Journal C'est à dire 277 - Novembre 2021
L E P O R T R A I T
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Orchamps-Vennes
Échographie d’un Professeur de génie Léandre Pourcelot est l’inventeur des dispositifs d’écho- graphie-Doppler. C’est aussi le premier au monde à avoir mis au point un appareil capable d’étudier le système cardiovasculaire des astronautes. Parcours d’un gamin d’Orchamps-Vennes devenu un grand ponte de la santé, désormais établi à Tours.
j’ai poursuivi les études” témoigne cet Oricampien né le 7 septembre 1940 aux Ravières, un hameau d’Orchamps-Vennes. Quatrième enfant d’une famille de dix, Léandre se rend à l’école avec ses frères et sœurs où les niveaux sont mélangés. Il suit les cours des plus grands, se fait rapidement remarquer pour ses facilités d’apprentissage. Comme dans toutes les familles de cul- tivateurs du Haut-Doubs de l’époque, son père et sa mère feront de leurs enfants un curé, un “intello”, les autres des “pay- sans”. Léandre, c’est sûr, pour- suivra les études.Après le lycée Victor-Hugo à Besançon, direc- tion Lyon. “Je remercie mes frères et sœurs de m’avoir permis d’étu- dier… Certains sont restés à la ferme pour payer mes études” témoigne l’octogénaire. À l’époque, il n’existe pas de bourses d’études mais Léandre a de l’énergie à revendre. Il tra- vaille comme garçon de café et garde des enfants pour payer ses études. En 1963, sa thèse le fait étudier sur le difficile sujet de lamesure du flux sanguin dans les vais- seaux, qui le mène à la création du premier appareil européen à effet Doppler ultrasonore pour l’étude de la circulation sanguine. “Lorsque je demandais encore récemment à mes étudiants depuis combien de temps ce genre de technique existait, il me répon- dait des centaines d’années ! C’est
I l a gardé de son Haut- Doubs natal le tempéra- ment d’un battant, la modestie d’un paysan.Avec une profonde humilité, Léandre Pourcelot (81 ans) avoue à demi- mot que son parcours profes- sionnel détonne. Lui-même peine à expliquer comment l’enfant qui conduisait les chevaux de trait de ses parents dans la forêt d’Orchamps-Vennes pour y débarder du bois est devenu l’un des plus grands chercheurs fran- çais à l’origine de découvertes mondiales en matière de santé. “Léandre a obtenu l’ensemble de ses examens du premier coup… sauf son permis de conduire” iro-
nise son grand frère Émile âgé de 88 ans, admiratif. Dans la banlieue de Tours où Léandre Pourcelot réside depuis cinquante ans, cet “expatrié” désigné Commandeur de l’Ordre national duMérite cet automne est fier de ses racines comtoises. Drôle de parcours pour ce titu- laire d’un Bac + 17 (vous avez bien lu) qui aurait pu devenir célèbre en signant footballeur professionnel à 18 ans quand le club de Lyon le repère alors qu’il suit des études d’ingénieur en électronique à l’institut national des sciences appliquées (I.N.S.A.), en 1963. “En 1963, le sport-études n’existait pas alors
Léandre Pourcelot (à gauche), un ingénieur- docteur aux 10 000 vies.
a collaboré avec les médecins du centre-I.V.G. pour les aider dans la prise en charge des patientes et le diagnostic médical avant ou après l’interruption volontaire de grossesse. C’est un huma- niste. Même retraité, le médecin n’ar- rête jamais. Ses découvertes ont permis la création de près de 400 emplois dans la région de Tours. Son regret : “voir que les métiers manuels sont délaissés
puis américains. “Personne ne voulait prendre le risque de déve- lopper des capteurs capables d’al- ler dans l’espace” déclare Léan- dre qui se lance. L’appareil part à bord de la station orbitale sovié- tique lors du vol du cosmonaute français Jean-Loup Chrétien (1982). Sa découverte a débouché sur la création de l’entreprise Vermon qui emploie aujourd’hui 230 personnes ! Pour les mis- sions spatiales de longue durée
il y a 50 ans… À l’époque, on cherchait une méthode non inva- sive pour étudier le corps humain. Les ultrasons s’y prêtaient bien” explique l’ingénieur. La commercialisation de l’ap- pareil sera réalisée par la société Delalande Électronique, créée en 1968 en collaboration avec Léandre Pourcelot qui comprend rapidement que recherche et industrie doivent cohabiter pour progresser. Des entreprises ten- tent de le débaucher “pour une grosse somme d’argent, raconte son frère. Léandre a refusé…car l’argent ne l’intéresse pas. L’Aus- tralie a même tenté de le faire venir mais il a répondu qu’il était Français, qu’il resterait en France.” Thérèse Planiol, première femme professeur agrégé de médecine physique médicale en France et chercheuse de renommée inter- nationale sur le cerveau,mesure la valeur et l’éthique de Léandre. Elle demande au Franc-Comtois de le rejoindre - en 1968 - dans son équipe de biophysique et médecine nucléaire à l’hôpital de Tours. Ingénieur, Léandre reprend des études de médecine : il étudie la nuit, travaille la journée. “Je vivais à cette époque aux crochets de mon épouse, Danièle, origi- naire également d’Orchamps. Quand j’ai repris des études de médecine, je passais pour un hur- luberlu” se souvient-il. En 1977, il met au point le Dop- pler couleur. De 1979 à 1982, avec son équipe, il collabore avec le C.N.E.S. (Centre national d’études spatiales) et Matra sur le premier appareil au monde d’échographie-Doppler pour l’étude du système cardiovascu- laire des astronautes russes,
en France” ou encore que la recherche fran- çaise ne s’appuie pas assez sur l’industrie. Le 31 octobre dernier, il était de retour à Orchamps-Vennes
de mars 1995 et 1996, son équipe met au point un appareil de mesure de la densité osseuse par ultrasons. Un appareil commer- cialisé qui pourra, sur
Il se bat pour l’autisme, et pour l’I.V.G.
e Par tenai r
pour fêter avec ses proches sa médaille de Commandeur en toute simplicité. L’occasion de retrouver la terre de ses aïeux et de son papa à qui il vient de consacrer un livre intitulé “La grande guerre à 18 ans, témoi- gnage de Paul” aux éditions Blin- kline. Le médecin a mis la main sur le carnet de son soldat de père qu’il publie intégralement. Membre de l’Académie des Arts et belles lettres de Touraine, le Haut-Doubien d’origine a édité plusieurs poèmes qui ne pèsent pas lourd par rapport aux 200 publications scientifiques qui lui ont valu d’obtenir le Prix national de l’Académie de méde- cine (1981), de l’Académie des sciences (1983), duRayonnement français (1986), la médaille Ampère S.E.E. (1997), d’être honoré pour ses travaux en obs- tétrique (2003). La liste est encore longue. Autant de prix que Léandre n’étale pas…à l’in- verse d’un morceau de comté sur un morceau de pain. n E.Ch.
la terre ferme, améliorer le diag- nostic et le traitement de l’os- téoporose. Léandre Pourcelot devient direc- teur de l’unité de recherche Inserm316 “Le système nerveux du fœtus à l’enfant” de 1988 à 2003. Il aide également au déve- loppement des recherches sur l’autisme et le retard mental. “Je me suis battu comme un lion pour que l’autisme soit reconnu comme une maladie !” Altruiste, Léandre co-fonde la Fondation Thérèse et René Planiol pour l’étude du cerveau, “qui a pour objectif scientifique et médical d’aider à la formation de jeunes chercheurs et à la poursuite de recherches dans le domaine de l’exploration cérébrale, explique- t-il. Grâce à ce travail, nous avons déjà financé une trentaine de bourses pour des jeunes méde- cins.” Il a également œuvré en faveur de la loi Veil. Connaissant la situation sanitaire terrible des femmes qui avaient des com- plications suite à des avorte- ments clandestins, le Professeur
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