de problèmes. On voit des dossiers avancer par exemple entreMor- teau et La Chaux-de-Fonds et on est incapable de faire quoi que ce soit entre Besançon et Dijon. Il n’y a pas de frontière nationale entre les deux ex- régions mais une simple fron- tière psychologique qui fait beau- coup plus de dégâts. n Conférence Jean-Claude Duverget, géo- graphe, ancien proviseur et ancien élu régional animera une conférence à Morteau (salle du ciné Le Paris) jeudi 20 janvier à 19 heures, à l’in- vitation du bureau local de l’Uni- versité Ouverte, sur le thème : la grande région Bourgogne- Franche-Comté, mythes et réa- lités. Entrée libre. Les Francs-Comtois restent Francs-Comtois malgré la fusion ! Par Jean-Claude Duverget 204 pages, 24 euros Éditions L’Harmattan Propos recueillis par J.-F.H. Jean-Claude Duverget présente son dernier ouvrage.

À quoi a servi la fusion de la Franche-Comté et de la Bourgogne il y a six ans ? Avec son double regard de géographe et d’ancien élu régional, Jean-Claude Duverget tire un bilan objectif de cette réforme territoriale.

J.-C.D. : Je constate que la proxi- mité n’y a pas gagné, notamment dans le domaine de la santé où hélas, c’est encore une réalité de voir qu’on a toujours des espaces à plus de 30 minutes d’un service d’urgence ou d’au- tres qui nécessitent encore plus d’une heure de trajet pour trou- ver unematernité.Même constat d’échec sur le plan des trans- ports : on a raté la liaison fluviale il y a 25 ans, on est en train de rater la liaison T.G.V. Avec la fusion, on aurait dû avoir un meilleur levier d’influence pour débloquer des situations. Je constate que ce n’est pas le cas. Càd : Les solidarités entre territoires n’y ont pas gagné selon vous ? J.-C.D. : Avant la fusion, la Franche-Comté était éclatée entre deux espaces : le Nord Franche-Comté et l’axe Besan- çon-Vesoul-Pontarlier. Avec la fusion, aucune solidarité terri- toriale ne s’est renforcée. Dijon ne reste que la capitale duGrand Dijon. Mâcon ignore Dijon et se tourne clairement vers Lyon. La coupure est évidente entre Dijon et Nevers, et l’Yonne est tournée

C’ e st à dire : Six ans après la fusion, quel bilan en tirez-vous ? Jean-Claude Duverget : La fusion a été une décision admi- nistrative qui ne fait pas une synthèse parfaite entre la Bour- gogne et la Franche-Comté, loin de là. Je dirais même qu’on est revenu à une sorte de réaction iden- titaire régionale. L’illus- tration la plus claire est le dos à dos entre Besan- çon et Dijon. On retrouve côte à côte deux identités bien distinctes. Càd : Cela se traduit sur quels plans ? J.-C.D. : Les administrations se sont rapidement mises dans le moule de la fusion. En revanche, il y a des domaines comme la culture par exemple qui n’ont pas encore réussi à faire la fusion. On n’a toujours pas d’or- chestre régional, pas plus qu’on

a de F.R.A.C. régional car le F.R.A.C.Bourgogne n’a pas voulu fusionner avec celui de Franche- Comté. Même constat avec les universités où on a créé une fédé- ration des deux universités, qui ne fonctionne pas et qui étale tous ses différends à l’extérieur.

fusion ? J.-C.D. : Avec la loi N.O.T.R.E., le pouvoir économique des régions s’est renforcé et en cela, la Région B.F.C. a un levier d’ac- tion qu’elle n’avait pas avant, pour porter certains grands pro- jets stratégiques. Je pense notamment à la filière hydro- gène. Càd : Et la rivalité Besan- çon-Dijon reste un vrai pro- blème ? J.-C.D. : Je suis peiné de consta- ter qu’il n’y a jamais eu de ren- contre au sommet entre les grands élus de cette région : pré- sidente de Région, présidents des Départements, les maires des deux grandes villes, et les deux présidents d’Université.

vers Paris. Besançon ne collabore pas plus avec le Nord Franche- Comté. Depuis six ans, la cohé- sion intra-territoriale ne s’est pas renforcée. On va de plus en plus vers l’effacement des fron- tières administratives au profit des zones d’influences desmétro- poles. Càd : La Franche-Comté est- elle la perdante de la fusion ? J.-C.D. : Non, je ne le pense pas. Il y a sans doute un sentiment de frustration avec la perte du statut de capitale régionale pour Besançon, mais je pense que la répartition des administrations a été faite avec un souci d’équi- libre.

Les conséquences de ces mésententes peuvent être très fâcheuses avec la perte récente de 10 millions d’euros à cause de la perte du label Isite-B.F.C.On voit que l’Université de

“Une fron- tière psycho- logique qui fait beaucoup de dégâts.”

Bourgogne désapprouve le sou- tien reçu de l’État par l’Univer- sité de Franche-Comté pour la réfection du campus Bouloie- Témis. Les rivalités continuent, hélas. L’objectif de cette réforme était rappelons-le le rayonne- ment des nouvelles régions. Càd : La fusion a éloigné les citoyens des centres de déci- sions selon vous ?

Càd : Un bon aspect de la

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