Journal C'est à dire 276 - Octobre 2021

V A L D E M O R T E A U

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Villers-le-Lac

Une Villérière prise dans la tenaille de l’administration Comptes bloqués, voiture gagée, passage d’huissiers… Parce que l’assurance maladie n’a pas suivi correctement son dossier, Nathalie Kleinpeter vit un enfer administratif depuis quelques mois. Récit.

nouvelle visite d’huissier au domicile des Kleinpeter apprend au couple que la voi- ture de Nathalie est gagée. En désespoir de cause, le cou- ple s’adresse à l’Amicale des frontaliers à Morteau. Ses juristes démêlent l’écheveau et concluent que c’est bien la C.P.A.M. qui n’a pas fait son travail. “En un coup de fil de l’Amicale, l’affaire était réglée… ” soupire Olivier Kleinpeter. De 11 000 euros, la facture de l’Urssaf passe à… 133 euros. “Apparemment, l’Urssaf met des sommes exorbitantes pour faire peur…Quelle méthode !” s’indigne le couple qui, de frais d’huissiers en coûts adminis- tratifs a tout de même lâché 1 700 euros dans la nature. Une somme qu’il n’a aucun moyen de récupérer. “Le pire dans cette affaire, c’est que per- sonne ne reconnaît officielle- ment son erreur” commente dépité le couple deVillériers. n J.-F.H. Nathalie Kleinpeter et son mari Olivier se confrontent à un mur administratif.

le compte de Nathalie Klein- peter est enfin débloqué. Mais les soucis ne s’arrêtent pas là… Fin septembre, on sonne à la porte des Kleinpeter : un huis- sier toujours mandaté par l’Urssaf “nous dit que nous devons 11 000 euros à l’Urssaf ! Alors qu’elle avait gagné à peine l’équivalent de 1 200 euros en Suisse. L’huissier a de nouveau bloqué nos comptes et nous a réclamé 280 euros de frais d’acte !” Immédiatement recontactée, l’Urssaf répond qu’elle attend

L a Suisse, un eldorado pour le travail ? Allez expliquer ça à Natha- lie Kleinpeter à qui les quelques mois passés à tra- vailler de l’autre côté de la frontière lui coûtent cher, en argent comme en tracas admi- nistratifs. Après deux expé- riences professionnelles de quelques semaines chacune dans une entreprise suisse fin 2020 (une fromagerie et une chocolaterie), les contrats d’in- térim se sont arrêtés pour Nathalie Kleinpeter. Conscien- cieuse, l’ex-frontalière s’est rapprochée des services de l’as- surance maladie afin d’être au clair par rapport à sa situation d’assurée. “Mon épouse a rem- pli tous les papiers dont la Sécu avait besoin mais comme avec le Covid, il n’y avait plus de permanences physiques à la C.P.A.M. de Morteau, on nous a dit de déposer les documents

dans leur boîte à lettres. N’ayant plus de nouvelles, on s’est dit que ces documents avaient bien été récupérés” raconte Olivier Kleinpeter, son époux. Au printemps suivant, Natha- lie trouve un autre emploi, suivi d’un C.D.I., dans une grande surface de Morteau. Les premiers tracas sont arri- vés en juillet. “ En consultant ses

toujours un docu- ment en provenance de la Sécu prouvant que mon épouse a bien fait sa demande de radia- tion de travailleuse frontalière…Le ser-

“L’Urssaf met des sommes exorbitantes pour faire peur. Quelle méthode !”

comptes, elle s’aper- çoit que son compte bancaire est bloqué. En appelant le ban- quier, ce dernier nous confirme que

pent administratif se mord la queue. Folle de rage, l’infortu- née ex-frontalière contacte l’Urssaf pour défendre sa bonne foi. “Seulement l’Urssaf n’accueille pas le public…” Une semaine plus tard, nou- veau rebondissement : une

le compte a bien été bloqué, à la demande d’un huissier de justice mandaté par l’Urssaf Bourgogne-Franche-Comté. Sans nous prévenir, sans qu’on reçoive le moindre courrier” poursuit le couple. Après plu- sieurs appels et rendez-vous,

Rugby

E ntre une séance de muscu- lation et une réunion avec les trois-quarts de son équipe, le Stade Rochelais, Jules Favre prend le temps de s’asseoir et de souffler quelques minutes. Son emploi du temps est chargé mais au téléphone, le garçon paraît posé. Sur le terrain de rugby, c’est une machine… Auteur de quatre essais depuis le début Jules Favre, récit d’une fabuleuse ascension De ses débuts à Morteau où il découvre le rugby et le judo jusqu’à son arrivée au Stade Rochelais en Top 14, Jules Favre a connu une ascension fulgurante, fruit de son travail. Confessions du gamin de Grand’Combe-Chateleu. “Les pla- quages dans 10 centimètres d’eau.” de saison enTop 14 (le plus haut niveau français du rugby), il a été titulaire à cinq reprises à seulement 22 ans. Une prouesse. De ses premiers plaquages au stade de Morteau à ses matches face à Cas- tres (remporté 29-10 le 6 octobre), Jules n’est évidemment plus le même. Physiquement en tout cas. Il pèse aujourd’hui 94 kg pour 1,88 m. Men- talement, c’est resté un garçon simple qui a quitté à l’âge de 15 ans le Val de Morteau pour intégrer le Pôle Espoir… de judo. “Jules a laissé une excellente image chez nous. On le suit toujours. Déjà jeune, il était doté d’une grande capacité physique” se souvient un de ses anciens entraîneurs au rugby-club laire ! J’étais ému et un peu choqué.” La pression, le rugbyman, la gère. Il dispute cette année-là 17 matches avec l’équipe première, dont dix en tant que titulaire, il obtient son Bac puis il suit un brevet professionnel d’édu- cation dans le sport. Son oncle Greg, son grand-père, sa

maman Joséphine, qui rési- dent toujours dans le Val de Morteau font parfois le dépla- cement à La Rochelle “dans un stade de 16 000 personnes qui te poussent” commente Jules qui se fait chambrer par ses potes durant l’entretien

de Morteau qui peut se féli- citer d’avoir un de ses “anciens” évoluer au plus haut niveau. Le gosse de Grand’Combe- Chateleu participait à 15 ans aux matches de rugby avec l’entente Morteau-Valdahon-

téléphonique. Le rookie s’est imposé sur son aile. Sa mission : marquer des essais, évidem- ment. “C’est vrai que je suis à un poste où je dois marquer. Comme me le disait un de mes entraîneurs : ne pas marquer lorsque tu es à l’aile, c’est comme danser un slow avec ta sœur” lâche-t-il sans toutefois se mettre la pression. Jules a déjà scoré à 40 reprises à haut niveau. Son contrat espoir bientôt terminé, le club maritime lui a proposé une pro- longation jusqu’en 2023, ce que le Haut-Doubiste d’origine a accepté. Son objectif : devenir l’un des leaders de son équipe. Quant à l’équipe de France, le Franc- Comtois a encore le temps d’y pen- ser… tout comme le ski. Amoureux de la neige, l’athlète n’a pas le droit de prendre de risques sur les spatules. Il les prend le long de sa ligne où il percute ses adversaires. C’est la rus- ticité Made in Haut-Doubs. La preuve que le R.C. Morteau sait former… n E.Ch.

Pontarlier jusqu’en 2016. “À Morteau, je me suis bien amusé, raconte Jules. Je me souviens que je faisais davantage de ventrigliss sur la neige ou sur le terrain inondé que du rugby” dit-il avec ironie. Il a suivi les traces de son papa, rugbyman. Le garçon qu’il était aurait pu devenir un champion de judo grâce à ses excel- lents appuis et sa tonicité. Finalement, il tente des tests physiques au sein de l’équipe régionale de rugby du C.R.E.F. de Bourgogne-Franche-Comté piloté par la Ligue. Son potentiel est très vite détecté. “J’ai pris du plaisir à jouer contre des équipes comme Oyon- nax et d’autres” explique-t-il. Le Stade Rochelais le repère et le recrute alors qu’il n’est qu’espoir. C’est Xavier Garbajosa, ancien joueur de l’équipe de France devenu entraîneur de La Rochelle qui le lance dans le grand bain le 25 août 2018 au stade Marcel-Deflandre : “Je m’en souviens très bien. On était à la causerie d’avant- match et le coach me dit : tu seras titu-

Jules Favre a commencé le rugby à Morteau. À 18 ans, il est repéré par le Stade Rochelais en Top 14. Il fait partie des meilleurs de sa génération (photo T. Moalic).

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